Eli Cohen : Pour un accord avec Ryad, Israël est prêt à un geste envers l’AP
Le ministre des Affaires étrangères dit à Elaph que la normalisation profitera à Biden et aux Saoudiens, avertit le Hezbollah que les Israéliens s'uniront contre toute menace
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Le ministre des Affaires étrangères, Eli Cohen, a déclaré à un site d’information arabe populaire qu’Israël saurait faire des gestes envers les Palestiniens en vue d’un accord avec l’Arabie saoudite.
« La question palestinienne ne sera pas un obstacle à la paix », a affirmé Cohen dans une interview accordée au site web Elaph, basé à Londres et qui est considéré comme un intermédiaire des messages publics entre Jérusalem et Ryad. « Nous l’avons déjà prouvé avec les accords d’Abraham. Il est dans notre intérêt à tous d’améliorer la vie dans les territoires de l’Autorité palestinienne ».
Un accord de normalisation serait « une opportunité historique pour un processus de paix qui changera la face du Moyen-Orient et du monde entier », a déclaré le haut diplomate.
Selon Cohen, un accord donnerait au président américain Joe Biden « une victoire avant les élections. Cela permettrait de renforcer l’économie nationale américaine, et par là même, l’économie mondiale ».
Il a ajouté qu’un accord renforcerait également la sécurité et l’économie de l’Arabie saoudite.
Elaph a été fondé par le journaliste britannico-saoudien Othman Al-Omeir, un confident du roi saoudien Salman.
Washington souhaite promouvoir un accord de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite en raison des avantages que celui-ci représenterait pour la sécurité nationale des États-Unis. Ces dernières années, l’Arabie saoudite et d’autres États pro-occidentaux du Golfe ont contrebalancé la réorientation des intérêts américains vers la région Asie-Pacifique et la Russie en renforçant leurs liens avec l’Iran et la Chine.
Un tel accord permettrait à Ryad d’offrir une aide d’une ampleur sans précédent aux institutions palestiniennes de Cisjordanie, de réduire considérablement ses relations en pleine expansion avec la Chine et de contribuer à mettre un terme à la guerre civile au Yémen.
Les demandes saoudiennes comprennent un accord de défense mutuelle avec les États-Unis, des technologies de défense avancées et un programme nucléaire civil.
L’état d’avancement des négociations et l’implication d’Israël dans celles-ci ne sont pas vraiment connus.
Cohen a refusé de dire dans l’interview si des réunions secrètes avaient eu lieu entre les deux parties.
Il a toutefois affirmé sa conviction que les gouvernements israéliens de droite sont les mieux placés pour faire la paix avec les États arabes. « Quatre des cinq accords de paix signés par Israël l’ont été par le Likud », a déclaré M. Cohen. « Et les gouvernements [du Premier ministre Benjamin] Netanyahu ont conclu trois accords de paix, contrairement au gouvernement précédent. Je rappelle ici que Yair Lapid n’était pas présent à la Knesset pour soutenir l’accord de paix avec les Emirats à l’époque ».
La souris dans la cave
Abordant la menace du Hezbollah, dont la position à la frontière nord est de plus en plus agressive, Cohen s’est joint aux hauts responsables israéliens pour avertir la milice chiite de ne pas mettre à l’épreuve la patience d’Israël.
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, « nous cherche parce qu’il est faible et qu’il se cache dans une cave comme une souris », a déclaré M. Cohen.
« Israël a la capacité de renvoyer le Liban à l’âge de pierre », a-t-il averti.
Cohen a conseillé au Hezbollah et à ses protecteurs iraniens de ne pas confondre les dissensions internes liées au projet du gouvernement Netanyahu de refondre le système judiciaire avec une faiblesse du pays.
« Ils pensent que ce qui se passe témoigne d’une quelconque faiblesse d’Israël, et ils se trompent », a-t-il déclaré. « Ces manifestations expriment la force et la cohésion de l’État israélien. Ils devraient savoir que le peuple juif s’est toujours distingué par ses débats internes, mais que dans l’épreuve, il est et reste uni ».
De hauts responsables des services de renseignement auraient averti Netanyahu dans une série de lettres que les ennemis d’Israël, en particulier l’Iran et le Hezbollah, voient dans la situation actuelle une occasion historique de modifier à leur avantage l’équilibre des forces dans la région, alors que des divisions profondes sans précédent existent dans la société israélienne en raison des projets de refonte, qu’ils interprètent comme un signe de faiblesse.
De l’autre côté de la frontière nord, Nasrallah a exulté après l’adoption du premier projet de loi visant à refondre le système judiciaire, et a déclaré que « la fiabilité, la conscience et la confiance en soi d’Israël s’étaient détériorées et en étaient arrivées à la situation de crise actuelle ». Il a déclaré que les manifestations qui ont suivi le vote ont marqué le « pire » jour d’Israël depuis la création de l’État.
Une source libanaise a déclaré à Reuters que les responsables du Hezbollah au plus haut niveau avaient discuté des bouleversements en Israël et prévoyaient d’exploiter la situation à l’avenir.