Histoire, mystère et ésotérisme au tombeau mythique du roi David à Jérusalem
Dans la cité de David à Jérusalem, les visiteurs découvrent des caveaux romains, une maison juive historique du 19e siècle et des fouilles révélant des trésors bibliques
Le tombeau du roi David aurait-t-il jamais été découvert sans un ressortissant finlandais à la personnalité excentrique et sans un ancien officier de l’armée britannique ?… Non, nous ne voulons pas parler ici de la tombe creusée sur le mont Sion, dont l’observation douteuse se fonde sur des traditions chrétiennes remontant au Moyen-Age. Ici, nous faisons référence à des tunnels et à des grottes, dans la Cité de David, qui correspondent de manière beaucoup plus nette aux descriptions bibliques. Ces réseaux de tunnels ont été révélés au jour lors de fouilles réalisées aux abords de Beit Meyuhas, une maison construite au 19e siècle par l’un des premiers Juifs à s’être installé hors des murs de la Vieille Ville.
Tout avait commencé lorsque Valter Henrik Juvelius avait rencontré le capitaine Montague Parker. Juvelius était un géomètre, poète et philosophe qui était en train de rédiger sa thèse de doctorat sur la chronologie de l’histoire juive. Obsédé par l’idée de localiser enfin l’arche sacrée qui avait été perdue et de mettre la main sur les trésors du Temple, il avait prévu d’organiser une expédition en Israël avec pour objectif de les retrouver. Une perspective qui avait vivement séduit Parker.
Parker était riche, noble – il était un ancien capitaine de l’armée britannique qui, probablement, s’ennuyait dans son nouveau quotidien. Selon certains récits, avant son départ, Parker avait assisté à une séance de spiritisme au cours de laquelle, dans un anglais parfait, le roi Salomon lui avait fait savoir où diriger ses recherches.
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Certains avaient déclaré que Juvelius lui-même avait affirmé avoir lu un livre secret, dans une bibliothèque encore plus secrète, qui lui avait révélé où se trouvaient les trésors. D’autres, comme Tal Chenya, maître de conférence, déclarent que Juvelius avait estimé que sa manière unique de lire entre les lignes de la Bible lui permettrait d’identifier le site.
Quoi qu’il en soit, Parker et Juvelius étaient parvenus à collecter une somme supérieure à 100 000 dollars auprès de leurs soutiens dans cette quête. Ils avaient pu ainsi verser des pots-de-vin à des responsables du gouvernement turc pour obtenir de la part du Pacha de Jérusalem l’autorisation d’entreprendre des fouilles dans ce qui est devenu aujourd’hui la Cité de David.
Rahamim Nathan Meyuhas, un boucher dont la famille, d’origine espagnole, était venue s’installer à Jérusalem en 1510, vivait là-bas. L’abattoir qu’il avait mis en place était ouvert avant l’aube et il se trouvait hors de la Vieille Ville, où Mehuyas habitait avec sa famille. Mais, dans la mesure où les portes de la Vieille Ville n’ouvraient qu’après le lever du soleil, l’homme avait pris la décision de s’installer à l’extérieur des murs.
En 1873, il avait choisi un site connu sous le nom de Cité de David, où les maisons étaient peu nombreuses. De l’autre côté du lit de la rivière Kidron, à Silwan, il y avait une implantation arabe, mais la famille Meyuhas allait être seule en s’installant dans l’unique habitation juive édifiée dans le secteur. Pour l’eau, il y avait le Shiloah, ou source de Siloam, et la famille cultivait tous les légumes et les fruits qu’elle consommait.
Nous sommes allés voir la maison Meyuhas historique lors d’une visite avec Chenya, qui officie régulièrement comme guide à la Cité de David. Il nous a expliqué que des relations chaleureuses et amicales s’étaient établies entre les Arabes et leurs nouveaux voisins juifs, que les occasions heureuses, comme les mariages et les fêtes, étaient célébrées ensemble – les Juifs apportaient de la matzah aux Arabes à Pessah, et les Arabes des plateaux de miel aux Juifs. Lors des mariages, les Arabes s’assuraient même que la famille Meyuhas pourrait se nourrir de produits casher.
Juvelius et Parker étaient arrivés en 1909. Ils avaient embauché plusieurs centaines d’ouvriers arabes et ils avaient clos une zone de la Cité de David, guère éloignée de la maison Meyuhas. Ils avaient ensuite commencé à creuser.
Les Juifs de Jérusalem s’étaient bien demandé quelle sorte d’activité douteuse avait lieu à l’abri des regards, à l’intérieur de la clôture. Le baron Edmond de Rothschild — banquier et philanthrope qui devait permettre l’installation précoce de nombreux Juifs sur la terre d’Israël – avait eu vent de la nature de l’initiative entreprise. Inquiet à l’idée que la couronne de Salomon et d’autres trésors puissent tomber entre les mains de non-Juifs, il avait décidé d’acheter la propriété sur laquelle les fouilles étaient en cours.
Parker était convaincu que ces trésors étaient enfouis quelque part sur le mont du Temple. En 1911, lorsqu’il était devenu évident que l’aventure touchait à sa fin, il avait versé un pot-de-vin au gardien du mont du Temple et, pendant une nuit particulièrement obscure, alors que personne n’était supposé être là, Parker et son équipe s’étaient habillés de manière à se faire passer pour des musulmans et ils avaient commencé à creuser en-dessous du Dôme du rocher – la pierre qui, selon certains, maintiendrait le monde.
Malheureusement pour Parker, leur solitude avait été de courte durée. Cette nuit-là, un habitant arabe de Jérusalem avait organisé une fête et il avait accueilli un si grand nombre d’invités qu’il avait dû trouver un endroit où dormir lui-même. Il avait opté pour le mont du Temple et, après y avoir accédé, il avait été à la fois choqué et surpris d’y trouver des gens en train de creuser sous les pierres.
Alors qu’il appelait à l’aide, Parker et les siens avaient pris la fuite et ils étaient partis pour Jaffa. Hélas, le télégraphe avait d’ores et déjà été inventé et les gendarmes de Jaffa avaient reçu pour instruction de fouiller leurs bagages.
Parker n’avait été nullement déconcerté. Il avait invité la police à monter sur son yacht où, avait-il dit, les agents pourraient explorer ses bagages à loisir. Puis Parker avait chargé le bateau, y embarquant un certain nombre de sacs, et il avait largué les amarres avant l’arrivée des forces de l’ordre. Les récits des journaux de l’époque avaient raconté qu’il avait emmené avec lui avec des trésors fabuleux, de la couronne de Salomon au bâton de Moïse.
En 1913, le baron Rothschild avait demandé à l’archéologue Raymond Weill de fouiller la propriété qui lui appartenait dorénavant dans la Cité de David. Weill, premier archéologue juif à avoir effectué des fouilles en Palestine, avait fait deux découvertes majeures. La première était une inscription trouvée dans les profondeurs d’une citerne. Écrite en grec, elle appartenait à une synagogue vieille de plus de 2 000 ans.
Cette inscription est attribuée à Théodotos, un prêtre juif qui dirigeait la synagogue. Elle évoque une synagogue fondée par ses aïeux, où la loi juive était lue et où les commandements bibliques étaient enseignés. Une salle servant à accueillir les visiteurs, une auberge et des structures d’eau sont aussi mentionnées. Une copie de l’inscription est à découvrir, aujourd’hui, à côté des cavités.
La seconde découverte avait été faite sur les coteaux qui surplombent le bassin de Siloam : Une carrière romaine, située à proximité d’un groupe de grottes qui auraient été utilisées comme tombes. Selon la bible, le roi David avait été inhumé « dans la Cité de David » (Livre 1 des rois, 2:10). Bien sûr, il est impossible de savoir aujourd’hui à quoi ressemblaient les tombeaux royaux à l’époque de David. Néanmoins, le livre de Néhémie, écrit au 5e siècle avant l’ère commune, les situe à peu près à l’endroit où Weill devait découvrir les caveaux.
Une fois que les Juifs avaient commencé à revenir à Jérusalem de leur exil à Babylone, ils avaient commencé à réparer les murs de la ville : « Schallum… fit de plus le mur du bassin de Siloam… jusqu’aux degrés qui descendent de la cité de David. Après lui Néhémie… travailla aux réparations jusque vis-à-vis des sépulcres de David ». (Néhémie, 3:15)
Suite à la découverte de Weill, et alors que les fouilles continuaient après la fin de la Seconde Guerre mondiale, il avait été demandé à la famille Meyuhas de quitter les lieux de manière à ce que les ouvriers puissent creuser sous l’habitation. Ils étaient partis – mais la maison était restée debout. Plus tard, les Arabes s’étaient installés dans la cité de David.
Après la mort de Rothschild, en 1934, le bien immobilier qu’il avait acquis a été transféré au Fonds national juif (JNF).
L’entrée à la Cité de David est de 28 shekels ; à moitié prix pour les Seniors, ses enfants et les soldats. Si vous pouvez retirer vos billets au guichet, il est préférable de les réserver à l’avance en appelant (en Israël) le 02-626-8700 ou *6033, ou en vous rendant sur le site internet de la Cité de David.
Aviva Bar-Am est l’auteure de sept guides en anglais sept guides en anglais.
Shmuel Bar-Am est guide touristique agréé qui organise des visites privées et personnalisées visites privées et personnalisées individuelles, familiales ou en petits groupes.
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