Hena, une yézidie de deux mois, entre en Israël pour une opération vitale
L'enfant, originaire de l'Irak, est arrivée à l'hôpital Sheba ; huit bébés kurdes devraient venir se faire opérer en urgence dès mardi
Après des retards bureaucratiques et après avoir été dans l’incapacité de pénétrer en Israël pour une intervention chirurgicale d’urgence pour cause de restrictions imposées dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, Hena, une toute petite fille yézidie originaire du Kurdistan irakien, a pu finalement entrer jeudi dans le pays.
A l’atterrissage de son avion, l’enfant, âgée de deux mois, a été immédiatement transférée à l’hôpital Sheba, près de Tel Aviv, où elle a été prise en charge.
Le mois dernier, le Times of Israel avait révélé les instructions changeantes et complexes données par les ministères de l’Intérieur, des Affaires étrangères et par l’Autorité de la Population et de l’immigration à l’organisation humanitaire chrétienne Shevet Achim, qui fait venir en Israël les enfants originaires des pays arabes voisins pour y être soignés.
Ce renvoi de responsabilité incessant des bureaucrates avait impliqué que Hena et huit enfants kurdes n’avaient pas pu entrer en Israël – même si l’hôpital Sheba avait envoyé des demandes officielles réclamant qu’une autorisation d’accès au territoire leur soit délivrée. Il y a plus d’un mois, les médecins de l’hôpital Sheba avaient expliqué à la famille de Hena qu’elle devait subir une opération en urgence dans les deux semaines qui suivaient, la survie de la petite fille étant en jeu le cas échéant.
Israël a interdit l’entrée des étrangers dans le pays aux non-citoyens en raison de la pandémie, avec des exceptions faites dans certains cas humanitaires.
Hena est née le 21 janvier au Kurdistan irakien avec de nombreuses complications médicales – et notamment avec une atrésie pulmonaire, une défaillance cardiaque où le transfert du sang ne s’effectue pas correctement dans les poumons, entravant en conséquence la circulation de l’oxygène. Cette maladie mettait en péril sa toute jeune vie.
Son oncle l’a accompagnée au sein de l’État juif.
« Nous sommes reconnaissants à l’égard de l’État d’Israël qui nous aide dans ces circonstances difficiles », a commenté le père de Hena auprès du Times of Israël, s’exprimant depuis un camp de réfugiés situé aux abords de Duhok, en Irak. « Nous vous remercions, vraiment. Pour nous, la famille de Hena, c’est un bonheur infini de la savoir là-bas ».
« Quand elle est enfin arrivée à l’hôpital, nous avons été heureux », a-t-il continué, soulignant que « les médecins font tout leur possible pour la soigner enfin ».
Hena est l’un des neuf bébés originaires du Kurdistan irakien dont les demandes d’entrée sur le territoire israélien, où ils devaient subir des interventions chirurgicales d’urgence, avaient été rejetées au mois de mars, les bureaux gouvernementaux se renvoyant mutuellement la responsabilité de l’approbation de leurs candidatures. Quatre enfants souffrent d’une transposition des gros vaisseaux – une maladie mortelle où les artères qui sont principalement chargées de transporter le sang depuis le cœur sont inversées. Cette maladie peut être vaincue grâce à une opération réalisée sur les nouveaux-nés dans les deux premiers mois de leur vie.
Après Hena, les huit autres enfants devraient arriver depuis la Jordanie dans la journée de mardi, selon Jonathan Miles, fondateur de Shevet Achim.
Miles lui-même n’a toutefois pas obtenu la permission d’entrer en Israël aux côtés des enfants et des membres des familles. Les familles kurdes devront franchir seules la frontière avec la Jordanie, et elles seront accueillies, du côté israélien, par les bénévoles de Shevet Achim.
Miles remercie la députée sortante de Kakhol lavan, Michal Cotler-Wunsh, et ses assistants pour leur intervention auprès des autorités israéliennes, qui a permis de sortir de l’impasse bureaucratique.
« C’est grâce au travail de son bureau que ces… enfants peuvent enfin entrer en Israël. Ce qui nous encourage à demander aux Israéliens de s’impliquer directement dans cette lutte visant à faire venir ces enfants en Israël. Nous les considérons comme les principaux responsables de cette décision et nous, bénévoles étrangers, nous n’assumons qu’un tout petit rôle de soutien », explique-t-il.
Toutes les demandes de l’organisation humanitaire n’ont toutefois pas été acceptées. La Commission chargée des dérogations permettant de pénétrer sur le territoire israélien a rejeté les candidatures de neuf bénévoles de Shevet Achim, qui voulaient entrer au sein de l’État juif.
« Nous avons 17 familles en Israël qui sont là pour des soins et seulement six bénévoles sur place », déplore Miles. « Neuf autres travailleurs attendent depuis trois mois l’autorisation de venir. Nous viendrons en nous plaçant strictement à l’isolement à notre arrivée, et nous demandons respectueusement cette permission d’entrée de manière à pouvoir soutenir le personnel médical dans son travail. »
La Commission a répondu à une demande déposée par un bénévole en date du 18 mars, établissant que « nous avons conclu que la candidature telle qu’elle a été soumise doit être rejetée pour les raisons suivantes : Votre requête ne répond pas aux critères établis et, en particulier, ne reflète pas un besoin humanitaire ou une nécessité personnelle particulière qui justifierait l’approbation de votre dossier. Nous espérons que nous arriverons vite à bout de la crise actuelle et des nombreux défis qui se posent dans ce cadre et que nous serons en mesure de revenir à une situation normale ».
Depuis plus de deux décennies, Shevet Achim a permis à des centaines d’enfants palestiniens, jordaniens, irakiens et syriens d’être soignés dans les hôpitaux israéliens. Le groupe travaille en proche collaboration avec le groupe Save A Child’s Heart à l’hôpital Wolfson à Holon et, plus récemment, avec des médecins et des infirmiers de l’hôpital Sheba.
Depuis le 25 janvier, Israël a lourdement restreint l’entrée dans le pays via ses frontières terrestres et aériennes, y compris pour les citoyens, tentant d’empêcher les variants du coronavirus, qui se propagent rapidement, de pénétrer dans le pays. La Commission des dérogations dirigée par le gouvernement a été établie pour accorder des autorisations au cas par cas aux personnes désireuses d’entrer en Israël, même si l’instance a été âprement critiquée pour son processus décisionnaire opaque et qu’elle a été accusée d’avoir approuvé des demandes pour des raisons purement politiques.
Aaron Boxerman a contribué à cet article.
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