Eizenkot : la montée du terrorisme juif peut « enflammer » la région
Le chef d'état-major sortant a affirmé qu'il faut s'attaquer aux extrémistes, et déplore le soutien apporté à l'“anti-héros” Elor Azaria
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le chef de l’armée sortant, Gadi Eizenkot, a averti que la violence juive extrémiste pourrait déclencher une violence intense en Cisjordanie, notant une augmentation significative de ce qu’il a appelé les « crimes nationalistes ».
L’avertissement d’Eizenkot est arrivé quelques jours après la perquisition par les autorités d’une école religieuse dans une implantation en Cisjordanie dans le cadre d’une enquête sur un incident ayant provoquer la mort l’année dernière d’une mère palestinienne, dans un contexte d’augmentation de 300 % des incidents terroristes juifs en 2018.
« Ce que nous avons vu récemment, c’est une augmentation de la criminalité nationaliste. Il s’agit d’un petit groupe qui défie l’État, qui défie l’armée israélienne », a déclaré M. Eizenkot à la chaîne d’information Hadashot.
« C’est un phénomène très grave qui doit être traité », a-t-il dit.
« Cela pourrait enflammer la région », a-t-il ajouté, faisant référence à la Cisjordanie.
Au début du mois, le quotidien Haaretz a fait savoir qu’il y avait eu 482 affaires d’attaques extrémistes juives en Cisjordanie jusqu’à la mi-décembre 2018 contre 140 l’année précédente. Des attaques qui ont allées d’agressions contre des Palestiniens jusqu’à des actes de vandalisme, comme des tags, des pneus crevés et des abattages d’arbre.
Les responsables de la Défense ont juré de prendre en charge tous les dossiers liés au terrorisme avec la même sévérité indépendamment de leurs auteurs, mais ils ont été âprement critiqués par la gauche comme par la droite dans leur traitement des suspects juifs. Les activistes de gauche ont accusé les autorités de traîner les pieds dans de tels cas en comparaison avec les Palestiniens soupçonnés d’attaques diverses, tandis que les Israéliens d’extrême-droite ont affirmé que les terroristes juifs présumés avaient été brutalisés, voire torturés.
La police a arrêté, le mois dernier, cinq mineurs issus d’une yeshiva de l’implantation de Rehelim qui sont soupçonnés de « crimes liés au terrorisme, et notamment de meurtre ». Les cinq adolescents sont accusés d’avoir joué un rôle dans la mort d’une femme Palestinienne, Aisha Rabi, qui a été tuée quand la voiture à bord de laquelle elle circulait a été touchée par des pierres lancées par les jeunes juifs soupçonnés.
Jeudi, la police a libéré quatre des cinq suspects en les assignant à résidence, vingt-quatre heures après avoir mené une opération au sein de la yeshiva Pri Haaretz dans laquelle ils étudiaient et et après avoir convoqué pas moins de 80 élèves, selon l’organisation d’aide juridique Honenu qui représente certains des suspects. uspects.
La déclaration d’Eizenkot a été faite dans le cadre d’une série d’interviews publiées ce week-end alors que le chef d’état-major a pris sa retraite mardi, après quatre années passées à la barre de l’armée israélienne. C’est son adjoint, Aviv Kochavi, qui le remplace à ce poste.
Durant son mandat, Eizenkot a été vivement critiqué par l’extrême-droite pour avoir refusé d’intervenir afin de mettre un terme aux poursuites judiciaires à l’encontre d’Elor Azaria, un soldat qui avait abattu par balles un terroriste palestiniens blessé et désarmé à Hébron, au mois de mars 2016.
Eizenkot avait maintenu sa décision et rejeté les menaces de mort à peine voilées d’Israéliens à son encontre proférées au cours d’une manifestation en soutien d’Azaria, devant le siège du ministère de la Défense, disant que l’armée devait rester dans le cadre d’un « consensus national ».
« C’est un incident très grave qui n’aurait pas dû arriver : un soldat qui a violé la loi, n’a pas suivi les ordres et n’a pas respecté l’esprit de l’armée israélienne », avait-il commenté en évoquant les agissements d’Azaria.
Il avait déploré les soutiens apportés à Azaria, qui avait finalement purgé une peine de neuf mois de prison pour avoir tué à Hébron Abdel Fattah al-Sharif, le 24 mars 2016.
« Malheureusement, auprès de certains, Azaria est perçu comme un héros, mais il est loin d’en être un. Il est la définition même de l’anti-héros, pas du héros », avait-il dit.
Eizenkot avait également rejeté l’affirmation faite par le ministre de l’Education Naftali Bennett, qui avait déclaré que les militaires, inquiets des répercussions judiciaires de leurs agissements à l’issue du dossier Azaria, ne faisaient plus leur devoir par crainte d’être traduits en justice.
« C’est délirant », avait-il commenté auprès de la Dixième chaîne. « C’est une invention. »