Gamliel annonce une loi sur le climat et prône les investissements « verts »
La ministre de la Protection environnementale dit que les investisseurs doivent "faire partie intégrante de la révolution" écologique
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Un projet de loi consacré au climat va bientôt être soumis au gouvernement pour garantir que la première feuille de route, dévoilée lundi et visant une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre en Israël, sera bien mise en œuvre, a annoncé la ministre de la Protection environnementale Gila Gamliel.
Elle a également indiqué, lors d’une allocution à la conférence Eli Hurvitz sur l’Economie et la société, que le secteur financier du pays devait s’impliquer davantage en dirigeant ses capitaux et ses investissements vers une économie plus propre et plus durable.
« Le changement climatique et la dégradation environnementale sont une menace existentielle pour Israël et pour le monde », a-t-elle affirmé. « Israël a besoin d’une nouvelle stratégie de croissance qui en fera un Etat doté d’une économie plus moderne. Ma vision est de transformer l’économie israélienne en une économie axée sur le durable ».
L’organisation de défense de l’environnement Adam Teva VDin a salué l’annonce après avoir exercé de nombreuses pressions en sa faveur et contribué à son élaboration.
Gamliel a dit au secteur financier qu’il « doit être une partie intégrante de la révolution environnementale en Israël et il doit permettre aux investisseurs de choisir de manière avisée comment ils souhaitent agir, conformément à leur vision du monde, et comment investir dans des entreprises et dans des outils financiers qui tiendront compte des considérations d’ordre environnemental ».
L’adoption par le secteur des finances israélien des critères ESG – environnementaux, sociaux et de gouvernance – est largement à la traîne par rapport à une grande partie du monde développé, a pour sa part commenté Anat Guetta, présidente de l’Autorité des titres israélienne, à la conférence.
« Ils ne sont pas encore entrés dans l’ADN des investissements en Israël », a-t-elle commenté, ajoutant que son département les avait, pour sa part « complètement intégrés ».
Le superviseur des banques, Yair Avidan, a expliqué que son département prenait en compte le risque environnemental, particulièrement dans la gestion de ses portefeuilles de crédit. L’Etat juif a rejoint récemment le Réseau des banques centrales et des superviseurs pour rendre plus « vert » le système financier, a-t-il noté. Ce dernier cherche à renforcer la réponse globale aux Accords de Paris et à dynamiser le rôle du système financier dans la gestion des risques et dans la mobilisation des capitaux en faveur d’investissements écologiques et à faible carbone.
Moshe Barkat, chef de l’Autorité du marché des capitaux, des assurances et de l’épargne – qui est responsable des services financiers dans les assurances, les retraites et le marché des caisses de prévoyance – a remarqué que la Geneva Association, qui est le principal think-tank de l’industrie des assurances, avait classé le changement climatique comme étant l’un des risques les plus importants.
Mais, a-t-il averti, « nous ne parlons pas là de valeurs mais de risques et de rendements financiers ».
Anat Levin, à la tête du bureau israélien de la corporation de gestion d’investissements BlackRock, a évoqué, pour sa part, les recherches entreprises par sa firme sur les compagnies d’investissement ayant géré des sommes supérieures à 25 milliards de dollars dans 27 pays. Ces recherches ont conclu que les Européens étaient leaders dans la mise en œuvre des critères ESG parce qu’ils pensaient qu’ils étaient justes, tandis que les entreprises aux Etats-Unis et en Asie semblaient s’y conformer parce que leurs conseils d’administration et leurs investisseurs le réclamaient.
Interrogée sur ce que seraient les investissements basés sur les critères ESG d’ici cinq ans, la réponse a été qu’ils seraient multipliés par cinq – et que ce serait le climat qui dominerait finalement les trois critères défissant l’ESG.
« Le climat est roi », a dit Anat Levin.
Les investissements ont fait un bond en avant concernant les actions investies dans les entreprises « durables » et les obligations et le crédit suivront, a-t-elle ajouté.
Ce changement a ressemblé à un « glissement tectonique » lent et certains gestionnaires n’ont pas ressenti le besoin d’agir dans l’urgence. « Mais la vision à long-terme est la bonne quand vous investissez à long-terme », a-t-elle souligné.
Les régulateurs, dans le monde entier, commencent à limiter les investissements conformément à l’Accord de Paris et d’autres textes sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, ce qui pourrait avoir un impact immédiat sur les investisseurs, a-t-elle ajouté. Elle a noté que les investisseurs israéliens devaient bien comprendre qu’il y avait d’ores et déjà des appels d’offre, à l’étranger, qui étaient fermés aux firmes ne répondant pas aux critères ESG.
Levin a déclaré qu’il était important de continuer les recherches pour mieux identifier le lien entre investissement durable et performance financière.
« Mais souvenez-vous », a-t-elle averti, « quand une firme perd la confiance du public, cela arrive d’un seul coup parce que la compagnie n’a pas agi de manière appropriée au niveau social, parce qu’elle a pollué… Et la régulation va toucher probablement notre secteur bien plus rapidement que ce à quoi nous nous attendons ». « Entreprises, faites-vous vacciner contre le coronavirus et commencez à mettre en œuvre les critères ESG parce qu’en fin de compte, cela va être le risque que nous devrons prendre en charge, » a-t-elle conclu.