Hilik Bar porte plainte contre Oren Hazan pour incitation à la violence
Le député de l'Union sioniste a fait appel à la police après que l'élu du Likud a publié une image du directeur de B'Tselem Hagai El-Ad avec la légende "Recherché mort ou vif"
Le parlementaire Hilik Bar, issu de la faction d’opposition de l’Union sioniste, a porté plainte dimanche auprès de la police israélienne et de la commission d’Ethique de la Knesset après qu’Oren Hazan, député du Likud, a publié sur les réseaux sociaux l’image d’un éminent activiste des droits de l’Homme avec la mention « Recherché mort ou vif ».
Bar a estimé que le cliché, qui comprenait, écrite en espagnol, un montant d’argent en récompense, s’apparentait à une « incitation au meurtre et à la violence ».
Dans un tweet, Bar a fait savoir qu’il avait porté plainte malgré ses désaccords avec le discours prononcé devant les Nations unies par le directeur de B’Tselem, Hagai El-Ad, la semaine dernière, au cours duquel il a critiqué les politiques israéliennes mises en oeuvre contre les Palestiniens, les comparant à l’Afrique du sud à l’ère de l’apartheid et encourageant la communauté internationale à passer à l’action au nom des Palestiniens.
Bar a noté que le post publié par Hazan avait coïncidé avec l’anniversaire de l’assassinat, en 1995, du Premier ministre Yitzhak Rabin.
נדרשת עזרת הציבור באיתור מבוקש!חגי אלעד, מנכ"ל "בשקר" (בצלם), הבוגדני שפעם אחר פעם מסתובב בעולם במטרה אחת – להכפיש…
Posted by אורן חזן – Oren Hazan on Friday, October 20, 2017
Dans sa publication, Hazan indiquait qu’il prévoyait d’attendre à l’aéroport le « traître » El-Ad lors de son retour des Etats-Unis, et qu’il voulait le livrer à la police en vue d’un interrogatoire.
« Mes chers, ce coup-ci, le traître a franchi la ligne rouge. Tous ceux qui savent où il se trouve et l’heure de son arrivée en Israël, tenez-moi au courant », avait écrit Hazan.
Durant son allocution – la toute première jamais faite devant une session officielle du Conseil de sécurité – El-Ad s’est focalisé sur les politiques d’implantation israéliennes, accusant le gouvernement de « séparer un peuple entier, de fragmenter sa terre et de perturber son existence ».
S’exprimant en anglais, El-Ad s’est livré à des analogies entre la situation dans les Territoires palestiniens, le sud des Etats-Unis sous les lois de Jim Crow et l’Afrique du sud sous le régime de l’apartheid raciste, notant que les Palestiniens n’ont pas de représentation au sein des institutions israéliennes qui gouvernent leurs existences.
L’ambassadeur israélien à l’ONU, Danny Danon, qui s’est également exprimé lors de la session, s’est directement adressé à El-Ad en hébreu alors qu’il prenait place aux côtés de l’ambassadeur palestinien aux Nations unies, Riyad Mansour.
« M. El-Ad, vous êtes un citoyen israélien au service de nos ennemis. Ils vous utilisent contre nous. Les soldats de l’armée israélienne vous protègent et vous êtes venu ici pour les incriminer », a dit Danon.
« Vous devriez avoir honte. Vous devriez avoir honte, minable collaborateur que vous êtes », a-t-il ajouté en regardant El-Ad.
El-Ad avait été invité par la Bolivie, qui occupe actuellement la présidence du conseil de Sécurité.
B’Tselem, une organisation de défense des droits de l’Homme qui documente les abus contre les Palestiniens, a fait savoir dans un communiqué que l’envoyé britannique au Conseil de sécurité avait critiqué Danon pour les propos qu’il avait tenus à El-Ad et pour n’avoir pas traduit ses paroles en hébreu au reste des ambassadeurs présents lors de la réunion. Il a précisé que les cinq pays européens du conseil avaient remercié B’Tselem pour l’apparition d’El-Ad.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré jeudi que le discours d’El-Ad était « scandaleux » et « truffé de mensonges ».
« Alors que nos soldats se préparent à défendre la sécurité d’Israël, le directeur de BTselem choisit de prononcer un discours mensonger à l’ONU pour tenter d’aider les ennemis d’Israël », a déclaré Netanyahu dans un communiqué.
« La conduite de B’Tselem est une honte qui restera dans les mémoires comme un épisode court et temporaire de l »histoire de notre pays », a-t-il ajouté.
Au début du mois, Hazan avait déjà suscité la controverse après avoir critiqué le mariage interconfessionnel entre la présentatrice arabe israélienne populaire Lucy Aharish et l’acteur juif Tsahi Halevi, star de la série « Fauda », qui a remporté un gros succès en Israël et à l’international.
Dans un tweet, Hazan avait dit : « Je n’accuse pas Lucy Aharish d’avoir séduit une âme juive afin de nuire à notre nation et d’empêcher notre descendance d’ancrer nos lignées juives. Au contraire, sa conversion sera la bienvenue ».
Il avait aussi accusé la star de « Fauda » de « s’islamiser » et déclaré que Halevi avait été allé trop loin dans son rôle dans le thriller politique. « Lucy, il n’y a rien de personnel, mais sache que Tzahi est mon frère et que le peuple d’Israël est mon peuple. L’assimilation, ça suffit ! », avait-il ajouté.