France : un homme condamné pour apologie de la Shoah
Le Crif Grenoble-Dauphiné s’est constitué partie civile à son procès, afin d'envoyer le message que "Personne ne doit se croire à l’abri derrière son ordinateur !"
Le tribunal judiciaire de Bourgoin-Jallieu, en Isère, a condamné lundi un homme de 42 ans à six mois de sursis probatoire pour injures et provocations publiques à l’égard des Juifs et pour apologie de la Shoah, a annoncé le Dauphiné libéré.
L’homme avait dû répondre de ses actes devant la justice à la suite d’une plainte déposée par l’Observatoire juif de France, dont l’une des missions est de traquer l’antisémitisme en ligne pour le faire condamner.
L’individu publiait sur ses comptes Facebook et TikTok des propos antisémites particulièrement violents, qu’il justifiait par le contexte de guerre entre Israël et le Hamas à Gaza. En cause, donc, de nombreuses publications apparues après le 7 octobre dernier.
Le 6 novembre 2023, il écrit : « J’espère sincèrement que vous allez connaître la même chose que vous avez connu en 39-45 […] Peut-être que là vous allez être mis dans des camps, que vous allez être gazés, que personne ne bougera le petit doigt […] J’espère sincèrement que vous allez tous être gazés, j’espère sincèrement qu’on va vous cramer dans les fours et voilà ».
Un mois plus tard, le 30 décembre, il récidive et publie « Le gaz n’était visiblement pas assez fort. Mais comme je regrette que le monde ait bougé pour sauver ce peuple de tordu ».
Le 10 mai dernier, il désignait le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) comme « La plus grosse secte de consanguin de France. Des pédophiles et des sionistes réunis dans la même pièce […] ». Le Crif Grenoble-Dauphiné s’est d’ailleurs constitué partie civile à son procès, afin d’envoyer le message que « Personne ne doit se croire à l’abri derrière son ordinateur ! ».
De son côté, l’accusé a affirmé devant les juges qu’il « regrett[ait] amèrement [ses] propos ». Lors de sa défense, il avait expliqué « Mon grand-père était de confession juive, j’ai des membres de ma famille qui ont péri dans les camps de concentration », avant d’ajouter « Je ne suis ni raciste, ni antisémite. Mais j’ai réellement été touché par ce conflit, en regardant les massacres qu’un ami gazaoui m’envoyait en direct. Si ça avait été des Arabes, des Indiens, ça aurait été la même chose. J’ai été choqué autant par l’attaque du Hamas que par les réactions israéliennes que je considère comme disproportionnées. Je suis parti en vrille ».
Une « erreur » qui lui aura coûté six mois de sursis probatoire et 2 500 euros d’indemnités aux deux parties civiles, l’Observatoire juif de France et le Crif Grenoble-Dauphiné. En outre, il devra suivre un stage de citoyenneté.