Herzi Halevi ordonne l’ouverture d’une enquête interne sur les échecs pré-7 octobre
Les investigations lancées par les commandants auront pour objectif de tirer des conclusions opérationnelles pour les soldats, tenant à l'écart les politiques ; elles devraient durer plusieurs mois avec les combats en cours
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

L’armée israélienne commencera à enquêter sur les échecs opérationnels qui ont permis au massacre commis par le Hamas, le 7 octobre, d’avoir lieu après que le chef d’état-major Herzi Halevi a décidé, lundi, de ne pas attendre la fin de la guerre pour examiner les manquements de Tsahal, a appris le Times of Israel.
Les investigations, qui devraient commencer dans quelques jours, visent à tirer des conclusions opérationnelles dont se serviront les militaires et elles ne porteront pas sur les politiques des dirigeants israéliens, évitant ainsi un conflit avec les leaders du gouvernement qui ont insisté sur le fait qu’une enquête devait attendre la fin de la guerre contre le Hamas.
Les commandants des unités qui sont considérées comme impliquées dans l’échec, de la part de l’armée, à déceler les signes avant-coureurs de l’attaque du Hamas ou à anticiper de manière appropriée le massacre, en matière de préparation, enquêteront sur les défaillances et ils détermineront ce qui devra être mis en place pour éviter que de telles erreurs n’en viennent à se reproduire à l’avenir.
L’Administration des opérations, le Commandement du sud, la Division de Gaza et l’unité 8200 de l’administration des Renseignements militaires, qui est en charge du renseignement électromagnétique, figurent parmi les unités concernées.
Environ 3 000 terroristes du Hamas avaient franchi la frontière séparant la bande de Gaza du sud d’Israël, le 7 octobre, lançant une attaque meurtrière d’une ampleur sans précédent. L’armée avait eu des difficultés à organiser sa riposte, les bases situées à proximité de la frontière ayant été prises d’assaut par les hommes armés et la chaîne de commandement ayant apparemment été rompue dans un contexte de chaos.
Le massacre avait fait 1 200 morts. 253 personnes avaient été kidnappées, prises en otage à Gaza, et les communautés avaient été dévastées. La majorité des victimes étaient des victimes civiles.
En guise de réponse, Israël a lancé une campagne militaire dont l’objectif est de détruire le Hamas et de garantir la remise en liberté des otages. Plus d’une centaine sont encore retenus en captivité dans la bande de Gaza.

Les investigations seront internes et n’auront aucun lien avec les enquêtes externes qui examineront la conduite de l’armée dans la période qui a précédé le 7 octobre et qui sont actuellement en suspens. Ce projet d’enquête indépendante a entraîné les protestations des responsables du gouvernement, qui craignent apparemment que des critiques soient formulées à leur encontre.
Fin janvier, Halevi avait fait savoir que des enquêtes externes ne seraient lancées qu’à la fin de l’examen interne sur les manquements.
Les investigations devraient durer plusieurs mois et elles seront menées en même temps que les combats qui sont actuellement en cours dans la bande de Gaza. Tout développement majeur dans le cadre du conflit pourrait ainsi ralentir l’enquête.
Le contrôleur de l’État, Matanyahu Englman, a fait savoir, lui aussi, qu’il prévoyait de se pencher sur la conduite du gouvernement. Halevi, de son côté, lui a demandé d’attendre pour lancer ces deux enquêtes.
Dans un courrier adressé à Englman, Halevi a fait savoir que « l’audit va distraire l’attention des commandants, une attention qui doit se concentrer sur les combats ; il nuira aux capacités d’investigations opérationnelles et il ne permettra pas de tirer les leçons nécessaires pour atteindre les objectifs de la guerre ».

En plus de cette annonce des enquêtes, Halevi a aussi ordonné la reprise des nominations à des postes de haut-commandement – elles étaient en pause depuis le 7 octobre, selon des informations qui ont été obtenues par le Times of Israel.
Dans les semaines à venir, l’état-major prévoit de promouvoir des officiers aux grades de général de brigade et de colonel, en les déployant à des postes de commandant de division, de commandant de brigade ou à la tête de départements de premier plan.
Les discussions sur les nominations aux grades de lieutenant-colonel et de major auront lieu à une date ultérieure.
L’armée ne nommera aucun nouveau commandant à des fonctions considérées comme sensibles et liées aux enquêtes.