Israël en guerre - Jour 498

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Interview

« Impressionnante » résistance du système de santé israélien pendant la guerre

Les chercheurs du Taub Center estiment toutefois qu'avec la pénurie de main-d'œuvre, les réductions budgétaires et les 15 000 soldats qui souffrent de TSPT, le système est confronté à de sérieux défis

Une patiente consulte un médecin. (Crédit : iStock via Getty Images)
Une patiente consulte un médecin. (Crédit : iStock via Getty Images)

Bien que le système de santé ait fait preuve d’une « impressionnante » résilience et d’une capacité exceptionnelle à répondre aux besoins du pays depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023, il devra relever de grands défis à l’avenir, comme le souligne un rapport du Taub Center for Social Policy Studies.

Le professeur Nadav Davidovitch, qui dirige l’école de santé publique de l’université Ben-Gurion du Néguev, et Natan Lev, chercheur au centre Taub et doctorant à l’université Ben-Gurion, ont dirigé l’étude.

Lorsque la guerre a commencé avec l’assaut du Hamas – quand des milliers de terroristes ont pris d’assaut Israël, tué 1 200 personnes et enlevé 251 personnes à Gaza – le système de santé fonctionnait déjà « avec un budget réduit et une grave pénurie de personnel et de ressources », selon les chercheurs.

Avec les séquelles de la guerre, les domaines de la santé mentale et de la rééducation qui avaient été négligés, « malheureusement, pendant de nombreuses années, sont maintenant sous pression et sollicités au-delà de leurs capacités », a expliqué Davidovitch au Times of Israel par téléphone.

« Il faut une planification stratégique à long terme pour investir dans le système de santé publique », a-t-il ajouté, “et cela devrait inclure le renforcement des services de santé mentale et de réadaptation”.

Une nation traumatisée

Capture d’écran de la vidéo de Nadav Davidovitch, directeur de l’école de santé publique de l’université Ben-Gourion. (Crédit : YouTube)

À la date d’octobre 2024, un an après le début de la guerre, plus de 70 000 personnes ont été reconnues comme victimes d’actes hostiles, et près de 13 000 autres ont demandé des prestations d’invalidité permanente, la grande majorité d’entre elles étant dues à des problèmes psychologiques.

« Le coût économique de cette situation est très élevé », indique l’étude.

Plus de 370 millions de shekels ont été versés à des personnes dont le handicap a été reconnu. Plus de 250 millions de shekels ont été consacrés à la rééducation et plus de 1,2 milliard de shekels ont été dépensés en soins médicaux.

En outre, les personnes vivant dans les zones de conflit du pays ont également subi des préjudices importants.

Une étude menée par les services de santé de Maccabi auprès de leurs membres a révélé qu’environ 80 % des proches d’otages avaient une perception plus négative de leur état de santé, avec une perte de poids importante et une consommation accrue d’antidépresseurs et de somnifères.

De jeunes Israéliennes évacuées de Kiryat Shmona jouent dans une chambre d’hôtel à Tibériade, le 4 mars 2024. (Crédit : AP Photo/Ariel Schalit

Les personnes évacuées des zones de guerre ont également fait état d’une détérioration de leur état de santé, environ 30 % des femmes évacuées faisant état d’une mauvaise santé physique et 60 % d’un préjudice psychologique, contre respectivement 20 % et 50 % dans la population générale.

Une étude menée par la caisse de santé Clalit auprès de ses membres a révélé une augmentation de 200 % de la consommation d’anxiolytiques chez les résidents de la région frontalière de Gaza, contre 50 % dans la population générale.

En outre, environ 15 000 soldats ont été classés comme souffrant de traumatismes dus au stress, dont 18 % ont été réformés.

Depuis le début de la guerre, quelque 1 000 nouveaux patients ont été admis chaque mois au département de rééducation du ministère de la Défense, essentiellement des réservistes.

Lors d’une réunion d’urgence à la Knesset, à Jérusalem, le 8 août 2023, un ex-soldat de Tsahal souffrant de syndrome de stress post-traumatique exprime sa colère et sa frustration face au manque de services de santé mentale. (Crédit : Oren Ben Hakoon/Flash90)

» Nous avons terminé l’année 2024 avec des projets prometteurs », a déclaré Davidovitch, en faisant référence au plan du ministre de la Santé, Uriel Buso, visant à moderniser le système de santé mentale et à doubler le budget alloué à ce type de traitement.

« Mais il doit continuer à aller jusqu’au bout », a ajouté Davidovitch.

Baisse des dépenses nationales de santé

En 2023, les dépenses courantes de santé par habitant en Israël, en termes de parité de pouvoir d’achat, étaient inférieures à celles de la plupart des pays de l’OCDE. Ces dépenses ont diminué de 0,9 % au cours des deux dernières années.

Seuls la Corée du Sud, le Portugal, la Grèce, le Chili et le Mexique sont moins bien classés en matière de dépenses de santé.

Un médecin avec une seringue dans les mains sur fond de drapeau israélien (Crédit : Niyazz via iStock by Getty Images)

Besoin en personnel de santé

Le nombre de médecins et d’infirmières en activité pour 1 000 habitants – respectivement 3,47 et 5,04 – reste inférieur à la moyenne de l’OCDE.

Selon les projections, la pénurie de médecins devrait encore s’aggraver. D’ici 2035, le nombre de médecins pour 1 000 habitants devrait tomber à 3,02, malgré l’augmentation prévue du nombre d’auxiliaires médicaux et d’infirmières entrant dans le secteur.

Les clowns médicaux de Dream Doctors lors d’un faux mariage surprise préparé pour une infirmière et son fiancé : leur mariage a été annulé à cause de la guerre entre Israël et le Hamas. Octobre 2023. (Crédit : Dream Doctors)

Bien qu’Israël soit en bas du classement de l’OCDE, Davidovitch a déclaré que les professionnels de la santé « donnent beaucoup d’eux-mêmes et qu’ils sont probablement la principale raison pour laquelle nous voyons encore la qualité, l’enthousiasme et l’engagement ».

Toutefois, a-t-il souligné, « cette situation ne peut perdurer à long-terme en raison des nombreux traumatismes secondaires signalés par les professionnels de la santé, et c’est un problème auquel il faut s’attaquer ».

Temps d’attente pour les spécialistes

Dans des domaines critiques comme la neurologie et l’endocrinologie, l’étude a révélé un long délai d’attente pour consulter un spécialiste. Cependant, la recherche montre qu’entre 2023 et 2024, il y a eu une légère diminution des temps d’attente pour la plupart des spécialités, en particulier l’orthopédie et la gynécologie.

Davantage d’exercice… de tabac

L’étude révèle que les jeunes adultes âgés de 20 ans et plus font plus d’exercice, mais qu’entre 2019 et 2022, leur taux de tabagisme a également augmenté de 1,6 %.

Photo illustrative d’une femme fumant une cigarette (Nati Shohat / Flash90)

Chez les hommes, la principale augmentation a été observée dans la tranche socio-économique la plus basse. Chez les femmes, les taux de tabagisme les plus élevés ont été observés dans le niveau socioéconomique moyen à supérieur.

Diminution de la vaccination et augmentation des maladies infectieuses

La guerre a eu un impact significatif sur la santé publique, notamment une baisse des taux de vaccination et une augmentation des épidémies de maladies infectieuses.

Une urgence notable est l’apparition du virus de la polio dans la bande de Gaza, suite à l’effet négatif de la guerre sur les conditions d’hygiène et l’accessibilité des vaccins dans la région.

Au-delà du risque immédiat pour les habitants de Gaza, l’épidémie constitue une menace pour les Israéliens et nécessite un renforcement de la coopération régionale pour les campagnes de vaccination et la surveillance clinique et épidémiologique, selon le rapport.

Une jeune fille reçoit une dose du vaccin COVID-19 à Jérusalem le 30 décembre 2021. (Crédit: Olivier Fitoussi/Flash90)

L’état du système de santé

Davidovitch a déclaré que les résultats de l’étude dressaient un « tableau contrasté » du système de santé israélien.

D’une certaine manière, il a comparé la crise actuelle du système de santé à un conte folklorique d’Europe de l’Est qui raconte l’histoire d’un cheval de trait.

« Le propriétaire est heureux que le cheval travaille si dur, il réduit donc progressivement sa nourriture, puis il est tellement heureux que le cheval continue à travailler », a déclaré Davidovitch. « Jusqu’à ce que le cheval meure. »

Selon lui, il est prometteur que le ministère de la Santé « investisse enfin dans certains domaines des soins de santé, mais ce n’est pas suffisant. »

Debbie Cohen, infirmière en chef du service des nouveau-nés A, et Amira Morad, infirmière du personnel, s’occupent des nourrissons à l’hôpital de Galilée le 22 décembre 2024. (Crédit : Diana Bletter/Times of Israel)

Consensus

Contrairement à ce qui se passe aux États-Unis, par exemple, « l’assurance maladie et l’assurance maladie publique ne sont pas perçues comme des éléments polarisants » en Israël, selon Davidovitch, qui juge cette information prometteuse.

Il a fait remarquer que la loi sur l’assurance maladie nationale de 1995 a été votée à la fois par « le Likud et le parti travailliste, la droite et la gauche ».

Le système de santé israélien représente également des personnes « issues de tous les segments de la société, y compris un pourcentage relativement élevé de travailleurs de la santé arabes », a déclaré Davidovitch.

« Bien qu’il y ait eu des problèmes cette année, il y a un sentiment de solidarité », a-t-il ajouté. « Je ne pense pas que nous puissions compter sur cette solidarité pour toujours s’il n’y a pas de réformes en termes de budget, par exemple, mais il y a tout de même beaucoup de solidarité, et c’est crucial. »

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