Gantz chercherait à empêcher Netanyahu de se présenter à un nouveau scrutin
Le parti Kakhol lavan considérerait cette initiative comme un moyen de dissuader le Premier ministre d'avoir recours à de nouvelles élections pour cause de querelle sur le budget

Des proches du leader de Kakhol lavan, Benny Gantz, chercheraient à faire potentiellement adopter une loi qui empêcherait le Premier ministre Benjamin Netanyahu de se représenter à de nouvelles élections – si les deux hommes ne parviennent pas à trouver un accord sur le budget national – en raison de son procès pour corruption, a fait savoir la Treizième chaîne.
Tout désaccord non-résolu sur le budget entraînera un nouveau scrutin.
Ces informations ont été livrées dans un contexte de rumeurs croissantes portant sur une possible fin anticipée du gouvernement d’unité.
Le Likud de Netanyahu est actuellement à couteaux tirés avec Kakhol lavan sur l’adoption du budget. Netanyahu insiste sur le fait que ce dernier doit courir sur un an, alors que Gantz prône un budget sur deux ans – l’option qui avait été par ailleurs inscrite dans l’accord de coalition signé par les deux hommes.
Une telle législation devrait être adoptée avant le 25 août. Si le budget n’est pas approuvé d’ici là, alors la Knesset sera automatiquement dissoute et un nouveau scrutin sera organisé au mois de novembre. Ce serait le quatrième cycle électoral en moins de deux ans.
La loi empêchant Netanyahu de se présenter devra être adoptée avant la dissolution de la Knesset, une perspective difficile mais néanmoins faisable, a noté le reportage de la Treizième chaîne.
La menace d’une telle législation a aussi pour objectif d’empêcher le Likud d’accorder son soutien à un projet de loi, qui a été proposé par le parti d’opposition Yamina, à droite de l’échiquier, qui limiterait le pouvoir des magistrats de la Haute-cour de rejeter des lois qui ont été approuvées à la Knesset, a indiqué le reportage. Kakhol lavan est défavorable à ce texte et espère parvenir au moins à dissuader le Likud de le soutenir, à défaut de s’y opposer. La dite « clause de contournement » doit être présentée devant les députés de la Knesset mercredi.
Le site d’informations Walla a annoncé mardi soir que les parlementaires du Likud ne seraient pas présents lors du vote sur la clause de contournement.
Selon des informations, les leaders de Kakhol lavan auraient la conviction que Netanyahu a créé cette crise budgétaire pour précipiter de nouvelles élections et pour empêcher Gantz de devenir Premier ministre en 2021, comme il l’est stipulé dans l’accord de coalition.
Netanyahu, pour sa part, dément vouloir la tenue d’un nouveau scrutin.

De hauts-responsables des formations Yahadout HaTorah et Shas auraient déclaré que si Netanyahu rejetait tout compromis sur le budget de l’Etat, ils refuseraient alors publiquement de soutenir le Premier ministre comme ils ont pu le faire lors des élections précédentes, a fait savoir mardi la chaîne Kan. Ils ne s’engageront pas davantage à apporter leur appui à Netanyahu au poste de Premier ministre après le scrutin – ce qui priverait potentiellement ce dernier du soutien nécessaire de 61 députés pour former une majorité à la Knesset, forte de 120 sièges.
Le Premier ministre réfléchit actuellement à transférer la somme de 400 millions de shekels aux yeshivot ultra-orthodoxes afin d’amoindrir l’opposition des deux formations à de nouvelles élections, a fait savoir la Douzième chaîne.
Le président de la faction du Likud et chef de la coalition Miki Zohar a rejeté l’idée que les formations ultra-orthodoxes puissent abandonner le bloc de droite et religieux placé sous l’autorité du Likud et dirigé par Netanyahu.
« Je n’ai aucun doute sur le fait que le bloc de droite sera préservé », a-t-il affirmé. « Je ne pense pas qu’il puisse y avoir une possibilité de coopération avec la gauche. »
Lundi, le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri, à la tête du Shas, a demandé au Likud et à Kakhol lavan de cesser de faire planer la menace d’une rupture de la coalition.
« Les Israéliens ne nous pardonneront pas si nous devons à nouveau nous rendre aux urnes », a-t-il dit au cours d’un entretien accordé à la Douzième chaîne. « Ils ne comprennent pas ce conflit et veulent que nous puissions travailler ensemble. »
Deri, dont le rôle auprès de Netanyahu et de Gantz a été déterminant dans la formation de la coalition d’unité, a indiqué qu’il tentait toujours de servir de médiateur entre les deux hommes.

Dans un contexte de profonde méfiance entre les deux parties, Gantz a juré de ne pas renoncer à réclamer un budget courant sur deux ans, comme il l’est stipulé dans l’accord de coalition.
Cherchant à revenir sur le pacte signé avec Gantz en faisant approuver un budget qui ne couvrirait que le reste de l’année en cours, Netanyahu a cité l’incertitude entraînée par la crise du coronavirus – mais un grand nombre d’observateurs ont considéré qu’il tentait en réalité de se retirer de l’arrangement signé avec le leader de Kakhol lavan, qui doit prendre le poste de Premier ministre à la fin de l’année prochaine.
Lundi, le ministre de la Coopération régionale Ofir Akunis a averti que si Kakhol lavan refusait de soutenir un budget d’un an, le Likud chercherait alors à remplacer la coalition d’unité par un gouvernement alternatif de 61 parlementaires.
Le Likud « ne se laissera pas impressionner » dans ce bras de fer avec Kakhol lavan, a ajouté Akunis.
Selon de nombreux observateurs, Netanyahu insisterait sur l’adoption de ce budget d’un an pour se laisser l’option de dissoudre le gouvernement l’année prochaine en échouant à faire approuver le budget pour l’année 2021 – ce qui est le seul moyen qui lui permettrait de déclencher un nouveau cycle d’élections sans que Gantz n’occupe le fauteuil de chef de gouvernement dans l’intervalle, selon les termes de l’accord complexe et alambiqué qu’il a conclu avec Gantz, qui est aussi Premier ministre d’alternance.
Depuis le 17 mai, date à laquelle il avait prêté serment, le gouvernement d’unité, qui a été formé après trois scrutins successifs qui n’ont pas permis de dégager une majorité, a été en proie à des querelles et à des manœuvres de blocage entre le Likud de droite et Kakhol lavan, formation centriste.
Dimanche, Zohar, le chef de la coalition, a déclaré à la chaîne Kan qu’il « y a un gouffre qui ne cesse de s’élargir entre nous et Kakhol lavan sur de nombreux sujets, au niveau idéologique ».
« C’est comme un couple qui veut divorcer et qui, à n’importe quel moment », lancera la procédure de séparation, a-t-il expliqué. « C’est le sentiment qui domine actuellement : celui que peu importe ce qu’on pourra faire, ça va se terminer entre nous et Kakhol lavan. »