Huit mois de prison requis à Rennes contre Dieudonné pour « recel » d’escroquerie
Il est accusé d'avoir donné un spectacle dans un village de Bretagne sans que les propriétaires de la salle n'aient eu connaissance de l'identité de l'artiste lors de la location
Le parquet a requis lundi huit mois de prison et cinq ans d’inéligibilité contre Dieudonné, pour « recel de bien obtenu à l’aide d’une escroquerie » devant le tribunal judiciaire de Rennes.
Le polémiste controversé de 57 ans est accusé d’avoir donné un spectacle dans un village de la région de Rennes, sans que les propriétaires de la salle n’aient eu connaissance de l’identité de l’artiste lors de la location. Les poursuites ont été engagées par le parquet et les propriétaires n’ont pas déposé plainte.
La réservation, obtenue « par des moyens frauduleux », selon le procureur, avait été effectuée par la présidente de la société de production Kamdo. Présentée comme la compagne de Dieudonné par le président, la jeune femme était elle-même poursuivie pour escroquerie mais absente à l’audience. Le procureur a requis contre elle 5 000 euros d’amende et une privation d’éligibilité d’un an. Le délibéré sera rendu le 22 janvier.
La société Kamdo, co-productrice du spectacle de Dieudonné, avait réservé pour le 25 février 2023 une salle de spectacle pour une « représentation théâtrale » à Piré-Chancé, dans le sud-est de Rennes.
Kamdo avait alors omis de préciser que cette location concernait un spectacle de Dieudonné qui s’est déroulé sans incidents. Mais les propriétaires avaient été mis devant le fait accompli en découvrant le nom de l’artiste au dernier moment.
Pendant toute l’audience, Dieudonné, calme et courtois, s’est retranché derrière son rôle d’artiste n’ayant pas de responsabilité dans les sociétés assurant la logistique et l’organisation de ses spectacles. « Mon travail, c’est d’être opérationnel le jour J devant le public. Je ne m’occupe pas de ça (la location de salles, ndlr) », a-t-il dit, dénonçant une « volonté politique de le faire taire ».
Son avocat, Me Karim Laoufi, a souligné la finesse du dossier ne comportant « qu’un article de presse et un contrat de location tout à fait légal ». « Une succession de silences gardés ne constituent pas une fraude », a-t-il fait valoir, estimant : « La relaxe s’impose dès lors que la manœuvre frauduleuse ne résulte d’aucun élément du dossier. »
En septembre dernier, un spectacle de Dieudonné prévu au Zénith de Paris avait été interdit par le préfet de police en raison de « risques de troubles graves à l’ordre public » au regard de ses propos antisémites réitérés, pour lesquels il a été condamné à de multiples reprises.