Israël en guerre - Jour 536

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Emigrer en Israël pour fuir l’antisémitisme malgré la guerre contre le Hamas

2 170 Français ont fait en 2024 leur alyah sur 32 297 olim ; Pour les Etats-Unis et le Canada, l'agence Nefesh B'Nefesh recense une hausse de 60 % des demandes depuis le pogrom

Le ministre de l'Alyah et de l'Intégration, Ofir Sofer, et le président de l'Agence juive, Doron Almog, posent avec des olim de France à la fin du mois d'octobre 2023, juste après le début de la guerre. (Guy Yechiely/L'Agence juive)
Le ministre de l'Alyah et de l'Intégration, Ofir Sofer, et le président de l'Agence juive, Doron Almog, posent avec des olim de France à la fin du mois d'octobre 2023, juste après le début de la guerre. (Guy Yechiely/L'Agence juive)

Poussée par un climat d’antisémitisme devenu selon elle « invivable » en France, Sonia a réalisé son projet d’émigrer en Israël, en pleine guerre à Gaza déclenchée par le pogrom mené par le Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

« Le quotidien, c’était ‘cache ta kippa’, ‘ne demande pas trop fort si c’est casher’ : il fallait tout le temps brider les enfants parce que j’avais peur qu’on se fasse agresser. Peut-être qu’on devenait un peu parano », raconte Sonia (prénom d’emprunt).

« C’était devenu invivable », dit cette mère de famille de 27 ans depuis son appartement à Netanya, ville au nord de Tel-Aviv, où elle a emménagé avec son mari et ses enfants.

En France, elle vivait en région parisienne et faisait le guet devant l’école une heure avant la sortie des classes.

Signe de cette détresse toujours présente, elle a demandé à l’AFP de modifier son prénom.

Aujourd’hui, malgré une trêve fragile dans la bande Gaza après 15 mois de guerre entre Israël et le groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas à Gaza, Sonia dit se sentir « cent fois plus protégée ».

Des olim tout juste arrivés de France à bord d’un « vol spécial Alyah » à l’aéroport Ben Gurion, dans le centre d’Israël, le 1er août 2024. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Un sentiment partagé par son beau-père, Gabriel, qui a suivi le mouvement et, par discrétion, préfère ne pas donner son vrai prénom.

Il témoigne combien « c’est dur de laisser un pays » et de tout recommencer en Israël, sa « terre d’exil » dont il ne parle pas la langue.

« Du jamais vu »

Ils font partie des 2 170 Français (+96,9 % en un an) à avoir fait en 2024 leur « aliyah », la « montée » en Israël dans la tradition juive. Toute personne de confession juive, ainsi que les enfants et petits-enfants de juifs, peuvent bénéficier de la « loi du retour » et obtenir la nationalité israélienne.

Après l’attaque sans précédent du Hamas et le début de la guerre, « il y a eu un changement dramatique » en France, où vit la première communauté juive d’Europe (environ 400 000 membres estimés), « du jamais vu en 25 ans de métier », assure Ariel Kandel, directeur de l’association d’aide à l’intégration des juifs de France et des pays francophones Qualita.

Ariel Kandel, dirigeant de Qualita. (Crédit : autorisation)

Les manifestations pro-palestiniennes et anti-Israël organisées en Europe et notamment en France, avaient été accusées par leurs détracteurs de complaisance vis-à-vis du Hamas, d’antisionisme virulent, voire d’antisémitisme.

La guerre à Gaza a aussi provoqué de vifs remous sur des campus universitaires aux Etats-Unis et ailleurs.

Au total, Israël a accueilli 32 297 nouveaux immigrants en 2024, contre 47 200 l’année précédente, selon le ministère de l’Aliyah et de l’Intégration. La baisse est drastique (-39,9 %) pour ceux venus de Russie, premier réservoir.

Pour les Etats-Unis et le Canada, l’agence Nefesh B’Nefesh recense une hausse de 60 % des demandes d’aliyah du 7 octobre 2023 au 6 octobre 2024.

A ce jour, « il y a eu plus de 4 400 nouveaux » immigrants, la majorité a entre 18 et 33 ans, et 43 % d’entre eux sont célibataires, explique Yael Katsman, de l’agence. Ils sont ingénieurs, professionnels de santé, de l’éducation, du droit, et environ 65 % des familles sont orthodoxes.

« Je n’avais jamais envisagé déménager en Israël » mais « j’ai été effondré (par le fait) qu’une attaque aussi brutale ait lieu », résume depuis le New Jersey Aryeh Wiesel, joint par téléphone.

« Je n’aurais non plus jamais imaginé que les gens soient pour le Hamas, et cela m’a simplement donné envie de vivre dans une société où je n’ai pas vraiment à m’inquiéter de l’antisémitisme », ajoute-t-il.

Illustration : Des olim originaires d’Amérique du Nord arrivent à bord d’un vol spécialement affrété par l’organisation Nefesh B’Nefesh pour l’alyah, à l’aéroport international Ben Gurion, le 14 août 2019. (Crédit : Flash90)

« Contrat »

D’ici l’été, ce diplômé en agriculture de 26 ans devrait partir pour Tel-Aviv, sans ses animaux de compagnie ni travail mais avec ses orchidées et « quelques connexions ».

C’est une « situation douce-amère » mais une manière de « renforcer (ses) racines », raconte le jeune homme dont les grands-parents sont partis de Hongrie et Roumanie après la Shoah pour Israël, avant d’émigrer aux Etats-Unis.

Marisa Douenias n’envisageait pas non plus « de vivre dans un autre pays ».

Cette Américaine de 34 ans élevée dans le judaïsme réformé a d’abord lutté en ligne contre l’antisémitisme. Puis, en juillet 2024, l’ex-consultante pour l’agence fédérale de santé publique a débarqué avec ses valises et le sentiment de participer « à la construction de l’Etat d’Israël ».

« J’étais déjà venue, donc j’avais une petite idée de ce qu’était la guerre. Mais je n’étais pas préparée » à ces nuits où « vous êtes réveillés par les sirènes » d’alerte anti-aérienne, dit-elle.

A ses yeux, « la seule chance » de sortir du conflit avec les Palestiniens est de « parvenir à une certaine coexistence ». « Quiconque parle d’un avenir sans juif ni musulman sur cette terre n’est pas sérieux, aucun des deux groupes n’ira nulle part », souligne-t-elle.

Mais la perspective de la guerre reste dans les esprits.

« J’ai trois garçons. Je sais qu’ils vont faire l’armée. C’est vrai qu’en tant que maman, ça me traumatise un peu », dit Sonia.

Mais, ajoute-t-elle, « j’ai fait ce choix de venir ici, donc je signe le contrat avec tout, les avantages et les inconvénients ».

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