France : Rénovation de l’ancien camp de concentration nazi du Struthof
Les travaux, d'un montant prévu de 4 millions d'euros, sont programmés sur trois ans
Le Struthof, qui était durant la Seconde Guerre mondiale le seul camp de concentration nazi situé sur le territoire français, entame une importante rénovation, a-t-on appris mercredi auprès de la structure d’accueil des visites, située à Natzwiller (Alsace, nord-est).
Les travaux, d’un montant prévu de 4 millions d’euros, sont programmés sur trois ans. Ils concerneront en particulier l’une des dernières baraques encore présentes ainsi que le bâtiment qui abrita une chambre à gaz, a exposé Guillaume d’Andlau, directeur du Centre européen du résistant déporté (Cerd), structure qui propose un parcours d’introduction à la visite à l’entrée du camp.
Le baraquement « cuisine », aujourd’hui lieu de stockage fermé au public, sera transformé en un « espace muséographique » devant « aider à ressentir la privation de nourriture » qui était infligée aux déportés, a complété M. d’Andlau.
Cette construction est la dernière restée dans son état d’origine, les trois autres baraques encore existantes ont été soit reconstituée pour l’une d’elles, soit réaménagées, alors que les 14 autres avaient été détruites lors d’une cérémonie officielle en 1954.
Le bâtiment de la chambre à gaz sera également restauré et réaménagé pour « expliquer le rôle de cet édifice et son contexte », selon le Cerd. Il servit de lieu d’expériences prétendument scientifiques sur les détenus.
Ces travaux s’inscrivent dans un « schéma directeur pour la gestion du site de l’ancien camp de Natzweiler-Struthof », élaboré par l’État et les architectes en chef des Monuments historiques au début des années 2010.
Le document a déjà débouché sur la restauration de deux autres baraquements (« bloc bunker » et « bloc crématoire »), du mémorial, de la nécropole et des miradors, pour un montant cumulé de 6,3 millions d’euros, a exposé le Cerd. Les travaux doivent se poursuivre jusqu’en 2035.
« Les restaurations à venir tiennent compte du moment-charnière où nous nous trouvons : la mémoire vivante des anciens déportés disparaît pour faire entrer le camp définitivement dans le temps de l’Histoire », a commenté Guillaume d’Andlau.
Unique camp de concentration situé en territoire français, dans l’Alsace alors annexée au IIIe Reich, le Struthof a interné environ 17 000 détenus et déportés de mai 1941 à septembre 1944, dont au moins 3 000 sont morts sur place. Il fut à la tête d’un réseau de 53 camps annexes voisins qui totalisèrent avec lui 50 000 emprisonnements et près de 20 000 morts.
Il est visité par 200 000 personnes chaque année.