Hongrie : Un palais lié à un scandale politique devient un camp de réfugiés juifs
Les Juifs ukrainiens fuyant l'invasion russe ont trouvé un asile dans une demeure construite pour accueillir 700 personnes, avec une cuisine casher pour en nourrir bien davantage
- Des femmes préparent des repas casher dans un camp pour les réfugiés juifs ukrainiens à Balatonőszöd, en Hongrie, au mois de juin 2022. (Autorisation : EMIH)
- Des enfants jouent à côté du lac dans un camp pour les réfugiés juifs ukrainiens à Balatonőszöd, en Hongrie, au mois de juin 2022. (Autorisation : EMIH)
- Un homme marche dans un camp pour les réfugiés juifs ukrainiens à Balatonőszöd, en Hongrie, au mois de juin 2022. (Autorisation : EMIH)
- Un enfant joue à côté du lac dans un camp pour les réfugiés juifs ukrainiens à Balatonőszöd, en Hongrie, au mois de juin 2022. (Autorisation : EMIH)
- Des réfugiés prennent leur petit déjeuner dans un camp pour les réfugiés juifs ukrainiens à Balatonőszöd, en Hongrie, au mois de juin 2022. (Autorisation : EMIH)
- Deux hommes lisent dans un camp pour les réfugiés juifs ukrainiens à Balatonőszöd, en Hongrie, au mois de juin 2022. (Autorisation : EMIH)
BUDAPEST (JTA) — Au cours des derniers mois, un palais situé aux abords d’un lac et qui avait été au cœur d’un scandale politique en Hongrie est devenu un nouveau foyer pour les réfugiés juifs en provenance d’Ukraine.
Juste avant Pessah, six semaines après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le gouvernement hongrois avait approuvé la décision de faire de cette demeure majestueuse de Balatonőszöd, une ville touristique située au bord du lac Balaton, à environ 130 kilomètres de Budapest, un asile casher et confortable pour la fête.
Aujourd’hui, le palace va être rénové pour pouvoir accueillir au moins 664 personnes – avec une restauration casher qui pourra nourrir des centaines de personnes de plus chaque jour, selon un communiqué qui a été diffusé mardi par le gouvernement et par le groupe juif affilié au mouvement ‘Habad qui est chargé de s’occuper des lieux.
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« Pendant des périodes comme celles que nous sommes en train de vivre, la communauté juive de Hongrie considère que c’est notre devoir à la fois particulier et sacré de nous mobiliser et d’offrir toute l’aide qui sera nécessaire pour répondre aux besoins matériels et spirituels de nos frères juifs qui viennent de l’autre côté de la frontière », dit le rabbin Shlomó Köves, le dirigeant du groupe – la Fédération des communautés juives EMIH – dans ce communiqué.
Köves explique à JTA que plusieurs dizaines de personnes, notamment certains responsables de la communauté juive d’Ukraine, vivent déjà là. Mais des millions d’Ukrainiens ont fui leur pays et des millions de plus sont actuellement déplacés au sein même de leur pays depuis que la Russie a lancé son offensive, le 24 février – avec un conflit qui semble devoir encore s’éterniser.
Parmi les personnes déplacées, il y a des milliers de Juifs – certains sont partis pour Israël mais d’autres sont restés en Europe dans des logements temporaires. L’EMIH, comme la Fédération des communautés juives d’Ukraine, espère vivement que l’ouverture d’un camp de réfugiés juifs, qu’ils appellent « Machne Chabad, » apportera de la stabilité aux déracinés.

Les frais d’alimentation pour un camp plein s’élèveront à environ 600 000 dollars par mois, explique Köves qui ajoute que l’EMIH a lancé une collecte de fonds pour couvrir ces coûts.
La transformation du site en camp de réfugiés affilié au mouvement ‘Habad survient à un moment où les rabbins ‘Habad du monde entier tentent de mettre en place de nouvelles institutions pour atteindre l’objectif du groupe orthodoxe qui est de créer 1 200 nouvelles écoles, synagogues et nouveaux programmes pour marquer le 120e anniversaire du rabbin Mendel Schneerson, qui avait été le dernier responsable du mouvement.
Elle survient aussi alors que l’attitude d’Orban à l’égard des Juifs continue à faire l’objet d’un débat animé en raison de son influence croissante sur les extrêmes droites du monde entier. Sa campagne féroce de diffamation à l’encontre de George Soros, le milliardaire juif hongrois qui est souvent au centre des théories du complot de la droite, lui a valu d’être accusé d’antisémitisme et son gouvernement a été aussi mis en cause pour sa promotion présumée du révisionnisme de la Shoah. Orban, pour sa part, réfute ces accusations et une étude récente – qui a été commanditée par l’Association juive européenne de Bruxelles, une organisation qui a été fondée par un rabbin ‘Habad – a conclu que s’il y avait un fort sentiment antisémite en Hongrie, cette dernière était l’un des pays d’Europe les plus sûrs pour les Juifs.

Un nouveau foyer pourrait ainsi attendre des centaines de nouveaux immigrants juifs potentiels à Balatonőszöd – là où s’était produit un tournant dans l’ascension d’Orban au pouvoir. En 2006, cela avait été au palais de Balatonőszöd que le Premier ministre de l’époque, qui s’exprimait à l’occasion d’une rencontre, avait été enregistré disant, dans un langage très cru, avoir fait de fausses promesses pour remporter les élections.
Un enregistrement qui avait entraîné des manifestations massives au sein de son parti Socialiste hongrois et qui avait offert une dynamique nouvelle au Fidesz, la formation d’opposition de droite. Le dit « Discours d’Őszöd » est largement considéré comme étant l’une des raisons ayant justifié la victoire sous forme de raz-de-marée de Fidesz au scrutin de 2010 qui avait permis à son leader, Viktor Orban, d’accéder au poste de Premier ministre.
Suite au discours, les partis politiques et le gouvernement, qui est propriétaire du palais de Balatonőszöd, avaient rechigné à y organiser des événements. Il avait été abandonné et son état s’était dégradé, malgré sa localisation exceptionnelle dans une région touristique de la Hongrie.
Le camp de réfugiés juifs, qui est situé dans un secteur prisé par les camps d’été luxueux accueillant des enfants de toute l’Europe centrale, offrira des activités particulières aux enfants et aux adolescents, ce qui permettra à leurs parents de se reconstruire une vie en Hongrie, de programmer leur retour en Ukraine ou de préparer leur départ pour un pays tiers, précise Köves.
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