En Israël, le ratio entre la dette publique et le PIB a bondi de 70 % en 2024
Fitch et S&P soulignent l'importance du maintien du cessez-le-feu à Gaza pour réduire les risques d'une nouvelle baisse de la cote de crédit d'Israël
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
Les dépenses du gouvernement israélien pour financer la guerre menée contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza ainsi que les combats contre le Hezbollah, groupe terroriste chiite libanais soutenu par l’Iran, ont atteint environ 100 milliards de shekels en 2024, a indiqué mardi le ministère des Finances.
La dette publique totale est passée de 1,13 trillion de shekels en 2023 à 1,33 trillion de shekels en 2024.
En conséquence, le ratio de la dette publique au produit intérieur brut (PIB), un indicateur clé de la santé économique, a augmenté pour atteindre 69 % à la fin de 2024, en raison de l’explosion des besoins d’emprunt et des coûts liés à l’effort de guerre, selon les données initiales du ministère. Le niveau de la dette par rapport au PIB, qui était de 61,3 % en 2023, a enregistré une hausse importante au cours de ces deux dernières années.
« Le ratio dette/PIB en 2024 reflète la réponse du gouvernement aux besoins considérables liés à la guerre, tant sur le front sécuritaire que civil », a déclaré Yali Rothenberg, comptable général du ministère des Finances. « Malgré une augmentation prévisible du budget de la Défense dans les années à venir, il est impératif de revenir le plus rapidement possible à une trajectoire descendante du ratio dette/PIB. »
Le ratio dette/PIB d’Israël en 2024 reste inférieur à celui de la zone euro (88,1 %) et des États-Unis (121 %), mais dépasse celui de l’Allemagne (62,7 %), selon des données du FMI citées par le ministère.
Par ailleurs, la Banque d’Israël a estimé que l’effort de guerre coûterait environ 250 milliards de shekels entre 2023 et 2025, incluant les dépenses de défense, les besoins civils et les pertes de revenus fiscaux.

L’agence de notation Fitch a pour sa part déclaré qu’un cessez-le-feu « durable » avec le Hamas à Gaza réduirait les risques de dégradation de la cote de crédit d’Israël.
« Une interruption durable de la guerre à Gaza réduirait les risques associés à la perspective négative de la note souveraine ‘A’ d’Israël », selon Fitch. « Toutefois, un degré élevé d’incertitude persiste quant à la durabilité de toute réduction de la violence, et les risques politiques en Israël pourraient compliquer les efforts d’assainissement budgétaire. »
L’agence de notation souligne également que « la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu comportera des risques significatifs, notamment le respect des engagements, dans le cadre de l’accord, par le Hamas et les autorités israéliennes ».
En août, Fitch avait abaissé la note de crédit d’Israël de A+ à A, assortie d’une perspective négative, ce qui implique qu’un nouvel abaissement reste envisageable.
« Bien que le conflit se soit considérablement intensifié après l’abaissement de la note, cela n’a pas conduit à des dépenses militaires supplémentaires majeures pour Israël, ni à des destructions d’infrastructures ou à des dommages durables sur l’économie et l’investissement. Cependant, le coût humain reste très élevé », a précisé Fitch.
Citant les besoins croissants en dépenses militaires dans les années à venir, Fitch prévoit que « la situation budgétaire d’Israël restera plus fragile qu’avant la guerre à Gaza, même si les résultats à court terme pourraient s’améliorer si le cessez-le-feu actuel est maintenu ».

De son côté, S&P rejoint les agences Moody’s et Fitch en estimant aussi qu’un cessez-le-feu durable et la fin des hostilités à Gaza contribueraient à soulager l’économie israélienne et ses finances publiques. Cependant, l’agence avertit que l’accord reste « fragile », car il dépend de l’issue de négociations supplémentaires.
« Le risque d’un conflit prolongé dans la région demeure, notamment en ce qui concerne les perturbations du transport maritime dans la mer Rouge par les Houthis ou les affrontements sporadiques entre Israël et le Hezbollah au Liban », a indiqué S&P. « Les précédentes négociations régionales et accords de cessez-le-feu, notamment entre Israël et le Hezbollah, ont déjà été violés par les deux parties, conduisant à des reprises sporadiques et intenses des hostilités. »
En octobre, S&P a abaissé la note de crédit d’Israël pour la deuxième fois en 2024, rétrogradant le pays de « A+ » à « A » tout en maintenant une perspective négative. Cela reflète la possibilité de nouvelles dégradations si les conditions ne s’améliorent pas.
« La nature progressive de l’accord de cessez-le-feu, combinée à un contexte politique complexe et instable, mettra à l’épreuve la capacité et la volonté d’Israël et du Hamas de respecter leurs engagements », a déclaré S&P. « Nous constatons également des divisions internes au sein du gouvernement israélien et parmi les dirigeants du Hamas, qui compliquent encore les négociations. »
« Dans les semaines à venir, nous évaluerons si la mise en œuvre de l’accord peut réellement aboutir à un cessez-le-feu durable et réduire le risque de conflits prolongés ou intensifiés, qui sont actuellement reflétés dans les perspectives négatives de nos notes souveraines sur Israël », a ajouté S&P.