GB : À une conférence, une médecin se présentant comme « Juive pratiquante » est huée
Le dirigeant d'un groupe réunissant des médecins juifs avait averti que l'événement pourrait être un vecteur d'antisémitisme avec de nombreuses résolutions anti-israéliennes

Une médecin qui a pris la parole lors de la conférence annuelle de la British Medical Association (BMA) a été interrompue par des huées et par des cris après avoir confié qu’elle était juive, ont rapporté les médias britanniques. Le slogan « Honte ! » a été entendu dans la salle.
La BMA était en train de délibérer sur de nombreuses motions au sujet de la guerre à Gaza lorsque la docteure Joanna Klein-Sutton, experte en médecine d’urgence et en accidentologie, a indiqué qu’elle était « Juive pratiquante ». Une ou deux personnes qui se trouvaient dans l’assistance l’ont alors huée, a noté The Telegraph.
Un incident qui a fait écho à un avertissement que la Jewish Medical Association (JMA) britannique avait émis avant le sommet, estimant que la conférence pourrait devenir « un vecteur de discrimination et d’antisémitisme » et que les médecins juifs qui y prendraient part devaient s’attendre « à une combinaison d’antisémitisme, de harcèlement et d’activisme chauvin ».
Le professeur David Katz, à la tête de la JMA, aurait ainsi indiqué que seul « un petit nombre de médecins juifs est encore engagé de manière active au sein de la BMA elle-même ».
Les motions anti-israéliennes qui ont été délibérées lors de la conférence, lundi et mardi, ont comporté quatre appels identiques du conseil régional de Londres de l’association en faveur du boycott des journaux médicaux israéliens, des conférences et des échanges avec les praticiens de l’État juif en raison « de l’apartheid systématique », ont-elles noté, qui serait mis en œuvre par le pays. Les résolutions ont ajouté que « les actes d’Israël à Gaza peuvent s’apparenter à un génocide », selon le Telegraph.
Le débat a été bloqué sur l’une des 30 motions qui risquait d’être perçue « comme discriminatoire et, plus spécifiquement, comme antisémite », a fait remarquer le journal.

« Les débats et les désaccords que nous pouvons avoir dans le cadre de la British Medical Association sont essentiels », a-t-elle dit. « Dans le judaïsme, nous avons une valeur – Machloket l’Shem Shamayim – ce qui signifie savoir apprécier les désaccords au nom d’une cause qui est plus importante que nous-mêmes ».
Selon le Telegraph, les huées qui ont visé Sutton-Klein n’ont pas été immédiatement condamnées ; à la place, elle a eu 15 secondes pour terminer ses propos. Les dirigeants de la BMA ont toutefois indiqué, plus tard, qu’ils allaient enquêter sur un incident « inacceptable ».
« La BMA prend extrêmement au sérieux les comportements discriminatoires, racistes ou offensifs d’une manière ou d’une autre », a indiqué un porte-parole de l’association. « Dans cet exemple précis, un ou deux membres de l’association ont choisi de perturber le discours qui était prononcé par une médecin juive qui parlait en faveur de la défense de la communauté palestinienne ».
« La BMA se dresse fermement contre toutes les formes de discrimination et de préjugés et nous croyons dans la dignité et dans le respect que méritent tous les individus, indépendamment de leurs caractéristiques personnelles », a ajouté le porte-parole.

Le Telegraph a relaté deux incidents où l’association avait affiché une forme d’indulgence à l’égard d’un antisémitisme explicite dans la communauté médicale britannique depuis le 7 octobre – lorsque des milliers de terroristes placés sous l’autorité du Hamas avaient massacré près de 1 200 personnes dans le sud d’Israël et qu’ils avaient kidnappé plus de 250 personnes, prises en otage à Gaza. Un assaut sanglant qui avait déclenché la guerre dans la bande.
Dans un cas, le docteur Dimitrios Psaroudakis a ainsi été suspendu pour une période de trois mois après avoir estimé que Londres serait plus agréable « sans les Juifs ». L’Association a déclaré que ces propos faisaient du médecin « non pas un raciste, mais quelqu’un qui est relativement à l’aise à l’idée d’utiliser un langage discriminatoire ».
Dans un autre incident, l’association n’avait pas exclu l’un de ses membres, le docteur Wahid Shaida, l’un des leaders du groupe islamiste fondamentaliste Hizb ut-Tahrir avant que le Royaume-Uni n’inscrive l’organisation sur la liste noire des organisations terroristes, au mois de janvier dernier. Le médecin aurait appelé au « jihad » contre Israël au cours de manifestations dont il avait été l’initiateur.
Le Community Security Trust (CST), groupe de veille de l’antisémitisme au service des 200 000 Juifs environ qui vivent au Royaume-Uni, a fait savoir dans un rapport émis au mois de février que les attaques antisémites avaient atteint un pic dans le pays depuis le 7 octobre, faisant de 2023 la pire année en matière de haine anti-juive avec une moyenne de 31 incidents par jour.