Haïfa : Une mère tuée à son domicile alors que ses enfants étaient présents
L'ex-mari de Maysir Othman, 27 ans, est soupçonné dans ce meurtre ; neuf femmes arabes auraient été tuées dans des crimes violents cette année, selon une association
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Une mère de quatre enfants a été tuée par balle à son domicile de Haïfa alors qu’au moins deux de ses enfants étaient présents sur place. Il s’agit du dernier cas meurtrier de violences conjugales dans le pays et au sein de la communauté arabe.
Il est impossible de dire pour le moment si les enfants ont vu Maysir Othman, 27 ans, être prise pour cible par l’homme armé qui l’a tuée dans son appartement de la rue Gush Etzion, dans cette ville portuaire du nord du pays.
Les personnels médicaux sont arrivés sur les lieux après les coups de feu signalés par les voisins aux services de secours. Ceux-ci ont prononcé sa mort sur les lieux. La police a ouvert une enquête et elle recherche actuellement des preuves médico-légales.
La Douzième chaîne a noté que l’ex-mari d’Othman, qui habite également la ville, est soupçonné dans ce dossier.
Les résidents locaux ont déclaré au site Ynet que « les gens qui ont aperçu le tireur ont peur de parler. Tout le monde garde le silence ».
La police a expliqué qu’aucune plainte n’avait été déposée pour violences conjugales par Othman contre son ex-mari ou contre son dernier partenaire, selon Ynet.
Un voisin a indiqué à la presse israélienne qu’Othman était « une très bonne voisine, tranquille, qui était l’amie de tout le monde ».
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— Ruth Wasserman Lande רות וסרמן לנדה (@rutilande) June 30, 2021
La députée de Kakhol lavan Ruth Wasserman Lande a déclaré que la jeune femme était malheureusement devenue une nouvelle « triste et tragique statistique ».
« Nous ne devons pas rester indifférents à ce phénomène terrible » de la violence conjugale, a écrit Wasserman Lande sur Twitter, appelant à un nouveau travail renforcé de sensibilisation sur le sujet.
« C’est notre devoir moral ! », a-t-elle écrit.
Le député Ofer Cassif, de la Liste arabe unie – un parti à majorité arabe – a indiqué que la police et le système judiciaire assumaient une part de responsabilité dans la mort de la femme.
« Sans ôter sa culpabilité à ce tueur haineux, nous devons demander à la police, aux procureurs et aux tribunaux qui détournent de manière répétée le regard face aux violences faites aux femmes en général et au sein des familles en particulier d’assumer leurs responsabilités », a écrit Cassif sur Twitter.
« Le meurtre de Maysir Othman sous les yeux de ses propres enfants brise le cœur », a commenté pour sa part Abraham Initiatives, un groupe qui fait campagne contre les violences dans la société arabe.
Selon l’organisation, huit femmes arabes ont été tuées dans la communauté depuis le début de l’année.
Au total, 41 citoyens arabes ont été tués dans le pays cette année dans un crime violent, a indiqué le groupe. Il a noté que 25 de ces victimes étaient âgées de moins de 30 ans.
Le groupe a déploré qu’un budget approuvé en 2018 pour une campagne nationale contre les violences conjugales n’ait pas encore été utilisé jusqu’à présent.
« Dans l’intervalle, environ 20 femmes ont été assassinées, chaque année, en Israël, et plus de la moitié d’entre elles étaient Arabes », a-t-il continué, notant que 45 % des femmes qui vivent dans des refuges sont Arabes, même si la communauté ne représente qu’un cinquième de la population totale.
Le groupe Abraham Initiatives a appelé le gouvernement à « immédiatement financer le plan du gouvernement en vue d’une campagne contre les violences conjugales ».
« Dans la mesure où le phénomène est particulièrement grave dans la société arabe, il faut offrir des solutions spécifiques aux femmes arabes qui souffrent de violences liées à leur sexe en plus de solutions visant à traiter et à prévenir le passage à l’acte des hommes violents », a poursuivi l’association.
Un rapport du contrôleur de l’État diffusé mercredi a révélé qu’entre 2017 et 2020, seuls 128 millions de shekels sur les 300 millions nécessaires pour mettre en œuvre la campagne nationale de prévention des violences conjugales avaient été fournis.
Il y a eu une augmentation notable des cas de violences conjugales pendant la crise de la COVID-19, a fait remarquer le rapport.
Au mois de mai de l’année dernière – après la mise en place de restrictions sur la vie publique et de confinements qui ont amené des centaines de milliers de personnes à perdre leur emploi – les signalements de cas de violences conjugales ont fait un bond de 800 % par rapport à la même période, l’année précédente.
En 2019, cinq femmes avaient été tuées par leur conjoint. Un chiffre qui a bondi à 13 en 2020, selon le rapport.
Mercredi matin, la police a fait savoir qu’un résident arabe de Jérusalem-Est était inculpé pour le meurtre de sa sœur, à Eilat. Il l’a tuée parce qu’il aurait désapprouvé son mode de vie.