Florence Drory et Meyer Habib se disputent le vote des Français d’Israël
Malgré ses tentatives de recentrer le débat d'entre deux-tours sur la France et l'ensemble de la 8e circonscription, Florence Drory a été attirée par Meyer Habib sur la question de la défense d'Israël, en France et sur la scène internationale
Journaliste Société-Reportage
Jeudi 15 juin sur i24News, Florence Drory, candidate de la République en Marche (REM) et le député sortant Meyer Habib (LR-UDI), se sont fait face à 48 heures du 2e tour de l’élection législative de la 8e circonscription des Français de l’étranger. Une circonscription comprenant 8 pays, dont Israël, l’Italie, Chypre et la Turquie.
Dans le prolongement des vifs débats ayant agité les réseaux sociaux en amont de cette rencontre, Meyer Habib a renvoyé régulièrement Florence Drory à son ancienne appartenance au PS, épouvantail pour une grande partie des Franco-Israéliens, qui ont massivement voté François Fillon au premier tour de la présidentielle. Face à lui, la candidate aujourd’hui REM, défendant le projet présidentiel, a renvoyé Meyer Habib à ses soutiens émanant du monde religieux, et a tenté de recentrer le débat « sur la France ».
« On est venu discuter de la France, et de notre circonscription » a argumenté Florence Drory quand Meyer Habib lui a demandé, par exemple, de préciser ses liens avec le parti Meretz, de la gauche israélienne, ou sa position sur les implantations.
De manière générale, si ce débat a bien abordé les questions importantes pour les Français de la 8e circonscription (scolarité, CSG, double-imposition, certificat de vie…), Florence Drory dut s’adapter à la stratégie d’un Meyer Habib transposant les discussions sur le thème : qui est le meilleur défenseur d’Israël ?
Meyer Habib franco israélien qui n'a pas fait l'armée en Israël se permet de me critiquer moi qui accompli tous mes devoirs de citoyen… https://t.co/9MYigQVMFW
— Charles Enderlin (@Charles1045) June 15, 2017
Car Meyer Habib a obtenu 73,2 % des suffrages en Israël, pays de la circonscription où il a concentré ses efforts de campagne. Mais il est arrivé second dans l’ensemble de la circonscription : il obtenu 35,5 % des voix contre 36,7 % pour la candidate REM.
Devancé de quelques centaines de voix par Florence Drory au premier tour, Meyer Habib dispose d’une importante réserve de votes en Israël, où la communauté francophone d’Israël, très peu mobilisée (93,7 % d’abstention en Israël) lui semble en partie acquise.
Sur le conflit israélo-palestinien
Florence Drory a rappelé les positions exprimées par le président Emmanuel Macron : « La France dans le cadre de l’Europe doit jouer un rôle de facilitateur, c’est à dire d’aider les deux protagonistes à se retrouver autour de la table des négociations et c’est pour cela qu’il ne souhaite pas reconnaître l’Etat de Palestine de façon unilatérale […]. Macron est favorable à la solution des deux Etats, c’est une position qui me convient et que je défends depuis toujours. »
Questionné sur « la solution à deux Etats », le candidat LR-UDI évoque son combat aux côtés du député du XVIe arrondissement Claude Goasguen, lors de l’adoption en 2014 par les députés d’une résolution non contraignante invitant à la reconnaissance unilatérale de la Palestine. Il souligne que les députés PS, à une exception prêt, avaient voté pour l’adoption de cette résolution.
Mais « il n’y a pas que des anti-israéliens au PS » rétorque Florence Drory, qui explique avoir quitté le parti suite à la victoire de Benoit Hamon à la primaire, du fait de ses liens suspects avec le mouvement BDS, et ses positions controversées sur la laïcité, notamment le port du voile.
Florence Drory fait également valoir qu’au sein même du PS, elle a toujours « pris des positions pro-israéliennes ».
Sur la question des territoires disputés, Meyer Habib a fait valoir qu’il usait du vocable « implantations » contrairement à « un Parti socialiste obsédé par la question des colonies » comme matrice des actes terroristes. « Mais c’est l’islam radical qui tue, c’est le cancer de ce siècle » a affirmé le député sortant.
Meyer Habib a également fait valoir à plusieurs reprises son rôle d’intermédiaire entre Israël et la France, afin que cette dernière parvienne « à lutter de manière efficace contre le terrorisme », et ses engagements dans les commissions parlementaires dédiées aux questions de sécurité.
Sur les constructions en Cisjordanie
Interrogée sur sa manière « d’appeler les implantations » par Meyer Habib, Drory a expliqué les nommer « territoire palestinien », voire « colonie », selon les désignations employées « par le Quai d’Orsay », avant de préciser qu’elle-même les a toujours appelées « implantations en Cisjordanie ».
« Un juif ne peut pas être colon en Judée, je l’ai expliqué à l’Assemblée nationale », lui a rétorqué Meyer Habib.
Une passe d’armes qui résume le contexte de ce débat où la force symbolique des mots a revêtu une importance particulière, tant certains d’entre eux recèlent un caractère répulsif pour une part de l’électorat franco-israélien acquise à Meyer Habib.
Dans le même contexte, il fut reproché à Meyer Habib par la candidate d’être soutenu par des rabbins israéliens, dans le cadre d’une élection dans un pays laïc. Lui-même brandissant le soutien à Florence Drory du journaliste Charles Enderlin, à l’origine de l’affaire Al-Dura, qui, des années après, enflamme encore les discussions des juifs francophones.