Festival du film israélien annulé : le Crif Alsace dénonce un « terrorisme intellectuel »
Le festival Shalom Europa, qui se tient depuis 16 ans à Strasbourg, a été annulé cette année à cause de pressions faites par les milieux pro-palestiniens
Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Alsace a dénoncé dimanche un « terrorisme intellectuel », après l’annulation du festival du film israélien Shalom Europa sur fond de pressions de collectifs pro-palestiniens.
Dans un communiqué intitulé « Non au terrorisme intellectuel et à l’instauration d’un climat de peur et de haine à Strasbourg ! », le Crif Alsace déplore que « les pressions, les intimidations et les menaces sur le cinéma Star et son personnel (aient) eu raison du festival du film israélien annulé par l’exploitant après 15 ans de programmation ».
« Nous n’acceptons pas les méthodes totalitaires de groupuscules qui s’emploient à nier à Israël le droit d’exister, à ses citoyens et à ses artistes le droit de s’exprimer », écrit le Crif Alsace.
Stéphane Libs, gérant des cinémas Star, avait annoncé vendredi que le festival, qui devait se tenir du 8 au 10 septembre à Strasbourg, avait été annulé, dénonçant une « pression » exercée par des collectifs pro-palestiniens.
« La décision d’annuler a été prise pour ne pas ajouter de la violence au contexte sous tension et préserver les salariés et les publics », avait-il assuré. « La forme employée pour demander l’annulation du festival, à travers les réseaux sociaux et leur effet de buzz, est un danger à la tolérance, à l’échange et à la construction car les propos circulent sans contexte […] La ligne éditoriale des cinémas Star a, jusqu’ici, permis tout autant d’accueillir le festival du film palestinien et le festival du film israélien. Cette annulation de Shalom Europa est une victoire pour certain. es et un échec pour tous.tes. »
Plusieurs collectifs pro-palestiniens avaient appelé à l’annulation de ce festival, qui devait initialement avoir lieu en juin et avait déjà été reporté sur fond de tensions liées au conflit dans la bande de Gaza.
« Honte à ces associations françaises qui font un travail de censure digne des régimes autoritaires et qui instrumentalisent la tragédie qui se déroule au Moyen-Orient pour laisser libre cours à leur haine », dénonce le Crif Alsace.
L’association appelle « les collectivités locales à se substituer au partenaire du festival, ainsi que les services de l’Etat à tout faire pour que ce festival puisse avoir lieu et mettre en échec cette censure ».
La maire écologiste de Strasbourg Jeanne Barseghian a jugé samedi « inacceptables » les « menaces et pressions qui pèsent sur le festival et son cinéma partenaire ».
Elle a assuré être « en lien avec les organisateurs de Shalom Europa pour reprogrammer dès que possible ce festival qui, comme de nombreux événements culturels, permet habitant·es aux d’avoir accès au cinéma dans sa diversité ».
De son côté, le président de la région Grand Est, Franck Leroy, a indiqué sur X « qu’à l’heure où certains font taire la voix des femmes en Afghanistan, à l’heure où des cinéastes et artistes sont enfermés, torturés et assassinés en Iran, il est pour moi inconcevable qu’en 2024, en France pays de la liberté d’expression, à Strasbourg, Capitale des droits de l’Homme, nous cédions aux extrémistes ».
J’apprends avec consternation et colère que le festival du film #ShalomEuropa, qui existe à Strasbourg depuis 16 ans, a été annulé sous la pression et les insultes de quelques associations qui se disent « pro-palestiniennes ».
Je veux d’abord exprimer mon plein et entier soutien… pic.twitter.com/PRjmZZYczo
— Franck LEROY (@Franck_LEROY_) September 6, 2024