Éloge funèbre de Rose Lubin, poignardée à mort, qui « s’est battue comme une lionne ».
La jeune femme originaire d'Atlanta, "aux cheveux multicolores" a déménagé en Israël en 2021, a rejoint la Police des frontières en tant que soldat solitaire un an plus tard
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Des milliers de personnes se sont rassemblées au cimetière national du mont Herzl jeudi matin pour accompagner la sergente Elisheva Rose Ida Lubin, 20 ans, vers sa dernière demeure. La jeune femme a été tuée lundi dans une attaque à l’arme blanche à l’extérieur de la Vieille Ville de Jérusalem cette semaine pendant son service en tant qu’agent de la police des frontières.
Un agent de la police des frontières a fait l’éloge funèbre de Lubin, a raconté en pleurant qu’il s’était précipité vers elle aussi vite qu’il le pouvait au moment de l’attentat « pour que son sort soit différent ».
Il a salué la bravoure de Lubin, affirmant qu’elle s’était « battue comme une lionne » et qu’elle avait empêché « aves sa personne, attaque terroriste plus grave ».
Peu après les funérailles, la police a annoncé qu’un policier avait été démis de ses fonctions après qu’une enquête a révélé une « grave défaillance disciplinaire et opérationnelle » dans les circonstances entourant la mort de Lubin.
Selon le communiqué de la police, l’agent dont le nom n’a pas été révélé aurait abandonné son poste et « agi en opposition totale avec les ordres et les instructions » au moment de l’attaque au couteau de lundi.
Les médias ont indiqué que le policier était allé acheter de la nourriture pendant son service peu avant l’agression, laissant vraisemblablement Lubin seule.
Le terroriste, un résident de 16 ans du quartier de Jérusalem-Est, a été abattu sur place.
Lubin, 20 ans, qui a immigré en Israël depuis Atlanta, en Géorgie, en août 2021, a été enrôlée dans la police en tant que « soldat solitaire » en mars 2022.
Surnommée « Rosie » par sa famille et ses amis, ses parents, son frère Alec et le rabbin de sa ville natale, Binyomin Friedman, ainsi que ses familles adoptives de Jérusalem et du kibboutz Saad, ses collègues de la Police des frontières et d’autres membres des forces de l’ordre, ont prononcé l’éloge funèbre de Lubin.
Friedman a déclaré qu’au cours de sa courte vie, Lubin s’était donnée à son peuple et à Dieu. Le rabbin de la Congrégation Ariel à Dunwoody, Atlanta, est venu avec la famille Lubin à Jérusalem pour les funérailles.
« Rose savait qu’elle allait venir ici », en Israël, et elle l’a su dès son plus jeune âge, a-t-il déclaré.
Ses frères et sœurs l’ont décrite comme une grande sœur exceptionnelle, dotée d’un esprit vif et d’une sagesse inégalée, une végétalienne, une lutteuse, une pom-pom girl et une sioniste dans l’âme.
« Rose est la personne la plus ouverte d’esprit que je connaisse », a déclaré son frère Alec, décrivant une jeune femme qui se teignait les cheveux de toutes les couleurs comme une « extension d’elle-même ».
Alec a souvent servi de partenaire à Rose pour ses entraînements en lutte, et c’était une « fille dure, petite, robuste et musclée » qui est passée de la lutte aux pom-pom girls au lycée, avant de trouver sa place au sein de la Police des frontières d’Israël.
Il a parlé de la pêche au poisson-chat dans la rivière Kentucky, des lucioles et de l’amour de sa sœur pour les chevaux.
Lubin, l’aînée de sa famille, laisse derrière elle ses deux frères, Alec et Joseph, une sœur, Lily, et un demi-frère de 4 ans, Isaac, ainsi que des grands-parents et des beaux-grands-parents à Atlanta.
« Elle aurait voulu que nous la pleurions, mais aussi que nous continuions à avancer, pas à pas », a-t-il déclaré.
Robin Lubin, la mère de Rose, a remercié Dieu de l’avoir choisie pour être la mère de Rose, en utilisant le terme hébreu ima. Elle a lu un extrait du discours de la bat-mitzvah de Rose et a souligné le désir de la jeune femme de « mener une vie exceptionnelle ».
« ‘Il arrivera un jour où je ne serai plus de ce monde' », a-t-elle lu. « ‘Alors que vais-je faire ? Je vais faire quelque chose de formidable pour le monde, je ne vais pas attendre que le monde fasse quelque chose de formidable pour moi’. »
Lubin se trouvait à Saad, près de la frontière de Gaza, avec sa famille adoptive le Shabbat du 7 octobre, lorsque les terroristes du Hamas ont lancé leur assaut meurtrier. Alors qu’ils tentaient de pénétrer dans le kibboutz, Lubin a pris son arme et s’est jointe à la bataille, a déclaré un membre de Saad à ses funérailles.
« Je lui ai demandé de mettre son uniforme pour qu’elle puisse être identifiée comme faisant partie de l’équipe », a-t-il déclaré, ajoutant qu’elle s’était battue toute la journée jusqu’à ce qu’elle soit rappelée à Jérusalem et à ses fonctions au sein de la police des frontières.
Tamar James, la « mère adoptive » de Lubin, du kibboutz Saad, a expliqué qu’elle portait une chemise rose vif en l’honneur de Lubin. « Tu étais si pleine de couleurs et de vie, un véritable aimant pour les gens », a déclaré Tamar James.
« Tu as rejoint notre famille et nos enfants te considéraient comme une grande sœur », a-t-elle ajouté, racontant comment elle préparait des repas végétariens pour Rose, que cette dernière ramenait à Jérusalem.
Le père de Rose, David Lubin, a parlé des premiers voyages de sa fille en Israël, de sa famille juive engagée à Atlanta et de sa décision, à un jeune âge, de partir en Israël et de s’engager dans l’armée.
« Elle disait aux enfants dans la cour de récréation qu’ils pouvaient être amis maintenant mais qu’elle rejoindrait Tsahal quand elle aurait 18 ans », a déclaré David Lubin.
Sa fille était quelqu’un qui « s’appropriait les tendances de la mode », ne portait jamais de chaussettes assorties, et dont les cheveux « ont eu toutes les longueurs et toutes les coupes, voire ont été rasés », a-t-il ajouté.
Si les parents de Lubin étaient inquiets lorsqu’elle a finalement rejoint Tsahal, ils ont été soulagés de savoir que ses cheveux n’auraient plus désormais qu’une seule teinte et que ses « chaussettes seraient enfin assorties », a-t-il raconté.
Il a ajouté que la vie serait difficile sans elle, en particulier les vendredis soir en famille.
À la fin des funérailles, de nombreuses couronnes de fleurs ont été déposées sur sa tombe, tandis que trois salves de coups de feu étaient tirées en l’air.