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Iran : Paris, Berlin et Londres veulent continuer à appliquer l’accord

Les trois pays européens ont également fait le vœu de négocier un nouvel accord

Réacteur de la centrale nucléaire de Bushehr, dans le sud de l'Iran, le 21 août 2010. (Crédit : Iran International Photo Agency/Getty Images via JTA)
Réacteur de la centrale nucléaire de Bushehr, dans le sud de l'Iran, le 21 août 2010. (Crédit : Iran International Photo Agency/Getty Images via JTA)

La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni se sont dits mardi « déterminés » à continuer à appliquer l’accord nucléaire iranien, dont les Etats-Unis viennent de se retirer, tout en travaillant à en négocier un nouveau, plus large, ont annoncé les trois pays.

« Nous resterons parties au JCPOA » (acronyme de l’accord, NDLR) déclarent dans ce communiqué commun Emmanuel Macron, Theresa May et Angela Merkel. « Nos gouvernements restent déterminés à assurer la mise en œuvre de l’accord et travailleront à cet effet avec les autres parties qui resteront engagées », disent-ils, en « maintenant les bénéfices économiques » au profit de la population iranienne.

« Nous exhortons les Etats-Unis à faire en sorte que les structures du JCPOA soient gardées intactes et à éviter toute mesure qui empêcherait sa pleine mise en œuvre par les autres parties », insistent les trois pays européens, alors que Donald Trump a laissé entendre que les Etats-Unis sanctionneraient désormais tout pays commerçant avec l’Iran.

Les trois dirigeants expriment aussi « regret et préoccupation » après la décision de Donald Trump de se retirer d’un accord qui « revêt une importance particulière pour notre sécurité partagée », estiment-ils.

« Nous appelons toutes les parties à continuer de souscrire à sa pleine mise en œuvre », poursuivent-ils, rappelant que l’Agence internationale de l’énergie atomique estime que l’Iran continue de se conformer à ses engagements de ne pas préparer l’arme atomique, ce que contestent les Etats-Unis et Israël.

Le Premier ministre britannique Theresa May (C), la chancelière allemande Angela Merkel (à droite) et le président français Emmanuel Macron donnent une conférence de presse à l’issue d’une réunion en marge du sommet des dirigeants de l’Union européenne à Bruxelles, le 22 mars 2018. (AFP Photo/Pool/Francois Lenoir)

Ils appellent enfin l’Iran à « faire preuve de retenue dans sa réponse à la décision américaine » et à « continuer à respecter ses obligations », en retour le pays continuera de bénéficier de la levée des sanctions économiques des autres signataires, proposent-ils.

Londres, Paris et Berlin souhaitent aussi préparer un nouvel accord, plus large, portant sur le programme nucléaire de l’Iran après 2025, son programme balistique et « ses activités régionales déstabilisatrices, en particulier en Syrie, en Irak et au Yémen », autant de sujets qui ont motivé le retrait des Etats-Unis.

La Turquie, acteur clé du Proche-Orient, a elle affirmé que la décision de Trump risquait d’ouvrir la voie à de « nouveaux conflits ».

« Le retrait unilatéral des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire est une décision qui va causer de l’instabilité et de nouveaux conflits », a déclaré sur Twitter le porte-parole de la présidence turque Ibrahim Kalin.

La Syrie a elle aussi « condamné avec force » l’annonce du retrait des Etats-Unis, affirmant sa « totale solidarité » avec son allié de Téhéran et sa confiance dans la capacité de l’Iran à surmonter l’impact de la « position agressive » de Washington.

Damas « condamne avec force la décision du président américain sur le retrait de l’accord nucléaire avec l’Iran, qui montre une nouvelle fois que les Etats-Unis ne respectent pas leurs engagements et les accords internationaux », a indiqué une source officielle des Affaires étrangères syriennes citée par l’agence officielle Sana.

La Russie a réagi en s’affirmant « profondément déçue ». Son ministère des Affaires étrangères a également dénoncé « une violation grossière du droit international ». « Nous sommes extrêmement inquiets que les Etats-Unis agissent contre l’avis de la plupart des Etats (…) en violant grossièrement les normes du droit international », affirmait le communiqué.

L’UE s’est elle aussi dit « déterminée à préserver » l’accord nucléaire et « regrette » la décision du président américain Donald Trump, a déclaré mardi soir à Rome la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini.

Federica Mogherini, haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, lors d’une conférence de presse conjointe avant de présider une session du Comité international de liaison pour la Palestine (AHLC) à la Commission européenne, à Bruxelles, le 20 mars 2017 (AFP PHOTO / EMMANUEL DUNAND)

Le Plan d’action conjoint « répond à son objectif qui est de garantir que l’Iran ne développe pas des armes nucléaires, l’Union européenne est déterminée à le préserver », a estimé Mme Mogherini, lors d’une brève déclaration à la représentation de la Commission européenne à Rome.

« Ne laissez personne démanteler cet accord. C’est l’une des plus belles réussites jamais réalisées de la diplomatie, et nous l’avons construite ensemble », a-t-elle exhorté, en s’adressant aux dirigeants et citoyens iraniens. 

« Restez fidèles à vos engagements et nous resterons fidèles aux nôtres. Et ensemble, avec le reste de la communauté internationale, nous préserverons cet accord nucléaire », a insisté l’Italienne.    

En outre, la haute-représentante de l’UE pour les Affaires étrangères s’est dite « particulièrement inquiète » de l’annonce de nouvelles sanctions américaines contre Téhéran par le président Trump.

« La levée des sanctions liées au nucléaire est une part essentielle de l’accord. L’UE a souligné maintes fois que la levée de ces sanctions a eu un impact positif sur les relations commerciales et économiques avec l’Iran, y compris en apportant des bénéfices cruciaux au peuple iranien », a plaidé Mme Mogherini.

« L’UE est déterminée à agir conformément à ses intérêts sécuritaires et à protéger ses investissements économiques », a répondu la cheffe de la diplomatie européenne.

L’UE a participé à la conclusion du Plan d’action conjoint signé à Vienne en juillet 2015 après des années d’âpres négociations entre l’Iran et le groupe 5+1 (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie). Aux termes de l’accord, Téhéran a accepté de geler son programme nucléaire jusqu’en 2025.

« Aussi longtemps que l’Iran continue à appliquer ses engagements liés au nucléaire, comme il le fait jusqu’à présent, l’Union européenne restera engagée à la poursuite de la mise en oeuvre complète et effective de l’accord nucléaire », a assuré la haute-représentante.

Donald Tusk, président du Conseil européen, en 2014 (Crédit : Wikimedia Commons)

Dans un tweet, le président du Conseil européen (représentant les 28 Etats membres), Donald Tusk, a promis une « approche européenne unie » et précisé que les dirigeants européens aborderaient la crise nucléaire iranienne mais aussi la guerre commerciale qui menace avec les Etats-Unis lors de leur sommet la semaine prochaine à Sofia.

En annonçant le retrait des Etats-Unis de l’accord nucléaire iranien, M. Trump a promis également le rétablissement des sanctions contre Téhéran qui avaient été levées en contrepartie de l’engagement pris par l’Iran de ne pas se doter de l’arme nucléaire. « Tout pays qui aidera l’Iran dans sa quête d’armes nucléaires pourrait aussi être fortement sanctionné par les Etats-Unis », a prévenu le président.

Le rétablissement de ces sanctions liées au programme nucléaire iranien serait effectif « immédiatement » pour les nouveaux contrats, a affirmé mardi le conseiller à la sécurité nationale John Bolton, précisant que les entreprises déjà engagées en Iran auraient, elles, quelques mois pour en « sortir ».

Le Trésor américain a fait savoir que les sanctions concernant les anciens contrats conclus en Iran entreraient en vigueur après une période de transition de 90 à 180 jours, quelques minutes après l’annonce par le président Donald Trump du retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire signé entre Téhéran et les grandes puissances en 2015.

« Il est absolument possible que des sanctions supplémentaires puissent suivre, si nous avons de nouvelles informations », a précisé John Bolton. « Nous voulons mettre le plus de pression économique possible sur l’Iran et leur dénier l’accès aux revenus qu’ils auraient eu » sans retrait américain, a ajouté le conseiller à la sécurité nationale du président Trump.

Concrètement, « la décision signée aujourd’hui par le président rétablit immédiatement les sanctions qui existaient à l’époque de l’accord », a-t-il expliqué à la presse après l’annonce de Donald Trump. « Aucun nouveau contrat n’est autorisé. »

Pour les contrats déjà en cours, et notamment pour les entreprises étrangères, souvent européennes, qui ont investi en Iran, la période de transition, de trois à six mois, « est une manière de donner aux sociétés l’occasion de sortir » du pays, a-t-il ajouté. « Par exemple dans le cas d’achats de pétrole iranien, si c’est un contrat avec des dispositions de long terme », « ils ont six mois, trois mois, ou une autre période entre les deux pour se retirer avant l’entrée en vigueur des sanctions », a détaillé l’ambassadeur Bolton.

Prié de dire s’il s’agissait d’un délai pour poursuivre les négociations diplomatiques sur l’accord de 2015, il a répondu sèchement : « Nous sommes sortis de l’accord, nous sommes sortis. »

En revanche, a-t-il assuré, Donald Trump « est prêt à envisager des discussions sur une solution beaucoup plus large » s’attaquant « à l’attitude néfaste de l’Iran », « nous avons déjà eu des discussions avec nos alliés et on continuera dès demain matin ».

Le président américain Barack Obama parle de l’accord nucléaire iranien sur CNN, le 7 août 2015. (Crédit : capture d’écran CNN)

L’ancien président américain Barack Obama a qualifié mardi de « grave erreur » la décision de Donald Trump, jugeant que l’accord « fonctionne » et est dans l’intérêt de Washington. 

« Je pense que la décision de mettre le JCPOA en danger sans aucune violation de l’accord de la part des Iraniens est une grave erreur », a indiqué l’ex-président américain, très discret depuis son départ de la Maison Blanche, dans un communiqué au ton particulièrement ferme.

De son côté, Téhéran a déclaré mardi soir vouloir discuter rapidement avec les Européens, les Chinois et les Russes pour voir si ces derniers peuvent garantir les intérêts de l’Iran après le retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien. 

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