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Gabbay sur la sellette après la défaite historique des travaillistes

Selon un responsable, le limogeage du chef de la formation n'est "qu'une question de temps" ; pour la députée Yachimovich, les six sièges obtenus sont un "cauchemar"

Le chef du Parti travailliste Avi Gabbay s'exprime devant ses partisans et les médias à l'annonce des résultats des élections au siège du parti à Tel Aviv, le 9 avril 2019. (Crédit : FLASH90)
Le chef du Parti travailliste Avi Gabbay s'exprime devant ses partisans et les médias à l'annonce des résultats des élections au siège du parti à Tel Aviv, le 9 avril 2019. (Crédit : FLASH90)

Après que le parti travailliste de centre-gauche a connu le pire échec électoral de toute son histoire, les membres de la formation ont attribué la responsabilité de cette défaite à leur dirigeant Avi Gabbay, certains réclamant sa démission et d’autres suggérant une alliance avec le Meretz, plus à gauche.

Le parti, qui a dirigé Israël pendant les trois premières décennies d’existence du pays, n’a remporté que six sièges mardi, soit 4,46 % des votes – la pire performance en 71 ans d’existence.

« Gabbay devra partir, et il serait préférable qu’il le fasse de son propre gré », a déclaré un haut responsable travailliste au site d’information Ynet.

Un autre éminent membre du parti aurait dit que « ce n’est qu’une question de temps avant qu’une requête soit déposée pour demander une réunion d’urgence du comité central travailliste afin de limoger Gabbay et déterminer une nouvelle date pour des primaires ».

Un troisième a précisé pour sa part qu’il était impossible « que Gabbay reste à ses fonctions encore une journée de plus ».

Le député Eitan Cabel (Union Sioniste) à la Knesset, juin 2017 (Yonatan Sindel / Flash90)

Le député Eitan Cabel, qui se trouvait en bas de liste lors des primaires travaillistes après avoir critiqué Gabbay et qui ne siégera pas à la prochaine Knesset, estime que « Gabbay doit immédiatement rendre les clés, et nous devons choisir un président du parti par intérim, car la situation telle qu’elle est ne peut pas continuer ainsi ».

La seule députée élue au prochain Parlement à avoir accepté de s’exprimer publiquement est Shelly Yachimovich.

« Je me suis réveillée ce matin après n’avoir dormi que quelques heures, et j’avais la certitude de vivre un cauchemar », a expliqué Yachimovich, cheffe actuelle de l’opposition et ancienne dirigeante du parti, à Ynet. « Même si je m’étais préparée et que je voyais venir ce qui s’est passé, la réalité m’a accablée. C’est une horrible défaite, un effondrement », a-t-elle ajouté.

« Je suis déjà en train de réfléchir à ce que nous allons faire, à la manière dont nous rassemblerons tous ceux qui croient en ce que nous proposons », a-t-elle poursuivi. « Nous devons nous livrer à un travail d’introspection et remettre minutieusement à flot le parti ».

Yachimovich a suggéré une association avec le Meretz – qui obtenait quatre sièges au moment où 97 % des votes avaient été dépouillés. Une idée évoquée il y a quelques mois, mais qui n’a jamais été menée à bien.

« On peut réfléchir à de nouvelles directions, notamment à l’union avec le Meretz qui a échoué et qui, je le pense, était importante », a-t-elle noté.

Le chef du parti travailliste Avi Gabbay, au centre, lors d’une conférence de presse aux côtés des députés Amir Peretz, à droite, et Shelly Yachimovich à Tel Aviv, le 19 mars 2019 (Crédit : Flash90)

Yachimovich et les députés Amir Peretz et Itzik Shmuli — qui appartiennent à un autre camp que Gabbay au sein de la formation – devraient passer à l’action contre Gabbay dans les prochaines semaines.

Pour sa part, Gabbay lui-même a refusé de démissionner de la Knesset ou de la tête du parti. Lors de conversations avec ses conseillers, il a attribué les mauvais résultats électoraux au siphonnage par Kakhol lavan des voix d’une portion significative des électeurs traditionnels de la formation.

Mardi soir, après trois sondages de sortie des urnes prédisant que le parti avait obtenu six à huit sièges, Gabbay avait qualifié les résultats « d’immense déception » et de « coup réel porté à notre force électorale », mais il n’avait pas relevé les appels à la démission lancés à son intention.

« Ce n’est pas facile. Ce n’est pas facile pour nous, et ce n’est pas facile pour moi. Ce n’est pas ainsi que j’avais espéré terminer cette soirée », a-t-il lâché.

Au terme du scrutin de 2015, le parti travailliste, associé à la formation Hatnua de Tzipi Livni, incarnait le second parti le plus important du pays.

Le responsable de l’Union sioniste Avi Gabbay, à gauche, annonce la rupture choc de l’Union sioniste alors que sa partenaire politique et cheffe de l’opposition Tzipi Livni, baisse les yeux au cours d’une réunion de faction du parti à la Knesset, le 1er janvier 2019 (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Mais quelques mois avant les élections de mardi, Gabbay avait annoncé en direct à la télévision la rupture avec Hatnua, démantelant dans les faits le partenariat qui constituait jusqu’alors l’Union sioniste – Livni, à ses côtés, apprenait la nouvelle, au même moment n’en ayant pas été notifiée au préalable.

Cette initiative avait été très critiquée et considérée comme une cause majeure de l’érosion des soutiens en faveur de Gabbay.

Mais le parti a également vu une grande partie de sa base électorale se détourner vers Kakhol lavan, les électeurs cherchant à déchoir Benjamin Netanyahu.

Les résultats soulignent un triste déclin pour une formation qui s’est avérée déterminante dans l’établissement de l’Etat d’Israël.

Le parti travailliste a été fondé en 1968 sur la base d’une fusion de trois partis, dont l’un était le Mapai de David Ben-Gurion, créé en 1930. Dans les années ayant précédé l’établissement de l’Etat d’Israël en 1948, le Mapai officiait comme dirigeant de-facto de la communauté juive et avait tenu un rôle de premier plan dans la création de l’Etat.

David Ben Gurion, entouré des membres du gouvernement provisoire, proclame la Déclaration d’indépendance dans le hall du musée de Tel Aviv, le 14 mai 1948 (Crédit : bureau de presse du gouvernement israélien)

La formation travailliste est restée le parti au pouvoir incontesté jusqu’en 1977, année où le Likud s’est emparé du poste de Premier ministre. Depuis, il a été au pouvoir pendant huit ans au total, dont deux dans le cadre d’un gouvernement d’unité avec le Likud. Cette période a compris les accords d’Oslo de 1990, négociés par le Premier ministre de l’époque, Yitzhak Rabin, et son ministre des Affaires étrangères, Shimon Peres.

Rabin fut assassiné en 1995 par un extrémiste juif, et les accords d’Oslo restent très controversés parmi les Israéliens.

La dernière fois qu’une coalition israélienne a été dirigée par un travailliste remonte à la victoire d’Ehud Barak en 1999 et à son mandat de deux ans au poste de Premier ministre. Depuis, la formation n’a cessé de décliner.

L’équipe du Times of Israel et l’AFP ont contribué à cet article.

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