Georges Bensoussan relaxé dans son procès contre le CCIF
Après avoir affirmé que "dans les familles arabes en France, et tout le monde le sait mais personne ne veut le dire, l'antisémitisme, on le tète avec le lait de sa mère", l'historien était poursuivi pour provocation à la haine
Mardi 7 mars, la 17e chambre du tribunal de grande instance (TGI) de Paris a relaxé Georges Bensoussan. L’historien était poursuivi pour provocation à la haine après avoir déclaré que « dans les familles arabes en France, et tout le monde le sait mais personne ne veut le dire, l’antisémitisme, on le tète avec le lait de sa mère ».
A l’origine du procès, le très controversé Comité contre l’islamophobie en France (CCIF) qui avait porté plainte contre Georges Bensoussan pour incitation à la « discrimination, la haine ou la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine […], en l’espèce la communauté musulmane. »
Résumons les faits. Le 10 octobre 2015, l’historien Georges Bensoussan (Les Territoires perdus de la République, Juifs en pays arabes, le grand déracinement…) invité par Alain Finkielkraut dans son émission Répliques sur France-Culture tient les propos suivants : « Aujourd’hui nous sommes en présence d’un autre peuple [les personnes de culture arabo-musulmane, Ndlr] au sein de la nation française, qui fait régresser un certain nombre de valeurs démocratiques qui nous ont portés. Il n’y aura pas d’intégration tant qu’on ne se sera pas débarrassé de cet antisémitisme atavique qui est tu, comme un secret. »
Il ajoutera : « Il se trouve qu’un sociologue algérien, Smaïn Laacher, d’un très grand courage, vient de dire dans le film qui passera sur France 3 : c’est une honte que de maintenir ce tabou, à savoir que dans les familles arabes, en France, et tout le monde le sait mais personne ne veut le dire, l’antisémitisme, on le tète avec le lait de la mère. »

Affirmation qui poussera Alain Finkielkraut à demander à l’historien s’il n’y avait pas, dans ses propos, un risque « d’essentialisation », et l’historien Patrick Weil, autre invité de l’émission, a déclaré « ces propos [honteux] qui condamnent 4 millions de nos concitoyens ».
Alain Finkielkraut apporte par ailleurs son soutien à Bensoussan à qui l’on « fait un faux procès ».
Une première tribune demandera au Conseil supérieur de l’audiovisuel de condamner ces propos.
Depuis les soutiens de l’historien le défendent, arguant que de nombreux intellectuels musulmans (Boualem Sansal, Kamel Daoud, Fethi Benslama et Riad Sattouf), décrivent la même réalité sans faire l’objet de poursuite.
L’auteur algérien cité par Bensoussan dans Répliques, qui dans un premier temps a porté plainte contre lui, avant de retirer cette plainte, affirme pourtant dans le documentaire diffusé sur France 3 : « cet antisémitisme […] est dans l’espace domestique et il est quasi naturellement déposé sur la langue, déposé dans la langue. Une des insultes des parents à leurs enfants quand ils veulent les réprimander, il suffit de les traiter de juif. Mais ça, toutes les familles arabes le savent. »
Après la plainte du CCIF, le débat s’est cristallisé entre les soutiens du CCIF, qui dénoncent l’islamophobie, ceux qui critiquent seulement la généralisation d’un phénomène pourtant bien réel, et ceux de Bensoussan. Pour ces derniers, l’historien n’est que la dernière victime du « CCIF et consorts » dont le but « est d’asphyxier et réduire au silence ses détracteurs. »