Gantz promet un grand gouvernement de coalition, sans Netanyahu
Pour le ministre de la Défense, le danger serait grand pour Israël si le chef de l’opposition revenait au pouvoir avec un "gouvernement extrémiste"
Le ministre de la Défense Benny Gantz s’est engagé, samedi, à ne pas accepter de coalition avec le chef de l’opposition, Benjamin Netanyahu, mettant en garde contre le désir de l’ex-Premier ministre d’établir un gouvernement strictement de droite à l’issue des prochaines élections.
Dans une interview télévisée, Gantz a fait valoir qu’il était le seul candidat capable de réunir une majorité.
« Si Netanyahou réunit une majorité de 61 [sièges] et établit un gouvernement, c’en sera fini de l’État israélien. Ce gouvernement extrémiste entraînera le pays au bord du gouffre et à la radicalisation : une chose est sûre, je n’en ferai pas partie », a-t-il déclaré à la Douzième chaîne.
Gantz a assuré qu’il ne s’associerait en aucun cas avec Netanyahu, même dans l’éventualité d’un poste de Premier ministre tournant, même s’il était premier Premier ministre, indiquant avoir déjà refusé pareille offre.
Après les élections de mars 2020, les troisièmes en l’espace d’un an, Gantz avait conclu un tel partenariat avec Netanyahu malgré une promesse de campagne explicite de ne pas s’associer au Premier ministre de l’époque.
Netanyahu avait commencé par exercer la charge de Premier ministre, Gantz étant supposé prendre la relève 18 mois plus tard. Mais la coalition s’était alors défaite, officiellement minée par des différends sur le vote du budget de l’État même si beaucoup d’observateurs politiques estiment que la coalition a été rompue pour que Gantz ne devienne pas Premier ministre.
Gantz est aujourd’hui à la tête du parti HaMahane HaMamlahti, alliance entre son parti Kakhol lavan et Tikva Hadasha du ministre de la Justice, Gideon Saar et de l’ex-chef militaire Gadi Eisenkot.
Ce dernier a indiqué que le Premier ministre Yair Lapid – un ex-allié – ne serait pas en mesure de réunir les 61 sièges nécessaires pour former un gouvernement à l’issue du scrutin du 1er novembre et tente de rallier tous les partis pour former la plus large coalition possible.
Les sondages d’opinion créditent pour l’heure HaMahane HaMamlahti de 11 à 12 sièges.
En dépit des sondages, Gantz soutient que cette coalition est possible, rappelant que le passé était riche d’exemples de politiciens qui n’avaient jamais pensé former un gouvernement ensemble et qui avaient fini par s’unir, évocation de la coalition sortante, parvenue à rassembler des partis de l’ensemble du spectre politique, y compris un parti arabe indépendant, Raam.
Gantz a salué le discours de Lapid, la semaine passée, à l’Assemblée générale des Nations unies, mais s’est déclaré en désaccord avec le Premier ministre sur la solution à deux États avec les Palestiniens, estimant « impossible de construire sur des chimères ».
Dans une interview donnée au radiodiffuseur public Kan, le ministre de la Défense a souligné la nécessité de « régler la question de notre relation avec les Palestiniens » et a proposé une solution à « deux entités », évitant soigneusement d’utiliser le mot « États ».
« Ce ne peut pas être un État qui mettra Israël en danger. Que voulez-vous, que ce qui s’est passé à Gaza arrive aussi à Kfar Saba ? », a déclaré Gantz, reprenant une partie de la réponse de Netanyahu au discours de Lapid.
Gantz a adopté un ton conciliant envers les partis ultra-orthodoxes, qui, en tant que membres du bloc de droite religieuse de Netanyahu, ne faisaient pas partie du dernier gouvernement.
« C’est dans l’intérêt des Haredim de faire partie du gouvernement. Je ne pense pas que nous devrions être contre eux. Nous devons vivre en bonne intelligence les uns avec les autres », a-t-il déclaré.
Tout en dénonçant le caractère « anti-israélien » du parti nationaliste arabe Balad, Gantz a déclaré qu’il serait heureux de coopérer à nouveau avec le président du Raam, Mansour Abbas, qu’il a félicité pour le travail accompli au sein de la coalition.
Le ministre de la Défense a par ailleurs déclaré à la Treizième chaîne que le député d’extrême droite Itamar Ben Gvir – chef de la faction ultra-nationaliste Otzma Yehudit au sein de l’alliance d’extrême droite HaTzionout HaDatit – était trop extrême pour faire partie d’une coalition qu’il dirigerait.
« Je n’accepte ni le point de vue de Kahane ni celui de Goldstein, pas davantage que celui de Ben Gvir : ses manières sont extrêmes, son comportement-même est extrême », a déclaré Gantz.
Ben Gvir est un disciple de longue date du défunt rabbin raciste Meir Kahane, qui préconisait le départ des Arabes d’Israël. Le parti Kach de Kahane a été déclaré organisation terroriste par le gouvernement israélien et le Département d’État américain quelques années après l’assassinat du rabbin, en 1990, après quoi il s’est dissous.
Ben Gvir a également longtemps eu, chez lui, un portrait de Baruch Goldstein, responsable en 1994 du massacre de 29 Palestiniens en prière dans le tombeau du patriarche d’Hébron.
Dans une interview publiée samedi, le chef d’Otzma Yehudit a assuré avoir beaucoup changé ces vingt dernières années et ne plus être aussi fervent kahaniste qu’il l’était auparavant, tout en renouvelant son admiration au rabbin.
« Kahane avait raison de dire qu’il combattait l’antisémitisme et était pour la peine de mort pour les terroristes, mais aujourd’hui, je ne soutiens plus l’expulsion de tous les Arabes ou la ségrégation des plages. Je ne suis pas dans le prolongement du projet du rabbin Kahane », a déclaré Ben Gvir à la Douzième chaîne.
Bien que Ben Gvir ait dit être revenu sur ses opinions extrêmes, un candidat d’Otzma Yehudit a été filmé en caméra cachée, la semaine passée, en train de dire que la modération dont faisait actuellement preuve le parti était un « subterfuge » pour entrer à la Knesset et empêcher la Cour Suprême de le disqualifier en raison de ses véritables opinions.
Un récent sondage crédite le bloc religieux de droite de Netanyahu d’une courte majorité de 61 sièges à la Knesset, indiquant un renforcement des soutiens à l’ex-Premier ministre et ses partenaires avant le scrutin.
Les sondages de la télévision israélienne sont notoirement peu fiables, mais ils orientent néanmoins souvent la prise de décision des politiciens.