Honduras : Les propos antisémites passés du nouveau vice-président et de son épouse
Les analystes estiment néanmoins que Salvador Nasralla, d'origine palestinienne, ne parviendra pas à atténuer le sentiment pro-israélien fort dans le pays
JTA — Le nouveau vice-président du Honduras et son épouse ont des antécédents de propos antisémites – mais les responsables juifs de la région ne tirent pas pour autant la sonnette d’alarme.
Salvador Nasralla, d’origine palestinienne, qui a prêté serment en date du 27 janvier – Journée internationale de commémoration de la Shoah – avait ainsi déclaré au cours d’un débat, en 2019, que les Juifs contrôlaient la masse monétaire mondiale. Il avait aussi accusé auparavant le président sortant conservateur, Juan Orlando Hernandez, d’être placé sous le contrôle d’Israël.
Iroshka Elvir, l’épouse de Nasralla, miss Honduras en 2015, avait dû pour sa part présenter ses excuses devant le congrès Juif d’Amérique latine pour avoir estimé que « Hitler a été un grand dirigeant » au cours d’un entretien accordé en 2017 au journal El Heraldo.
Ces dernières années, le Honduras a été « l’un des alliés les plus forts d’Israël dans la région, en partie à cause du soutien apporté par les Évangéliques », commente Dina Siegel Vann, directrice de l’institut Arthur et Rochelle Belfer aux affaires latino-américaines au sein de l’AJC (American Jewish Committee). Hernandez avait relocalisé son ambassade à Jérusalem, l’année dernière, devenant l’un des rares leaders mondiaux à suivre l’exemple donné par l’ancien président américain Donald Trump.
Tandis que quelques organisations juives ont émis des communiqués concernant le vice-président, Siegel Vann affirme à JTA que « les positionnements et propos anti-israéliens » de Nasralla « n’ont eu, jusqu’à présent, aucun impact sur l’état actuel des relations bilatérales, par ailleurs excellentes ».
« De plus, le soutien américain est déterminant pour que le programme gouvernemental de la présidente Xiomara Castro réussisse – alors elle va tenter d’éviter une confrontation y compris sur la question d’Israël », poursuit Siegel Vann dans un courriel. « Il ne devrait pas y avoir de changement immédiat dans les relations mais c’est la manière dont le Honduras votera dans les instances multilatérales – ces dernières années, le pays s’est aligné sur les États-Unis et sur Israël – qui donnera une idée sur d’éventuels changements qui se profileraient à l’horizon ».
Il y a environ 200 Juifs au Honduras, où la population est de 8,5 millions de personnes.
La vice-présidente Kamala Harris a assisté à l’investiture de Nasralla et de la toute première présidente du Honduras, Xiomara Castro, une présence qui a été critiquée par certains de ses collègues à Washington.
Le représentant républicain du Nebraska Don Bacon, coprésident du nouveau Caucus sur la promotion des valeurs de la Torah – un caucus qui a été très critiqué – a ainsi déclaré au Daily Mail que compte tenu des propos antisémites passés de Nasrallah, Harris devait « très clairement établir » au nouveau gouvernement hondurien que les États-Unis éprouvaient de la « répugnance » pour l’antisémitisme.
Lee Zeldin, représentant républicain de New York, qui est Juif, a confié au Daily Mail qu’il « est complètement dégoûtant, inacceptable, de voir la vice-présidente des États-Unis assister à cette investiture et apporter, ce faisant, une légitimité à ce comportement, en particulier en cette journée d’hommage et de commémoration des six millions de Juifs et des millions d’autres qui ont été assassinés pendant la Shoah. »