Fusion entre HaBayit HaYehudi et l’Union nationale pour les élections
Après une semaine de négociations, l'Union nationale se targue d'être numéro 2 sur la liste de fusion des partis religieux et de pouvoir prétendre à un ministère
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Les deux importants partis religieux israéliens HaBayit HaYehudi et l’Union nationale ont trouvé un accord, jeudi dans la soirée, qui leur permettra de présenter une liste conjointe lors des prochaines élections en maintenant un partenariat qui, au cours des dernières semaines, avait semblé défaillant, chaque parti s’adaptant à ses nouveaux dirigeants.
Sous les termes de cet arrangement, griffonné sur un document manuscrit, c’est le chef de HaBayit HaYehudi Rafi Peretz qui prendra la tête de cette liste fusionné tandis que le député de l’Union nationale, Bezalel Smotrich, sera numéro deux et qu’il héritera du portefeuille ministériel que devrait recevoir la formation si elle devait entrer dans la coalition au pouvoir.
Dans le cas où le parti conjoint créerait la surprise lors du scrutin et qu’il se trouve en position de bénéficier d’un second portefeuille ministériel, le poste serait assuré en rotation entre les deux mouvements. Après la troisième place, les sièges seront alternativement occupés – à commencer par le député de HaBayit HaYehudi, Moti Yogev, puis par le directeur de l’Union nationale, Ofir Sofer, le journaliste et député de HaBayit HaYehudi Yifat Erlich, l’ancienne parlementaire de l’Union nationale Orit Strock et le vice-ministre de la Défense Eli Ben Dahan.
Cet accord permet à l’Union nationale de devenir un partenaire à un statut de quasi-égalité avec HaBayit HeYehudi, considéré dans le passé comme le plus éminent des deux mouvements. Dans l’accord qui avait été souscrit dans le passé, le leader de HaBayit HaYehudi avait pris la tête de la liste conjointe et il devait en plus obtenir les deux premiers portefeuilles ministériels.
Peretz, ancien grand-rabbin de l’armée choisi pour diriger le parti le mois dernier – son tout premier rôle politique – a fait des concessions significatives à l’Union nationale afin de conserver la toute première place sur la liste, a indiqué un responsable de HaBayit HaYehudi au Times of Israel jeudi soir.
Selon l’accord, « toutes les décisions seront prises avec le consentement des deux factions et la division des postes ministériels sera égalitaire ».
Les sondages ont indiqué ces dernières semaines que le parti d’union pourrait encore planer autour du seuil électoral avec environ quatre à six sièges, ce qui représente une baisse par rapport aux huit fauteuils qu’il avait remporté lors du scrutin de 2015, quand Naftali Bennett et Ayelet Shaked étaient encore à sa tête.
Dans une décision qui a créé la surprise au mois de décembre, les ministres Bennett et Shaked, qui annonçaient la formation de leur parti HaYamin HaHadash, avaient indiqué qu’ils s’étaient sentis enchaînés aux autorités nationales religieuses qui, selon le Premier ministre Benjamin Netanyahu et de son aveu même, étaient « dans sa poche ».
Tandis que la majorité des analystes ont prédit qu’une fusion serait probablement possible en raison des différences idéologiques relativement limitées entre les deux factions, l’éventualité d’une performance probablement médiocre lors du prochain scrutin implique que Peretz et Smotrich vont se battre pour un nombre de sièges encore plus réduits – mais avec approximativement autant de candidats enclins à occuper un fauteuil dans la prochaine Knesset.
Même après s’être uni, la formation pourrait encore perdre au parlement israélien. La majorité des projections montrent que le parti pourrait occuper quatre sièges ou même s’effondrer en-deçà du seuil électoral, fixé à 3,25 %.
Avec l’accord de fusion enfin signé, la liste conjointe devrait entrer dans de nouvelles négociations pour élargir la liste aux partis extrémistes Otzma Yehudit et Yachad. Les chances d’union à ce niveau semblaient toutefois minces dans la soirée de jeudi.
« La lecture de l’accord montre que les membres de HaBayit HaYehudi ou de l’Union nationale n’ont pas pris en compte ni laissé de place à Otzma Yehudit et d’autres », a dit Otzma Yehudit, mouvement dirigé par l’ancien député Michael Ben Ari et les militants ultra-nationalistes Itamar Ben Gvir, Baruch Marzel et Bentzi Gopstein.
« Otzma Yehudit se présentera aux prochaines élections aux côtés d’autres éléments et saura prouver qu’il est la surprise de ce scrutin », a ajouté le communiqué, laissant transparaître l’amertume de la faction d’extrême-droite d’avoir été exclue de l’union forgée par les partis nationaux-religieux.
Yachad, dirigé par l’ancien chef du Shas, Eli Yishai, n’a pas fait de commentaires. En 2015, la formation de Yishai s’était présenté en indépendante, échouant à entrer à la Knesset.
Peretz et Smotrich ont subi, la semaine dernière, une pression immense en faveur d’un accord de fusion alors que les membres du camp national religieux – ainsi que d’éminents responsables du bloc de droite – ont imploré les deux parties à mettre de côté leurs différences dans le but d’éviter de se présenter séparément, ce qui aurait assuré l’échec des deux factions.
Les responsables d’implantation, comme le président du conseil régional de Samarie, Yossi Dagan, avaient mis en garde contre « une répétition de 1992″, année où les querelles internes entre les partis de droite étaient venues à bout de la coalition du Premier ministre Yitzhak Shamir, permettant l’ascension de Yitzhak Rabin qui devait marquer le début du processus »catastrophique » des accords d’Oslo, avait-il averti.
La combinaison de la désertion de Bennett et Shaked et de l’élection d’un Smotrich – plus jeune et davantage soutenu – a placé l’Union nationale en position de réclamer davantage dans ses négociations avec HaBayit HaYehudi, entraînant des pourparlers prolongés.
L’accord initial présenté par Smotrich aurait permis au président de l’Union nationale de figurer à la première place de la liste, Peretz recevant le poste ministériel – si l’union devait rejoindre le gouvernement et bénéficier d’un portefeuille, a expliqué le responsable de HaBayit HaYehudi. De plus, l’Union nationale n’aurait reçu que 40 % des sièges à la Knesset.
Même si son parti a cédé du pouvoir dans les faits, Peretz s’est réjoui de l’accord.
« Aujourd’hui, le sionisme religieux l’a emporté », a-t-il expliqué dans un communiqué. « Je salue l’accord qui a été signé ce soir avec nos partenaires naturels au sein de l’Union nationale – un accord conclu en prenant en compte l’ampleur du calendrier et des défis que nous serons amenés à relever ».
Dans un communiqué séparé, Smotrich a reconnu que les négociations avaient été « longues et épuisantes ».
Le parti du Likud a félicité HaBayit HaYehudi et l’Union nationale pour l’accord mais a répété son appel en faveur d’une fusion du parti d’union avec de plus petites factions.
Dans le passé, Netanyahu a renforcé sa position en tentant de siphonner les votes des partis de droite en disant aux électeurs qu’ils devaient voter pour le Likud pour qu’il reste Premier ministre. Il hésiterait toutefois à continuer cette stratégie en amont des élections du mois d’avril, avant en tout cas d’avoir le certitude que ses partenaires de « coalition » sauront franchir le seuil électoral.
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