Haley: Après le vote sur le Hamas à l’ONU, Trump a suggéré de couper des fonds
'Contre qui devons-nous être en colère ? Contre qui dois-je hurler ?' s'est exclamé le président américain après le rejet d'une motion condamnant le groupe terroriste, selon Haley

L’ambassadrice aux Nations unies Nikki Haley a indiqué que suite à l’échec de Washington à faire adopter une résolution condamnant le Hamas au sein de l’Assemblée générale cette semaine, le président Donald Trump a suggéré de couper les fonds versés aux pays qui n’ont pas coopéré et qu’il a demandé : « Contre qui devons-nous hurler ? »
Tandis que le projet de résolution soutenu par les Etats-Unis a obtenu une majorité confortable lors du vote, elle a échoué à glaner la majorité des deux-tiers nécessaire pour être définitivement adoptée. 87 pays se sont prononcés en sa faveur et 57 s’y sont opposés. Onze pays se sont abstenus et 23 autres étaient absents.
La chaîne Hadashot a diffusé samedi une vidéo de Haley s’exprimant à sa mission aux Nations unies au cours d’une cérémonie d’allumage de bougies organisée jeudi pour Hanoukka, juste après l’issue du vote.
« Le président a appelé et il m’a dit : ‘Nikki, que s’est-il passé ?’. Je lui ai raconté et il m’a répondu ‘Contre qui devons-nous être en colère ? Contre qui devons-nous hurler ? A qui retirerons-nous de l’argent ? »
Elle a alors ajouté avec un sourire : « Je ne vais pas vous dire ce que je lui ai dit moi-même ».

Haley a pourtant tenté de dépeindre ce vote comme un triomphe. « 87 pays ont déclaré que le Hamas était un problème. Le vent a changé de direction. C’est un jour nouveau à l’ONU », a-t-elle commenté.
Haley, qui quittera son poste à la fin de l’année et sera remplacée par Heather Nauert, actuelle porte-parole du Département d’Etat, a reçu des mains de l’envoyé israélien à l’ONU Danny Danon une mezuzah juive faite à partir d’un morceau de roquette lancé vers Israël depuis Gaza.
Les responsables israéliens ont pour leur part salué le vote de jeudi, estimant qu’il témoignait d’un large soutien en faveur de leurs prises de position contre le groupe terroriste qui, depuis des années, prend pour cible Israël à l’aide de roquettes, de bombes et autres attaques.
« Aujourd’hui, nous avons atteint une pluralité. Une pluralité qui se serait transformée en majorité si le vote n’avait pas été détourné par une initiative politique de procédure », a commenté Danon à l’issue du vote. « Mais avec une voix forte, unie et courageuse, nous avons traduit en justice le Hamas. Je le dis aux Etats-membres qui ont rejeté cette résolution : Vous devriez avoir honte ».
La résolution, intitulée « Activités du Hamas et autres groupes militants à Gaza », aurait permis de condamner le Hamas pour « des tirs répétés de roquettes en Israël et pour incitation à la violence, mettant la vie de civils en danger ». Elle aurait été la toute première mesure de l’Assemblée générale à viser spécifiquement le groupe terroriste, gouvernant de facto de la bande de Gaza.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est également réjoui de voir 87 pays avoir voté pour la mesure, notant que c’était la première fois qu’une telle majorité prenait « une position de principe contre le Hamas ».
Le Hamas, considéré comme un groupe terroriste par Israël, l’Europe, les Etats-Unis et d’autres nations, a qualifié l’échec de l’adoption de cette résolution de « gifle » à l’administration Trump.
Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a également salué ce résultat, malgré son engagement dans une rivalité intra-palestinienne amère avec le Hamas au sujet du contrôle de Gaza. « La présidence a remercié tous les Etats qui ont voté contre la résolution américaine, affirmant en cela qu’ils n’autoriseraient pas la condamnation du combat national palestinien », a fait savoir un communiqué de l’agence de presse de l’AP, Wafa.
Les leaders du Hamas s’étaient embarqués dans une campagne diplomatique pour glaner les soutiens contre la résolution dans les jours qui avaient précédé le vote, le chef du groupe terroriste Ismail Haniyeh lançant un appel aux pays arabes, envoyant une lettre aux Nations unies et autres.
Parmi les pays qui ont voté contre la mesure, la Chine et la Russie, tandis que l’Inde s’est abstenue – même si cette dernière a forgé récemment des liens plus chaleureux avec l’Etat juif. La résolution a été largement saluée en Europe et sur le continent américain, notamment par l’Argentine et le Brésil.
Dans sa présentation de la résolution, Haley avait demandé aux Etats-membres de mettre de côté leur point de vue sur un potentiel accord de paix israélo-palestinien, leur demandant de simplement se positionner contre le terrorisme.
« Aujourd’hui peut être une journée historique aux Nations unies », avait-elle dit. « L’Assemblée générale a adopté plus de 700 résolutions qui condamnent Israël. Et pas une seule condamnant le Hamas. Et cela, plus que toute autre chose, est une condamnation en soi des Nations unies ».
La résolution de Haley avait une première fois semblé vouée à l’échec lorsque la Bolivie et plusieurs États arabes avaient demandé, avant le vote, que ce dernier nécessite une majorité des deux tiers.
La cheffe de l’Assemblée générale, María Fernanda Espinosa, expliquant que plusieurs autres délégations étaient venues faire la même demande, avait statué d’un vote sur le sujet qui avait été adopté à 75 voix contre 72. Vingt-six États s’étaient abstenus.
La résolution demandait que « le Hamas et autres entités militantes incluant le Jihad islamique palestinien cessent toutes les provocations et activités violentes dont le recours à des engins aériens incendiaires. »

Le projet final condamnait aussi « la construction d’infrastructures militaires [par le Hamas], y compris de tunnels pour des infiltrations en Israël et d’équipements permettant de lancer des roquettes dans des zones civiles ».
La résolution avait été présentée quelques semaines après que le Hamas et d’autres groupes terroristes ont lancé plus de 400 roquettes vers Israël au cours d’une flambée de violences de deux jours contre l’Etat juif.
Le projet de résolution avait également appelé toutes les parties « à respecter pleinement le droit humanitaire international », notamment en ce qui concerne la protection des populations civiles.
Il encourageait « des démarches tangibles en faveur de la réconciliation intra-palestinienne », ainsi que des « initiatives concrètes visant à réunir la bande de Gaza et la Cisjordanie sous le contrôle de l’Autorité palestinienne et à garantir un fonctionnement efficace dans la bande de Gaza ».
Les diplomates européens avaient demandé – ce qu’avaient accepté les Américains – l’insertion d’une clause établissant qu’un futur accord de paix palestinien devait « être conforme au droit international et s’inspirer des résolutions concernées votées par l’ONU ».
Toutefois, le texte ne contenait aucune mention explicite de la solution à deux Etats, même si c’est le cas de pratiquement toutes les résolutions qui ont été adoptées récemment à l’ONU sur le sujet.
Les résolutions de l’Assemblée générale sont non-contraignantes mais elles ont un poids politique et elles sont considérées comme le baromètre de l’opinion mondiale.
Avant le vote, Haley, qui doit quitter son poste dans les semaines qui viennent, avait envoyé un courrier à toutes les missions des Nations unies pour établir clairement que « les Etats-Unis prennent l’issue de ce vote très au sérieux ».
L’AFP, Raphael Ahren et Adam Rasgon ont contribué à cet article.
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