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Plongée dans les origines du négationnisme en France

Revenant non seulement sur l’histoire du négationnisme, la série analyse le rôle de la société face au phénomène, tout en définissant ce qui lui a donné naissance – l'antisémitisme

Robert Faurisson jouant le rôle de Serge Klarsfeld dans une vidéo de Dieudonné. (Crédit : capture d'écran YouTube/Fred Scalliet)
Robert Faurisson jouant le rôle de Serge Klarsfeld dans une vidéo de Dieudonné. (Crédit : capture d'écran YouTube/Fred Scalliet)

La cinquième saison de la série « Mécaniques du complotisme » sur France Culture s’intéresse au négationnisme en France, né au lendemain de la guerre.

Réalisée par le journaliste Roman Bornstein et l’historienne Valérie Igounet, également directrice adjointe de l’Observatoire du conspirationnisme, la série, diffusée à l’occasion du 75e anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz, revient en profondeur sur ce phénomène aux origines antisémites.

Elle explique ses fondements et aboutissants en quatre épisodes : « La rumeur concentrationnaire » ; « Robert Faurisson, faussaire de profession » ; « L’Affaire Faurisson » ; et « Les nouveaux relais ».

Porté par l’écrivain fasciste Maurice Bardèche dès 1948 et son livre Nuremberg ou la terre promise, le phénomène est resté confidentiel, confiné à l’extrême-droite, pendant une trentaine d’années. Outre Bardèche, Paul Rassinier, ancien déporté à Buchenwald, torturé par la Gestapo et membre de la SFIO (un profil peu commun parmi les négationnistes), et François Duprat, militant antisémite et second du futur Front national, ont vivement tenté de le faire connaître. Selon eux, les Juifs auraient inventé la Shoah pour une raison : parvenir à la création de l’État d’Israël.

Image d’archives de François Duprat. (Crédit : capture d’écran Youtube/Antoine Finidori)

Le négationnisme atteint finalement son paroxysme à la fin des années 1970. Se présentant comme neutre et apolitique, le professeur lyonnais Robert Faurisson, agrégé de lettres, parvient à rendre le sujet public. Fin 1978, il réussit même à publier une tribune dans le journal Le Monde, avançant toujours masqué : loin d’être apolitique, l’homme est en fait un nostalgique de Vichy, membre d’associations de défense de la mémoire de Pétain, et partisan de l’Algérie française.

« Un historien étudie tous les documents disponibles et en tire des conclusions, expliquent les journalistes de France Culture. Mais Robert Faurisson n’est pas un historien, c’est un idéologue. Il fait l’inverse : décidé à prouver son propos, il ne retient que les documents qui semblent confirmer ses thèses. »

Bien que ses travaux soient aussitôt réfutés, sa tribune publique dans l’un des principaux journaux français (Le Monde) lui offre un écho alors jamais obtenu.

Ainsi, pendant 40 ans, Faurisson devient le fer de lance du négationnisme et publie de nombreux textes censés démontrer ses thèses et qui se veulent scientifiques. La gauche pro-palestinienne s’en rapproche, il obtient un échos international et le linguiste américain Noam Chomsky lui apporte même son soutien au nom de la liberté d’expression.

Alors que la parole se libère parmi les survivants et que les travaux consacrés à la Shoah sont de plus en plus nombreux, le négationnisme devient illégal en France en 1990. Condamné, Robert Faurisson continue tout de même à publier des écrits négationnistes et un autre homme rejoint son combat : Roger Garaudy, au CV bien fourni – professeur de philosophie, ancien résistant, ancien député, ancien haut responsable communiste.

Roger Garaudy. (Crédit : capture d’écran YouTube/Ina Culture)

Sa conversion à l’islam pousse ce dernier dans un antisionisme et un antisémitisme virulents et il reprend à son tour l’idée que les Juifs ont inventé la Shoah pour des raisons nationalistes. Son ami l’abbé Pierre lui apporte son soutien face au tollé qu’il provoque. Il reçoit dans le même temps un écho toujours plus important dans le monde arabe, tandis que Robert Faurisson tombe peu à peu dans l’oubli.

Mais celui-ci n’a pas dit son dernier mot : à la fin des années 2000, il retrouve le devant de la scène grâce à ses amis Dieudonné, Alain Soral et Paul-Eric Blanrue. Marginalisés dans les médias, Internet leur laisse le champ libre. Le négationniste se verra remettre un « prix de l’infréquentabilité et de l’insolence » en 2008 par Dieudonné sur la scène du Zénith de Paris, évènement repris par tous les médias, signe d’une nouvelle percée dans la diffusion de ses thèses nauséabondes.

Revenant non seulement sur l’histoire du négationnisme, la série de France Culture analyse le rôle de la société française et des médias face au phénomène et déconstruit celui-ci, tout en s’interrogeant sur les raisons – l’antisémitisme – qui lui ont donné naissance.

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