Elazar Stern bientôt à la tête de l’Agence juive ?
La candidature du député de Yesh Atid serait soutenue par le leader de son parti, Yair Lapid, et par le Premier ministre désigné, Naftali Bennett
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël
Les partis Yesh Atid et Yamina ont convenu de nommer le député de Yesh Atid, et ancien général de Tsahal, Elazar Stern, comme candidat du gouvernement au poste de président de l’Agence juive pour remplacer Isaac Herzog, lorsque ce dernier deviendra président d’Israël le mois prochain, a appris le Times of Israel.
Selon des sources politiques ayant une connaissance directe des négociations de la coalition, les deux partis ont convenu d’inclure une clause dans leur accord stipulant que le candidat à la tête de l’Agence juive sera choisi d’un commun accord par le Premier ministre désigné, le président de Yamina Naftali Bennett, et le chef de Yesh Atid, Yair Lapid, qui devrait devenir ministre des Affaires étrangères dans le nouveau gouvernement.
Stern ne sera pas nommé dans les accords de coalition, qui doivent être publiés avant que le nouveau gouvernement ne prête serment, mais les deux dirigeants ont convenu de soutenir sa candidature et de faire pression en son nom sur l’organisation de nomination de l’Agence juive, ont déclaré les sources – ajoutant que Stern avait été contacté directement par le parti Yamina et informé qu’il serait choisi.
Les partis Yesh Atid et Yamina ont tous deux refusé de commenter la candidature de Stern, déclarant qu’ils ne discuteraient pas des détails des accords de coalition qui seront publiés dans les prochains jours.
Contacté par le Times of Israel, Stern a déclaré qu’il ne savait pas ce que contenaient les accords de coalition mais qu’il « comprenait » qu’on « parlait de lui pour ce poste. »
Selon la tradition, le Premier ministre propose un candidat pour diriger l’organisation semi-gouvernementale, la plus grande organisation juive à but non lucratif du monde, et le candidat est approuvé par le comité de nomination de l’agence, puis par son conseil d’administration.
Le comité de nomination est dirigé par le président de l’Organisation sioniste mondiale (WZO), Yaakov Hagoel, et comprend quatre autres membres de la WZO, trois représentants des fédérations juives d’Amérique du Nord, dont le président du conseil des gouverneurs, Michael Siegal, et deux représentants du Keren Hayessod, l’Appel unifié pour Israël.
Bien que le comité de sélection ne soit pas obligé de voter pour le candidat préféré du Premier ministre, il n’a rejeté qu’une seule fois le choix du Premier ministre israélien, en 2018, lorsque Netanyahu avait présenté le ministre du Likud, Yuval Steinitz, comme candidat, à la dernière minute, avant un vote sur Herzog, qui était alors la seule personne dans la course.
Outre Stern, les candidats évoqués comme remplaçants possibles de Herzog sont Steinitz du Likud, l’actuel ministre de l’Energie, la ministre des Affaires de la Diaspora, Omer Yankelevich du parti Kakhol lavan, le député travailliste Gilad Kariv, le premier rabbin réformé de la Knesset, les anciens ambassadeurs aux Nations unies, Danny Danon et Ron Prosor, l’ancien consul général de New York, Dani Dayan et l’ancienne députée Michal Cotler-Wunsh.
Herzog est président de l’Agence juive depuis août 2018, succédant à Natan Sharansky, qui était à sa tête depuis 2009.
Herzog, l’ancien chef du parti politique de l’Union sioniste, a été élu la semaine dernière, 11e président d’Israël, un rôle qu’il assumera le 9 juillet.
Avant 1948, l’Agence juive était l’acteur central de la création de l’Etat d’Israël et dans les premières années du pays, elle a joué un rôle essentiel dans son développement.
Aujourd’hui, elle gère les principaux aspects de l’immigration des Juifs en Israël pour le compte de l’Etat et, est le principal bénéficiaire des dons de la Diaspora à l’Etat juif.
L’organisation dépense, avec les diverses organisations qui cofinancent ses programmes, dont la plus importante est le gouvernement israélien, plus de 362 millions de dollars chaque année en Israël et dans le monde juif.
Stern, un ancien général orthodoxe de Tsahal, est entré à la Knesset en 2013 avec le parti Hatnua, dirigé par Tzipi Livni.
À l’approche des élections de 2015, il a rejoint le parti Yesh Atid, se plaçant en 12e position sur sa liste, il a manqué de peu d’entrer à la Knesset lorsque le parti a remporté 11 sièges mais est devenu député en septembre de la même année lorsque Shai Piron avait démissionné.
Stern serait un partenaire confortable pour les dirigeants, généralement plus progressistes du monde institutionnel juif américain, y compris les courants religieux juifs libéraux représentés au conseil d’administration et au comité de nomination de l’Agence juive.
En tant que voix clé de l’orthodoxie libérale à la Knesset, Stern a vivement critiqué la décision du gouvernement de 2016 de suspendre un plan visant à garantir aux juifs non orthodoxes un accès permanent à une zone de prière mixte au mur, en raison de la pression exercée par les dirigeants ultra-orthodoxes.
Dans le cadre de l’accord de janvier 2016, que le cabinet avait approuvé après quatre ans de négociations, le gouvernement s’était engagé à rénover la plateforme de prière dite « Ezrat Yisrael. »
Mais l’accord avait également prévu la construction d’une entrée commune au mur Occidental pour trois zones de prière, la section des hommes et des femmes orthodoxes et l’esplanade « Ezrat Yisrael », où les hommes et les femmes peuvent prier ensemble, et pour que les représentants des courants non orthodoxes du judaïsme partagent la surveillance conjointe de la zone de prière pluraliste.
En juin de la même année, après que certains sites web ultra-orthodoxes ont commencé à critiquer l’accord, le cabinet avait voté sa suspension, faisant marche arrière par rapport à ce qui était perçu comme un degré de reconnaissance des courants non orthodoxes du judaïsme.
Le gel de l’accord par le gouvernement a conduit à une crise amère dans les liens entre Israël et la Diaspora, de nombreux représentants du judaïsme mondial déclarant se sentir « trahis » par l’Etat juif.
L’Agence juive a exprimé des critiques sans précédent à l’encontre du gouvernement sur cette question, ce qui avait alimenté la décision de l’organisation de rejeter le choix de Netanyahu pour le poste de président, à savoir Steinitz.