« Il n’y aura pas d’Iran nucléaire », promet Lapid après sa rencontre avec Biden
Le président américain a réaffirmé le "dévouement total" des États-Unis à la sécurité d'Israël ; le Premier ministre a salué la visite de Biden en Arabie saoudite
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
En visite à Jérusalem, le président américain Joe Biden a rencontré le Premier ministre Yair Lapid jeudi. Ils ont discuté de l’arrêt du programme nucléaire iranien et de la mise en place d’une coalition de nations modérées au Moyen-Orient, entre autres sujets de préoccupation entre les deux pays.
« Oui, Monsieur le Président, nous avons bien sûr discuté, nous avons aussi parlé boutique, de l’Arabie saoudite et de votre voyage là-bas, qui est extrêmement important pour Israël – essayer de construire une coalition plus modérée ici au Moyen-Orient, dont nous avons besoin depuis longtemps », a déclaré Lapid après la réunion, aux côtés de Biden.
« Nous avons discuté de la menace iranienne – et de ce que nous pensons être la bonne conduite à tenir pour s’assurer, ce avec quoi nous sommes d’accord, qu’il n’y aura pas d’Iran nucléaire. Ce n’est pas seulement une menace pour Israël, mais pour le monde [entier]. Et nous avons discuté de quelques autres sujets que nous allons garder pour nous. »
Biden a déclaré que les deux dirigeants « ont parlé de l’importance, j’ai parlé de l’importance, de mon point de vue, pour Israël d’être totalement intégré dans la région, et de compléter son intégration ».
Il a souligné que « la grande majorité des Américains, pas seulement mon administration, est complètement dévouée à votre sécurité, sans aucun si, et ou mais – sans aucun doute à ce sujet ».
Lapid a insisté auprès du président américain sur le fait que l’Iran n’acceptera pas un accord nucléaire plus strict sans menace militaire crédible, et déclare que les procrastinations dans les négociations avec Téhéran doivent prendre fin à un moment donné.
Lapid a expliqué à Biden qu’il pense que Téhéran essaie de gagner du temps et que les États-Unis doivent imposer des sanctions sévères à Téhéran pour contraindre les Iraniens à revenir à la table des négociations.
De son côté, Biden a fait savoir au Premier ministre que Washington ne voulait pas « être pris par surprise » par d’éventuelles annonces sur des constructions d’implantations.
Au cours d’une visite officielle en Israël de Biden, en 2010 – il était alors vice-président – le ministère de l’Intérieur avait annoncé que 1 600 logements seraient construits à Ramat Shlomo, un quartier juif de Jérusalem, excédant ainsi Washington.
La rencontre en tête-à-tête entre Lapid et Biden, qui a duré plus longtemps que prévu, a été suivie de discussions plus larges auxquelles ont participé des conseillers et d’autres hauts fonctionnaires.
Après la réunion, Lapid a confié que les deux hommes ont parlé de baseball – une longue conversation, même s’il ne connaît rien au baseball, dit-il. Il a ajouté en plaisantant que « nous n’avons même pas mentionné l’Iran ou l’Arabie saoudite ».
Les deux dirigeants devraient signer une déclaration commune plus tard dans la journée de jeudi, qui inclura le soutien de l’administration américaine à l’extension du programme de défense massif que Washington fournit à l’État juif, selon un haut fonctionnaire américain.
Le protocole d’accord (Memorandum of Understanding ou MOU) de 38 milliards de dollars avait été signé en 2016 sous l’administration Obama, alors que Biden était vice-président. L’accord décennal est entré en vigueur deux ans plus tard, ce qui signifie que nous en sommes à peine à la moitié de sa durée, mais de tels protocoles d’accord prennent du temps à négocier et sont donc planifiés des années à l’avance.
Le haut fonctionnaire américain qui a informé les journalistes mercredi a déclaré que la déclaration conjointe « prendrait acte de notre soutien continu au [protocole d’accord de 2016] et de notre soutien à sa prolongation au moment opportun. »
La déclaration réaffirme « les liens indéfectibles entre nos deux pays et l’engagement durable des États-Unis envers la sécurité d’Israël. »
En outre, la déclaration comprend un engagement ferme des États-Unis à ne jamais permettre à l’Iran d’acquérir une arme nucléaire, et souligne que Washington est prêt à « utiliser tous les éléments de sa puissance nationale » pour s’assurer que Téhéran soit tenu à l’écart de la bombe.
Les deux hommes ont ensuite participé à la première réunion virtuelle des dirigeants du groupe I2U2 avec le Premier ministre indien Narendra Modi et le président des Émirats arabes unis Mohammed Bin Zayed.
À l’issue de leur réunion virtuelle, les dirigeants ont annoncé deux projets de collaboration de grande envergure dans les domaines de la sécurité alimentaire et de l’énergie propre, dont deux milliards de dollars pour des parcs agricoles en Inde qu’Abu Dhabi contribuera à financer et qui utiliseront des technologies israéliennes.
Le communiqué conjoint établit que les partenaires veulent « tirer parti de la dynamisme de nos sociétés et de l’esprit d’entrepreneuriat pour relever certains des plus grands défis que notre monde doit affronter, avec une attention particulière portée aux investissements conjoints et aux nouvelles initiatives dans les secteurs de l’eau, de l’énergie, de l’espace, de la santé et de la sécurité alimentaire ».
Les pays du forum I2U2 utiliseront aussi leurs secteurs privés respectifs pour promouvoir des avancées vers une économie bas carbone, pour améliorer la santé publique et l’accès aux vaccins, pour créer conjointement de nouvelles solutions pour le traitement des déchets et pour développer les technologies vertes, continue le communiqué.
Les pays ont également souligné leur soutien à l’intégration d’Israël dans la région, faisant le lien entre les accords de normalisation, les Accords d’Abraham, et la formation de tribunes telles que le forum I2U2 et ont salué d’autres regroupements régionaux comme le Forum du Neguev, qui rassemble Israël, les EAU, Bahreïn, le Maroc, l’Égypte et les États-Unis.
Le communiqué conjoint ne fait aucune mention des Palestiniens. Les États-Unis, dans le passé, ont demandé l’inclusion d’un engagement en faveur d’un règlement du conflit israélo-palestinien par le biais de la solution à deux États dans ces documents, mais les Américains ont peut-être été placés en minorité par trois autres pays dont les dirigeants n’ont témoigné que peu d’intérêt à l’idée de promouvoir publiquement cette problématique.
Biden et Lapid doivent tenir une conférence de presse à l’hôtel, au cours de laquelle ils répondront à deux questions de journalistes américains et deux de journalistes israéliens.
La journée de Biden se poursuivra ensuite à la résidence présidentielle, où il rencontrera en privé le président Isaac Herzog à 16 h 45.
Pendant son passage à la résidence, Biden aura un entretien de 15 minutes avec le chef de l’opposition Benjamin Netanyahu, après quoi Herzog remettra à Biden la médaille d’honneur présidentielle israélienne lors d’une cérémonie festive.
Le président américain terminera sa journée avec Lapid lors de la cérémonie d’ouverture des Maccabiades à 19 h 30.
Vendredi, il visitera un hôpital pour Palestiniens à Jérusalem-Est et rencontrera le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Bethléem.
Il s’envolera ensuite directement pour l’Arabie saoudite afin de participer à un sommet des dirigeants arabes régionaux appelé CCG+3, avant de rentrer aux États-Unis dimanche.
Jacob Magid a contribué à cet article.