Gantz : Les propos de Levin remettent en cause la quête du compromis
Pour le chef de Kakhol lavan, le ministre de la Justice a « incité à la haine » envers la Cour suprême en affirmant qu’elle protégeait les familles des violeurs et des terroristes
Le chef du parti Kakhol lavan, Benny Gantz, a dénoncé vendredi les propos virulents du ministre de la Justice Yariv Levin envers les juges de la Cour suprême, affirmant que ces propos remettaient en question l’engagement de la coalition à parvenir à un consensus sur la réforme judiciaire dans le cadre des négociations avec l’opposition.
S’exprimant jeudi lors d’une manifestation de grande ampleur, à Jérusalem, en soutien à la réforme judiciaire, Levin s’en est pris à la plus haute juridiction d’Israël et a défendu les projets de réforme du système judiciaire, dont il est le fer de lance.
« Le temps est venu d’avoir une Cour Suprême qui n’accorde pas de droits aux familles des terroristes et ne permette pas la tenue de cérémonies de Yom HaZikaron en présence de soutiens du terrorisme. »
Israël a besoin d’une Cour qui « punisse les violeurs et ne cherche pas à les protéger », a déclaré Levin. « Une Cour qui protège les soldats de Tsahal et pas les voisins des terroristes. »
Levin a également exprimé son soutien aux pourparlers de compromis menés par le président Isaac Herzog, tout en accusant les représentants de l’opposition de rejeter toutes les offres.
Gants a réagi aux propos de Levin en disant que le ministre de la Justice et d’autres personnalités de la coalition avaient « menti et incité à la haine » lors de la manifestation de Jérusalem.
« Ces propos, faux et sans retenue, de Levin contre la Cour Suprême me rendent pessimiste quant à la perspective de parvenir à un accord dans les pourparlers à la résidence du président. Or, cet accord est indispensable à la population israélienne en ce moment », a déclaré Gantz dans un communiqué.
En ce qui concerne le rassemblement lui-même, Gantz a appelé à manifester en faveur du « droit sacré à la démocratie. C’est précisément ce pour quoi nous nous battons », avant de dénoncer les manifestants filmés en train de piétiner une affiche revêtue des photos de la présidente de la Cour suprême, Esther Hayut, de la Procureure générale, Gali Baharav-Miara, et de personnalités du monde judiciaire, et de scander des slogans hostiles.
On ignore à ce stade si le geste était intentionnel ou si l’affiche s’est retrouvée sur le sol avant d’être ensuite ramassée par des militants en chemin vers la Knesset.
« En Israël, dans ce pays qui dispose de fortes et belles institutions judiciaires, un ministre de la Justice ne peut pas inciter à la violence contre les juges. On peut bien sûr critiquer, mais pas inciter à la violence », a déclaré Gantz, ajoutant que les propos de Levin « jetaient le doute dans l’esprit de ceux qui voulaient vraiment un accord … sur la volonté de l’autre partie d’y parvenir également. »
Gantz a demandé au Premier ministre, Benjamin Netanyahu, de condamner « sans ambages » les propos de Levin, affirmant que l’absence de réaction « n’était pas moins préoccupante ». Il a ajouté qu’il prendrait part aux manifestations hebdomadaires anti-réforme du samedi soir.
« Je vous demande, à vous, citoyens israéliens, attachés à l’avenir de la démocratie, de descendre dans la rue et de vous exprimer en faveur de la démocratie et de son renforcement », a-t-il dit.
D’autres personnalités de l’opposition s’en sont également prises à Levin, comme par exemple le chef de Yesh Atid, Yair Lapid, qui a dénoncé « les propos haineux » du ministre de la Justice et d’autres membres de la coalition.
Le député HaMahane HaMamlahti, Gideon Saar, prédécesseur de Levin au poste de ministre de la Justice, a dit du discours qu’il était « l’un des plus haineux et des plus graves, à ce jour, contre le système judiciaire sur lequel il a compétence ».
Saar a déclaré qu’il était conçu pour « torpiller les chances de compromis et poursuivre la délégitimation du système judiciaire, afin de le démanteler et de le placer sous son contrôle ».
Les organisateurs des manifestations hebdomadaires anti-réforme ont réagi au rassemblement de jeudi dernier en annonçant « l’intensification des manifestations » et « de nouvelles mesures pour empêcher la mise en place d’une dictature ».
« Ce dimanche, avec la reprise des travaux parlementaires à la Knesset, Israël sera plus près que jamais de la dictature ultranationaliste », ont-ils déclaré dans un communiqué.
« Le danger est clair et immédiat pour la démocratie israélienne. Les négociations menées sous les auspices du président se sont révélées trompeuses…Seule la présence de centaines de milliers d’Israéliens dans les rues pourra arrêter le coup d’État judiciaire qui est en marche. »