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Ilan Yeshua : un article sur une fraude de Sara Netanyahu retiré de Walla

L'ex-PDG de Walla affirme que l'ordre est venu "d'en haut", contre sa volonté et celle du rédacteur en chef ; les avocats du Premier ministre poursuivent leur contre-interrogatoire

L'ancien PDG du site Walla, Ilan Yeshua, arrive pour son témoignage dans l'affaire contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu dans son procès sur des allégations de corruption, de fraude et d'abus de confiance, au tribunal de district de Jérusalem, le 7 juin 2021. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
L'ancien PDG du site Walla, Ilan Yeshua, arrive pour son témoignage dans l'affaire contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu dans son procès sur des allégations de corruption, de fraude et d'abus de confiance, au tribunal de district de Jérusalem, le 7 juin 2021. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Ilan Yeshua, l’ancien PDG de Walla, a de nouveau témoigné lundi lors de son contre-interrogatoire dans le procès pour corruption du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Yeshua a affirmé que le site d’information avait reçu l’ordre de retirer un article sur l’épouse du Premier ministre, Sara. L’article traitait de l’argent récolté grâce au recyclage des bouteilles achetées avec des fonds publics.

Yeshua est le premier témoin à témoigner dans le procès de Netanyahu.

Il est un témoin clé dans l’affaire 4000, dans laquelle Netanyahu est accusé d’avoir abusé de ses pouvoirs lorsqu’il était à la fois Premier ministre et ministre des Communications de 2014 à 2017.

Dans ce dossier, le Premier ministre est soupçonné d’avoir fait avancer des régulations au bénéfice de l’actionnaire majoritaire de Bezeq, Shaul Elovitch, en échange d’une couverture positive du site d’information Walla, appartenant à Bezeq. Il est considéré comme le plus grave contre le Premier ministre, dans lequel ce dernier pourrait devoir répondre de pots-de-vin, de fraude et d’abus de confiance.

En échange, Elovitch aurait fourni à Netanyahu et à sa famille une couverture médiatique positive sur Walla, une filiale de Bezeq, notamment en permettant aux associés du Premier ministre et aux membres de sa famille de déterminer régulièrement la ligne éditoriale.

Lors de son 21e jour de témoignage, Yeshua a répondu aux questions de la défense sur ses affirmations, concernant notamment un article sur Sara Netanyahu et les milliers de shekels qu’elle aurait obtenus grâce aux consignes de bouteilles à la résidence du Premier ministre.

En 2015, Meni Naftali, un ancien concierge de la résidence du Premier ministre, a affirmé que Sara Netanyahu avait récupéré des milliers de shekels à l’État en empochant la petite monnaie provenant des bouteilles consignées pendant les quatre premières années du mandat de son mari.

Elle a gagné environ 24 000 shekels par ce biais, selon Naftali.

Les Netanyahu ont restitué 4 000 shekels en 2013, sur la base d’une estimation de 1 000 shekels par an, avait déclaré le porte-parole du bureau du Premier ministre à l’époque en réponse aux reportages, bien que Naftali ait affirmé que le montant aurait dû être bien plus élevé.

Naftali poursuivait les Netanyahu pour les mauvais traitements qu’il avait subis de la part de l’épouse du Premier ministre.

Ces informations ont été publiées alors que Benjamin Netanyahu se préparait à se faire réélire lors d’un vote éclair.

Yeshua a déclaré à la Cour que lui et le rédacteur en chef de Walla de l’époque, Avi Alkalay, avaient reçu l’ordre de retirer du site un article sur ces allégations.

« L’ordre de le retirer venait d’en haut. Ni moi ni Avi ne pensions que l’article devait être retiré », a déclaré Yeshua au tribunal.

L’avocat du Premier ministre, Boaz Ben Tzur, a ensuite mis en cause les remarques que Yeshua avait faites à un journaliste du journal Globes en 2015 – qu’il avait « tiré un trait » sur l’histoire des bouteilles et qu’Alkalay était d’accord, lui disant « d’arrêter de s’occuper de ça » et qualifiant l’histoire de « poubelle. »

Yeshua a répondu à Ben Tzur qu’il avait « présenté un récit au journaliste » et a expliqué qu’il défendait le site Walla à l’époque, même s’il était personnellement opposé à la suppression de l’article.

« Je ne pensais pas que cet article aurait dû être retiré, je pensais que c’était extrême », a-t-il déclaré. « Dans des circonstances normales, ni moi ni Avi n’aurions retiré l’histoire de la bouteille ».

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son épouse Sarah montent à bord d’un avion à l’aéroport Ben Gurion, à l’extérieur de Tel Aviv, à destination de Londres, le 16 avril 2013. (Crédit : Amos Ben Gershom/GPO/Flash90)

Ben Tzur, cherchant à démontrer que Walla n’avait pas accordé de traitement spécial à Netanyahu, a contesté les propos de Yeshua, affirmant que le site web avait publié 109 articles sur Naftali – ce qui, selon l’avocat, est plus que tout autre média – et que la plupart d’entre elles présentent Netanyahu sous un jour négatif.

« Je n’ai pas compilé les statistiques, mais je sais qu’il y a eu des articles que l’on m’a demandé de retirer et d’autres qui étaient contre lui [le Premier ministre] », a-t-il déclaré.

La défense a essayé de montrer que, malgré ce que Yeshua a affirmé, les ordres de donner plus ou moins de visibilité à certains articles étaient monnaie courante non seulement pour Netanyahu mais aussi pour d’autres politiciens, hommes d’affaires et entreprises, et n’avaient parfois aucun lien avec les Elovitch.

Dans son témoignage, Yeshua a également décrit comment le fils du Premier ministre, Yair, et sa femme, Sara, interféraient dans la gestion de Walla.

Le contre-interrogatoire de Yeshua devrait se poursuivre pendant plusieurs semaines encore avant que le procès ne commence à entendre d’autres témoins.

Netanyahu est accusé de corruption, de fraude et d’abus de confiance dans cette affaire, tandis qu’Elovitch et sa femme, Iris, ont été accusés de corruption. Les trois accusés nient avoir commis des actes répréhensibles.

La semaine dernière, Yeshua a déclaré au tribunal que Walla avait mené une campagne au nom du Premier ministre visant à empêcher Reuven Rivlin d’être élu président en 2014.

Outre les accusations de l’affaire 4000, Netanyahu est accusé de fraude et d’abus de confiance dans deux autres affaires, dont l’une implique également des soupçons d’échange de faveurs réglementaires contre une couverture médiatique positive.

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