Abou Khdeir : « La police ne me laisse pas voir le corps »
Le père du Palestinien de 16 ans affirme que son fils a été tué par des "personnes parlant hébreu" qui ont déjà tenté de kidnapper un autre garçon
Le père du garçon de 16 ans dont le corps brûlé a été retrouvé dans la forêt de Jérusalem, mercredi matin, a déclaré jeudi que la police ne l’avait pas contacté dans le cadre de l’enquête sur la mort de son fils, et ne lui avait pas permis de voir le corps de son fils.
« Ils ne m’ont même pas laissé le voir, de voir une photo de lui », a déclaré à la radio militaire le père de Mohammad, Hussein Abou Khdeir. « La police ne voulait pas que je l’identifie. [Le corps] est brûlé », m’ont-ils dit.
Hussein a dit qu’il était certain que son fils Mohammad a été enlevé, tué et brûlé par des Israéliens, « probablement des colons ou le Shin Bet ». Il a affirmé que les images d’une caméra de surveillance située à proximité du site de l’enlèvement ont clairement montré trois hommes, tous parlant hébreu, saisissant son fils.
« Nous avons vu. Il y avait des caméras. Nous avons vu comment ils l’ont emmené », a-t-il dit.
« J’ai la vidéo. Vous pouvez voir une voiture arriver aux alentours de 4 heures du matin, 04h10, 04h05. La voiture est arrivée, deux personnes sont sorties, et un est resté [dans la voiture]. Ils sont venus, l’ont emmené et l’ont forcé dans la voiture ».
Hussein a ajouté que ce n’était pas la première fois que le groupe avait tenté un enlèvement dans la région. Au contraire, dit-il, le mardi après-midi, les mêmes hommes étaient venus à Shuafat et ont tenté d’enlever quelqu’un dans la rue. Quelques heures plus tard, ils ont réussi à forcer le garçon de 16 ans à entrer dans leur voiture.
Des rapports de la première tentative d’enlèvement ont refait surface à la suite de l’assassinat de Mohammad Abou Khdeir.
« Les mêmes personnes. Et la police est venue. Ils ont vu leur voiture sur les photos, et n’ont rien fait. Un jour avant [l’enlèvement] », a accusé Hussein Abou Khdeir. Un jour plus tard, quand ils ont réussi finalement à kidnapper quelqu’un – son fils – « Ils l’ont tué de sang-froid et l’ont
brûlé ».
Hussein a clairement blâmé Israël. « C’est la faute de votre gouvernement », a-t-il dit. « Le gouvernement permet aux colons de faire ce qu’ils veulent, il les inclut dans son gouvernement, il ne peut rien leur dire. Que puis-je vous dire ? Le gouvernement leur donne ce qu’ils veulent. Que puis-je faire ? ».
Il a insisté sur le fait que c’étaient les Israéliens qui ont enlevé et tué son fils, et non un clan rival arabe, affirmant que son fils avait l’air trop jeune pour être la cible d’une querelle de clan. « Si vous aviez vu Mohammad, on aurait pu penser qu’il avait 10 ans, pas 16 ».
Décrivant son fils comme un garçon que « tout le monde aimait », une
« personne honnête qui n’a jamais rien fait [de mal] dans sa vie », Hussein confie qu’il « était censé aller à l’école, à Amal [une école professionnelle] à Atarot [sur la bordure nord de Jérusalem]. Il a étudié pour être électricien, comme moi. Il voulait devenir un technicien en électronique ».
Hussein a dit que le matin de sa disparition, Mohammad s’était réveillé avant le lever du soleil, avant de jeûner toute la journée dans le respect des restrictions de la fête du Ramadan.
« Il jeûnait. Il se réveillait le matin, comme d’habitude, la nuit, et ce qui s’est passé, s’est passé », a-t-il déclaré.
On a demandé comment ses connaissances juives avaient réagi à la mort de Mohammad, Hussein a déclaré que les Juifs étaient venus pour exprimer leurs condoléances à la famille en deuil.
« Ils partagent [ma douleur]. Que peuvent-ils faire? »