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Ghouta : nouvelles évacuations, au compte-goutte, dans l’ultime poche rebelle

Rebelles et civils ont commencé mardi à embarquer dans des bus pour être évacués de l'ultime bastion rebelle aux portes de Damas – une initiative parrainée par Moscou

Des enfants syriens évacués de la région de la Ghouta orientale à la fenêtre d'un bus alors qu'ils arrivent à Qalaat al-Madiq, à 45 kilomètres au nord-ouest de la ville de Hama, le 28 mars 2018, suite à un accord d'évacuation entre la faction rebelle islamiste Faylaq al-Rahman, qui contrôle une partie de la Ghouta, et la Russie, un allié du président syrien (AFP PHOTO / OMAR HAJ KADOUR)
Des enfants syriens évacués de la région de la Ghouta orientale à la fenêtre d'un bus alors qu'ils arrivent à Qalaat al-Madiq, à 45 kilomètres au nord-ouest de la ville de Hama, le 28 mars 2018, suite à un accord d'évacuation entre la faction rebelle islamiste Faylaq al-Rahman, qui contrôle une partie de la Ghouta, et la Russie, un allié du président syrien (AFP PHOTO / OMAR HAJ KADOUR)

Rebelles et civils ont commencé mardi à embarquer au compte-goutte dans des bus pour être évacués de l’ultime bastion rebelle aux portes de Damas, une initiative parrainée par Moscou qui doit permettre au régime syrien de reprendre le contrôle total de la Ghouta orientale.

Les évacuations, qui doivent se dérouler sur plusieurs jours, semblent ralenties mardi, alors qu’elles n’ont pas été confirmées par Jaich al-Islam, dernière faction rebelle présente dans la Ghouta, qui contrôle la ville de Douma. Le groupe, miné par des divisions internes selon une ONG, reste muré dans le silence depuis l’annonce par Moscou d’un « accord préliminaire » pour son départ.

Alliée indéfectible du pouvoir de Bachar al-Assad, la Russie a déjà orchestré les évacuations de deux autres groupes rebelles de la Ghouta, contraints d’abandonner leurs territoires pour rejoindre des régions insurgées dans le nord-ouest de la Syrie.

Plus de 46 000 personnes au total, dont un quart de combattants, ont été évacués ces derniers jours du secteur rebelle, reconquis à 95 % par les forces du régime à la faveur d’une offensive dévastatrice lancée le 18 février.

Des volontaires de la défense civile, connus sous le nom de Casques Blancs, vérifient le site d’une frappe aérienne du régime dans la ville rebelle de Saqba, dans la région assiégée de Ghouta Est, à la périphérie de la capitale Damas, le 23 février 2018. (AFP PHOTO / ABDULMONAM EASSA)

Cinq semaines de pilonnage ont tué plus de 1 600 civils, selon une ONG. L’opération du régime dans la Ghouta, d’une violence sans précédent même pour un pays déchiré par la guerre depuis 2011, représente une des pires défaites pour la rébellion, affaiblie face à la force de frappe de Damas et de Moscou.

Malgré le silence de Jaich al-Islam, des évacuations de combattants et de leurs familles ont commencé lundi à Douma.

Mardi, à la mi-journée, au moins six bus avaient été réquisitionnés pour transporter des rebelles et leurs familles, selon un correspondant de l’AFP. L’agence officielle Sana évoque « plusieurs bus ».

Ces véhicules devaient ensuite se regrouper sur une autoroute en périphérie de Damas, stationnant de longues heures en attendant la fin des préparatifs, avant de prendre la route en direction du nord syrien.

« Divisions internes »

Le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, assure que le processus est ralenti par les divisions au sein de Jaich al-Islam, qui rassemble quelque 10 000 combattants.

« L’aile radicale du groupe refuse toujours l’accord d’évacuation », souligne M. Abdel Rahmane.

« Nous allons rester dans cette ville et nous n’allons pas partir. Que ceux qui veulent sortir sortent », a lancé Essam Al-Bouidani, le chef de Jaich al-Islam, dans une vidéo postée dimanche sur le compte YouTube du groupe, sans qu’il ne soit possible de déterminer quand elle a été filmée.

Lundi soir, après une longue journée d’attente, plus de 1 100 personnes, des rebelles et leurs familles, ont quitté la Ghouta pour rejoindre Jarablos, une ville du nord syrien tenue par des insurgés pro-Ankara, selon Sana.

De la fumée suite aux bombardements du gouvernement syrien d’Arbin, dans l’enclave détenue par les rebelles de la Ghouta orientale, le 10 mars 2018 (Crédit : AFP PHOTO / Ammar SULEIMAN)

En prenant le contrôle de Douma, le régime d’Assad va parachever sa victoire dans la Ghouta orientale, devenue sa priorité en début d’année. Contrôlant depuis 2012 cette région autrefois appelée « le verger de Damas », les rebelles tiraient régulièrement roquettes et obus meurtriers sur la capitale.

La région, assiégée depuis 2013 par le pouvoir, comptait avant le début de l’offensive du régime quelque 400 000 habitants selon l’ONU, et connaissait de graves pénuries de nourritures et de médicaments.

Crainte de représailles

Face à l’avancée des forces prorégime sur le terrain, des dizaines de milliers de civils ont été obligés de fuir ces dernières semaines, n’ayant d’autres choix que de trouver refuge dans des secteurs gouvernementaux près de la capitale, malgré la crainte de représailles chez certains.

Plus de 40 000 personnes sont toutefois rentrées chez elles, dans des localités de la Ghouta reconquises par le régime, a annoncé mardi une source militaire citée par Sana.

Grâce à l’appui militaire de Moscou, le régime de Bachar al-Assad, également soutenu par l’Iran, a multiplié les victoires face aux rebelles et aux djihadistes, jusqu’à reprendre le contrôle de plus de la moitié du pays.

Le pouvoir de Damas ne cache pas sa détermination à reconquérir l’intégralité de la Syrie, même si le conflit s’est transformé au fil des ans en une guerre complexe, impliquant plusieurs belligérants locaux, mais aussi des puissances étrangères sur un territoire morcelé.

De vastes pans de territoires échappent ainsi encore au régime d’Assad. La province d’Idleb (nord-ouest), où sont généralement envoyés les rebelles évacués d’autres territoires, mais aussi celle de Deraa (sud), où des insurgés et des djihadistes sont très présents. De même que le nord-est, dominé par la minorité kurde.

Mercredi, un sommet trilatéral consacré à la Syrie aura lieu dans la capitale turque entre les chefs d’Etat russe, iranien et turc, dont les pays se sont imposés comme les maîtres du jeu dans ce conflit ayant fait plus de 350 000 morts en sept ans.

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