France : Six ans de prison ferme après avoir appelé au meurtre raciste et antisémite
Cette peine est bien plus lourde que celle infligée en première instance à Dominique Dayma, qui prônait la guérilla et l'élimination des "nègres", des communistes et des Juifs
Un partisan de l’ultradroite en France, qui avait appelé au meurtre raciste sur Internet, a été condamné jeudi à six ans de prison ferme par la cour d’appel de Paris, pour des faits d’apologie du terrorisme et incitation en ligne à des actions violentes, remontant à 2020-2021.
Cette peine est bien plus lourde que celle infligée en première instance à Dominique Dayma, un ancien jardinier municipal à Montauban (sud-ouest), qui prônait sur Telegram la guérilla et l’élimination des « nègres », des communistes et des Juifs.
En février, la chambre spécialisée dans les affaires de terrorisme du tribunal correctionnel de Paris l’avait condamné à cinq ans de prison, dont deux avec sursis. Le parquet national antiterroriste avait fait appel.
Le fait que la cour d’appel n’ait cette fois assorti la peine d’aucun sursis est « une vraie déception », a commenté auprès de l’AFP l’avocate du prévenu âgé de 48 ans, Me Séverine Lheureux.
Pour elle, « de toute évidence, cela s’explique par le climat politique actuel et la résurgence des actes xénophobes et antisémites qui sont clairement dans la droite ligne des publications de mon client ».
L’homme, écroué depuis novembre 2021 à la prison de la Santé à Paris, avait rédigé un manifeste terroriste d’extrême droite qu’il avait diffusé en ligne.
Dans celui-ci, il faisait l’apologie du racisme, de l’antisémitisme, de la violence et incitait ses lecteurs à « commencer la guérilla » et à se procurer des armes pour perpétrer « des assassinats ciblés ». Il donnait aussi des conseils de dissimulation, ont expliqué les enquêteurs, précisant notamment que « les réseaux sociaux peuvent être utiles afin de présenter une vie lisse et sans histoire » – comme celle de Dominique Dayma avant son interpellation, lui qui avait fait l’objet d’un portrait du journal La Dépêche en 2016, en tant que jardinier municipal. Ses rares proches assurent n’avoir rien constaté dans sa radicalisation.

Dans ses nombreux posts sur Telegram, outre prôner le meurtre des « nègres », des « Arabes », des « communistes » et des « Juifs », Dominique Dayma glorifiait les terroristes d’extrême droite Brenton Tarrant et Anders Breivik, qualifiés de « saints ».
Une cinquantaine d’armes – revolvers, fusils à pompe et autres – avaient été retrouvées chez lui, certaines envoyées par la Poste par un homme, Didier B., adhérent RN vivotant du RSA et de son trafic, qui s’est lui aussi retrouvé sur le banc des prévenus, pour vente illégale d’armes.
Pendant son audition, parlant de « guerre civile » ou « ethnique » qu’il attend et de « grand remplacement », Dominique Dayma avait assumé son adhésion à la doctrine nationale-socialiste et au négationnisme. Il se serait mis à créer du contenu haineux suite aux recommandations diffusées sur Internet par le rappeur et YouTubeur d’extrême droite Kroc Blanc.
Si de nombreux contenus racistes et violents avaient été retrouvés lors de la fouille de son matériel informatique, l’instruction n’avait néanmoins pas identifié de préparatif d’attentat pas plus que de complices. Elle a tout au plus établi des achats auprès du site « Bibliothèque Dissidente » qui serait animé par Lucas S., lui-même mis en examen en décembre 2021 pour apologie du terrorisme.