Grâce à cette technologie israélienne, ce « grand-père » ne renverse plus son café
Will Irwin, un chef d'entreprise de 72 ans originaire de l’État de New York, a arrêté de trembler de la main gauche après avoir reçu un traitement israélien
Quand les tremblements de la main de Will Irwin, PDG et propriétaire d’une entreprise de télé-médecine basée à Rochester dans l’État de New York, se sont aggravés, un ami lui a recommandé une technologie israélienne qui utilise des ultrasons pour réduire les tremblements liés à la maladie de Parkinson.
Il a commencé par faire le tour des États-Unis pour voir qui utilisait la technologie. Puis, par l’intermédiaire d’une connaissance en Israël, Jonathan Wiesen, en charge des investissements médicaux dans le fonds d’investissement à risque OurCrowd, basé à Jérusalem, Will Irwin est entré en contact avec le professeur Gordon Baltuch, un professeur de neurochirurgie à l’Université de Pennsylvanie. Ce dernier utilisait la technologie développée par la startup israélienne Insightec pour traiter des patients.
Insightec a mis au point une technologie non invasive qui utilise des rayons ultrasons concentrés à haute intensité afin de soulager des pathologies comme le tremblement essentiel, qui cause le tremblement involontaire de la tête, de la main et de la voix, et la maladie de Parkinson, qui entraîne des mouvements incontrôlés de différents endroits du corps. Les deux pathologies affectent les vies de millions de personnes dans le monde, en transformant des gestes simples, mais fondamentaux, en tâches difficiles à réaliser.
Le tremblement essentiel, un trouble neurologique qui a habituellement une nature héréditaire, affecte plus de 41 millions de personnes dans le monde. On pense que la maladie provient d’une partie du cerveau appelée point VIM – le nucleus ventral intermédiaire – qui est responsable de la coordination et du contrôle de l’activité musculaire.
Pour atténuer les symptômes, Insightec a développé un traitement qui permet aux neurochirurgiens de réaliser une chirurgie du cerveau sans incision afin de réduire les tremblements liés à ces pathologies.
L’opération est réalisée en utilisant un appareil de l’entreprise, Exablate Neuro, qui combine deux technologies : l’ultrason à haute intensité et l’imagerie par résonance magnétique (IRM).
Dans la procédure, les rayons ultrasons concentrés à haute intensité, qui passent à travers la peau, les muscles, la graisse et les os, sont utilisés pour générer de la chaleur et retirer le point VIM, entraînant une réduction globale du tremblement.
« Je ne pouvais pas manger sans renverser, boutonner ma chemise, ou utiliser le clavier de mon téléphone », expliquait Will Irwin la semaine dernière dans un entretien avec le Times of Israël en marge de la conférence OurCrowd à Jérusalem, où il a partagé son histoire avec le public. OurCrowd a investi dans Insightec.
« Je ne pouvais pas boire de café, et mes petits-enfants me demandaient toujours ‘grand-père, pourquoi tu renverses tout le temps ton verre ou ta tasse ?' », a-t-il commenté. Il était devenu « impossible » de participer à des réunions d’affaires où l’on servait de la nourriture, a-t-il noté.
L’homme de 72 ans a donc pris rendez-vous avec Gordon Baltuch pour voir s’il répondait aux critères du traitement, et son dossier a été accepté. « En 30 secondes, j’ai su que je répondais aux critères, parce que le tremblement était vraiment fort », explique l’intéressé.
Il a ensuite prévu une intervention, « dès que possible ».
La veille de l’intervention, des médecins ont réalisé un scanner de son cerveau pour savoir si le rayon d’ondes sonores pouvait pénétrer son crane et pour avoir des détails sur sa forme, sa densité et son épaisseur. Des images préliminaires d’IRM ont également été prises afin d’identifier l’endroit précis des voies neuronales qui causaient les tremblements.
« Ils vous mettent dans une IRM et cartographient les voies neuronales dans le cerveau qui causent le tremblement essentiel », décrit-il. « Et avec l’onde sonore à haute énergie, ils brûlent les voies neuronales en utilisant un cadre, comme un casque, qui émet les rayons. »
« J’étais conscient pendant toute la durée de la procédure », a-t-il dit. « Je ne sentais rien, même s’ils ne m’avaient donné qu’un sédatif très léger. Ils m’ont aussi parlé et m’ont fait écrire quelque chose, pour voir si j’avais retrouvé mes capacités d’écriture. Et c’était le cas. »
« Maintenant, je peux écrire normalement, a-t-il dit. Il a signé son nom, « Will Irwin » sur un calepin jaune. « J’étais très loin de pouvoir y arriver », a-t-il souligné avec fierté, en montrant le résultat, légèrement tremblant, mais clairement lisible.
Le Dr Baltuch a traité environ 70 patients avec la technologie Insightec.
« C’est un traitement fantastique, a-t-il assuré au Times of Israël. Les résultats sont très bons, à la fois pour le tremblement essentiel et pour Parkinson. »
« Les recherches montrent une amélioration de 50 % des tremblements ; je vois quelque chose proche des 80 % », constate le médecin.
Il utilise depuis des années un traitement pour la maladie de Parkinson et le tremblement essentiel appelé simulation cérébrale profonde, une chirurgie qui consiste en l’implantation d’un appareil à l’intérieur du cerveau qui délivre des impulsions électriques sur les tissus.
La stimulation cérébrale profonde est un traitement efficace, fait savoir Gordon Baltuch, qui a réalisé la procédure environ 1 000 fois. Mais il y a des inconvénients. C’est invasif et cela ne marche pas pour tout le monde, comme les personnes qui prennent des médicaments immunosuppresseurs.
Will Irwin, qui souffrait de tremblements principalement à sa main gauche qu’il utilise pour écrire, a subi l’intervention pour un seul côté de son cerveau. En effet, l’autorisation de mise sur le marché accordée par la FDA, l’agence américaine du médicament, à Insightec permet seulement de soigner un tremblement unilatéral, ou le tremblement d’un seul côté du corps. Son côté droit tremble aussi un peu maintenant, mais ce n’est pas aussi fort que pour le bras gauche, avant l’intervention.
Il a passé une nuit à l’hôpital, et le lendemain son visage avait un peu enflé. Il avait aussi un léger mal de tête qui « s’est progressivement estompé au cours du week-end ». Lundi matin, il était de retour au travail, et « ne tremblait plus ».
« Je ne pouvais même pas tenir un crayon sur une feuille de papier », a-t-il noté. Il est venu en Israël pour inciter les gens à faire l’intervention et a également investi dans des entreprises comme Insightec. « Je voudrais aussi m’adresser à tout le monde aux États-Unis afin d’encourager le développement de cette technologie et d’autres nouvelles choses », a-t-il dit.
En outre, sa mutuelle a accepté de lui rembourser une partie du coût de la procédure, a-t-il insisté. « L’hôpital m’a dit que j’étais probablement le premier patient à avoir été remboursé par la mutuelle », a-t-il fait remarquer.
Avant de subir l’intervention, il a fait de nombreuses recherches et a contacté d’autres patients qui étaient déjà passés par là. Ils ont tous déclaré qu’ils n’avaient pas eu de réapparition des symptômes de tremblement, a-t-il noté.
Il était pourtant « inquiet » parce qu’il n’y avait pas de chiffres précis sur le suivi des patients.
« J’étais inquiet de la procédure, mais aussi motivé », a-t-il reconnu. Sa femme était aussi nerveuse, mais elle était « très contente pour [lui] ».
Le Dr Baltuch indique qu’environ 150 patients sont sur liste d’attente pour le traitement d’Insightec. Il a obtenu un taux de réussite de 80 % avec la procédure.
« Les gens préfèrent cela. Ils ne veulent pas d’incision », a-t-il souligné.
La nouvelle procédure a ses revers. Non seulement elle ne peut traiter les tremblements que d’un côté du corps du patient à cause des réglementations de la FDA, mais le patient doit se raser les cheveux, et la procédure ne fonctionne pas systématiquement avec certains patients dont le crâne est trop épais ou de forme irrégulière.
Insightec a été fondé en 1999 et a son quartier général à Tirat Carmel, en Israël, avec des bureaux à Dallas, Miami, Tokyo et Shanghai.
La technologie d’Insightec a obtenu l’autorisation de la FDA en 2016 et 2018.