Iran: Lapid critique Josep Borrell qui veut relancer les négociations nucléaires
Le futur Premier ministre a fustigé le chef de la diplomatie européenne qui s'est rendu en Iran pour encourager le pays à reprendre les pourparlers sur le JCPOA
Le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid a âprement critiqué le chef de la diplomatie européenne, dimanche, pour sa décision de partir en Iran pour tenter de convaincre la République islamique de reprendre les pourparlers consacrés à la remise en vigueur de l’accord sur le nucléaire conclu en 2015 entre Téhéran et les grandes puissances mondiales.
Dans un courrier adressé dimanche à Josep Borrell, en charge des Affaires étrangères à Bruxelles, Lapid a évoqué « une erreur stratégique qui transmet le mauvais message à Téhéran », selon le site d’information Politico.
Borrell a fait savoir, samedi, que les négociations sur le nucléaire avec la République islamique reprendraient dans les jours à venir après un déplacement surprise en Iran.
Borrell avait envoyé un message à Lapid avant sa visite à Téhéran, ce week-end, pour l’avertir de « sa tentative de ramener Téhéran à la table des négociations concernant l’accord sur le nucléaire et de sa volonté de faire disparaître les derniers obstacles », aurait indiqué un diplomate proche du dossier, des propos repris par Politico.
Lapid a également critiqué l’officiel de l’UE pour « son manque de préoccupation affiché à l’égard des vies des citoyens israéliens » – au vu des informations récentes qui ont révélé que des agents iraniens avaient voulu attaquer des Israéliens en Turquie.
Jérusalem a annoncé que des agents iraniens avaient été déployés sur le territoire turc, ces dernières semaines, afin de prendre pour cible des touristes israéliens – des représailles contre des attaques récentes contre des cibles militaires et nucléaires en Iran dont la responsabilité avait été attribuée à l’État juif.
Plusieurs opérations ont ainsi eu lieu pour démanteler des cellules placées sous la direction de la république islamique, ont fait savoir les médias turcs et israéliens.
Le ton dur utilisé dans la lettre de Lapid a contrasté de manière saisissante avec ses tentatives de rapprocher Israël de Bruxelles, après des relations qui s’étaient élimées quand l’ex-Premier ministre Benjamin Netanyahu était au pouvoir.
Cette missive a été écrite alors que Lapid devrait devenir Premier ministre par intérim de l’État juif, et ce jusqu’aux prochaines élections. Lapid continuera à assumer le portefeuille des Affaires étrangères même si les questions liées à l’Iran continueront à être gérées sous les auspices du Premier ministre sortant Naftali Bennett, a indiqué le gouvernement, la semaine dernière.
Dimanche matin, l’Iran a testé son lanceur de satellite Zuljanah lors du deuxième des trois essais prévus pour ce lanceur balistique à longue portée et qui, selon les États-Unis, pourrait être utilisé pour lancer des ogives nucléaires.
Selon le reportage de Politico, les critiques émises par Lapid ont été considérées par le bureau de Borrell comme entrant dans le cadre plus général des tentatives de sabotage de l’État juif des négociations en cours avec le régime des ayatollahs.
Israël s’oppose avec férocité à une remise en vigueur de l’accord sur le nucléaire, que le pays avait dénoncé dès sa signature, jugeant l’Iran indigne de confiance et incapable de respecter ses engagements.
Les gouvernements israéliens successifs s’alarment, depuis deux décennies, de la volonté de l’Iran de se doter de l’arme atomique.
Les États-Unis s’étaient retirés de l’accord en 2018.
L’administration du président américain Joe Biden a tenté de réintégrer l’accord, disant qu’il était le meilleur moyen d’empêcher la république islamique de fabriquer une bombe nucléaire.
Les négociations avaient commencé au mois d’avril l’année dernière mais elles sont tombées dans l’impasse au mois de mars, cette année, en raison de désaccords entre Téhéran et Washington – et notamment concernant une demande soumise par l’Iran de supprimer le Corps des Gardiens de la Révolution islamique de la liste noire des entités terroristes aux États-Unis.
L’accord, qui est officiellement connu sous le nom de JCPOA (Plan d’action global commun) a allégé les sanctions imposées à l’Iran en échange de garanties données que la république s’abstiendrait de développer une bombe atomique – ce que Téhéran a toujours nié vouloir faire.
Les États-Unis s’étaient retirés unilatéralement de l’accord sur le nucléaire sous l’administration du président d’alors, Donald Trump, qui avait ensuite réimposé des sanctions écrasantes au pays.
L’AFP a contribué à cet article.