Israël en guerre - Jour 433

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Irlande : la communauté juive affirme que l’antisémitisme est ancré dans les écoles publiques

L'atmosphère est de plus en plus critique depuis le pogrom du 7 octobre ; un nouveau rapport révèle des écoles peu accueillantes et des leçons biaisées sur les Juifs que le gouvernement tarde à traiter

Des piétons passant devant une peinture murale représentant des soldats israéliens sombres et ténébreux sur le mur international de Falls Road à Belfast, en Irlande du Nord, le 19 mars 2024. (Crédit : Paul Ellis/AFP)
Des piétons passant devant une peinture murale représentant des soldats israéliens sombres et ténébreux sur le mur international de Falls Road à Belfast, en Irlande du Nord, le 19 mars 2024. (Crédit : Paul Ellis/AFP)

Les deux fils de Justine Zapin, âgés de 8 et 10 ans et résidant à Dublin, sont arrivés à leur école primaire publique au début du mois pour trouver Chris Andrews, un parlementaire irlandais, en train de distribuer des bracelets « Free Palestine » aux élèves.

Ces bracelets ont mis mal à l’aise les deux frères et certains de leurs camarades de classe israéliens. Lorsqu’ils ont demandé à un troisième camarade s’il accepterait d’enlever le sien, celui-ci s’est énervé et les a signalés à l’enseignant. L’enfant de 8 ans a déclaré plus tard qu’il s’était senti en difficulté avec son professeur pour avoir exprimé son malaise, tandis que son frère aîné a dû faire face à des camarades qui remettaient en question son objection par des remarques telles que « Mais c’est Israël qui a commencé la guerre » et « Israël tue des bébés ».

Après le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, une discussion en classe a laissé entendre que « les Juifs l’avaient mérité », a raconté Zapin, et les objections n’ont reçu qu’une réponse minime de la part des responsables de l’école.

Plus de 1 200 hommes, femmes et enfants ont été massacrés lors de l’assaut barbare et sadique commis par le Hamas, et 251 ont été enlevés et emportés de force dans la bande de Gaza.

Justine Zapin, une juive vivant en Irlande. (Crédit : Autorisation)

Plus récemment, l’école – qui fait partie du réseau Educate Together, lequel, selon son site web, promeut une éducation fondée sur l’égalité et l’inclusion – a rejeté le salut nazi d’un élève en disant que « les garçons sont des garçons ».

« Il est clair que la culture de l’école est permissive, voire accueillante, à l’égard de ces récits anti-Israël et anti-juifs », a déploré Zapin.

L’expérience des fils de Zapin coïncide avec la publication, ce mois-ci, d’un rapport du groupe de veille de l’éducation IMPACT-se, qui a révélé de profondes distorsions de la Shoah, d’Israël, du judaïsme et de l’histoire juive dans les manuels scolaires irlandais.

Dans un exemple cité dans le rapport, un manuel d’études religieuses indique que l’islam est « en faveur de la paix et contre la violence », alors que le judaïsme « croit que la violence et la guerre sont parfois nécessaires pour promouvoir la justice ». La parabole du Nouveau Testament du « Bon Samaritain » est illustrée par l’image d’un garçon portant un keffieh – le foulard arabe censé protéger du soleil et du sable qui est devenu un symbole du nationalisme palestinien – et protestant contre Israël.

Un manuel d’histoire fait référence à Auschwitz – le camp de concentration nazi en Pologne où plus d’un million de Juifs ont été assassinés – comme un « camp de prisonniers de guerre ».

Dans un manuel pour enfants racontant l’histoire de Jésus, une bande dessinée contient la phrase « certaines personnes n’aimaient pas Jésus », avec des personnages désapprobateurs portant des vêtements distinctement juifs, notamment des tallit et des kippot. Dans un autre cas, Jésus est décrit comme ayant vécu en « Palestine ».

« Les déformations des faits historiques peuvent perpétuer des récits qui remettent en cause la légitimité d’Israël et favorisent des programmes politiques contre l’État d’Israël », indique le rapport.

Le PDG d’IMPACT-se, Marcus Sheff, a déclaré dans un communiqué diffusé à l’occasion de la publication du rapport que le programme scolaire irlandais « considère les Juifs et le judaïsme comme un élément mineur du tissu social irlandais » et que l’hostilité croissante à l’égard des Juifs et des Israéliens en Irlande ne devrait donc « pas être une surprise ».

Des personnes rassemblées pour une cérémonie de commémoration des victimes du pogrom du 7 octobre, un an après, à Dublin, le 7 octobre 2024. (Crédit : Ros Kavanagh)

« Les manuels scolaires jouent un rôle unique dans la société »

Le 7 novembre, le Parlement irlandais a adopté une motion non contraignante reconnaissant « qu’un génocide est perpétré sous nos yeux par Israël à Gaza ». Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Micheal Martin, a déclaré que l’Irlande avait l’intention de s’associer au recours déposé par l’Afrique du Sud contre Israël pour génocide devant la Cour internationale de justice (CIJ) avant la fin de l’année.

L’Irlande est l’un des huit pays de l’Union européenne (UE) où IMPACT-se analyse les manuels scolaires, a déclaré Sheff au Times of Israel.

« Il est clair qu’il y a un problème en Europe », a-t-il souligné.

« Les manuels scolaires jouent un rôle unique dans la société, ils créent les sociétés du futur et sont capables d’agir comme des barrières à la radicalisation, que les jeunes peuvent recevoir d’autres éléments, des parents, des médias et des réseaux sociaux. »

En réponse au rapport, le grand rabbin d’Irlande Yoni Wieder a déclaré que si certaines des inexactitudes relatives au judaïsme et à l’histoire juive pouvaient être mises sur le compte d’une « recherche bâclée et d’un manque de familiarité », celles concernant le conflit israélo-arabe étaient vraisemblablement intentionnelles.

« Il est difficile de sous-estimer l’importance d’Israël dans le discours public irlandais », a déclaré Wieder.

« Depuis plus d’un an, les hommes politiques et les grands médias diabolisent Israël presque quotidiennement. »

Le Grand Rabbin d’Irlande Yoni Wieder s’exprimant lors d’une cérémonie de commémoration des victimes du pogrom du 7 octobre, un an après, à Dublin, le 7 octobre 2024. (Crédit : Collins)

« L’armée israélienne est régulièrement présentée comme ciblant intentionnellement les enfants et les civils. Il n’est jamais fait mention des efforts qu’elle déploie pour protéger des vies innocentes. On parle rarement des atrocités perpétrées par le Hamas, le [groupe terroriste chiite libanais du] Hezbollah et l’Iran, ou de la menace qu’ils représentent pour Israël et pour leur propre peuple », a-t-il déclaré.

Weider a cité Punam Rane, conseillère municipale de Dublin, qui, lors d’une réunion tenue sur le 7 octobre et coïncidant avec le premier anniversaire du pogrom du Hamas, a affirmé que « l’ensemble de l’économie américaine est dirigé par les Juifs, par Israël ».

Les Juifs irlandais se sentent beaucoup plus isolés, note Wieder, et nombre d’entre eux expriment la « peur de s’exprimer ». La montée de la « rhétorique incendiaire a créé un contexte dans lequel l’antisémitisme peut prospérer », a-t-il estimé, tout en mettant en garde contre une « surestimation de l’ampleur de l’antisémitisme ».

Certains Juifs « ont très peur et pensent souvent à ce qui pourrait leur arriver, à eux ou à leur famille, tandis que d’autres se sentent en sécurité et ne voient pas de raison majeure de s’inquiéter », a-t-il ajouté.

Des manifestants du mouvement Boycott, Divestment and Sanctions (BDS) défilant à Belfast, en Irlande du nord, le 11 avril 2023. (Crédit : Peter Morrison/AP)

Le Jewish Representative Council of Ireland (JRCI), principal organe de représentation de la communauté juive irlandaise, a déclaré au Jewish Chronicle, basé à Londres, que les jeunes Juifs se sentaient « assiégés » dans les salles de classe, ce qui a contraint un certain nombre d’entre eux à changer d’école en raison de l’antisémitisme. Le président de la JRCI, Maurice Cohen, a déclaré que ses efforts pour discuter de ses préoccupations avec la ministre irlandaise de l’Éducation, Norma Foley, se sont heurtés à des refus répétés. « Il n’y a aucune preuve que l’antisémitisme soit enseigné dans les écoles irlandaises », a déclaré son ministère au journal.

Zapin, qui a quitté les États-Unis pour Dublin il y a plusieurs années afin d’obtenir un doctorat, réfléchit actuellement au prochain pays où elle pourrait s’installer, bien qu’elle ait été « très, très heureuse » en Irlande jusqu’au 7 octobre. Entre-temps, elle s’attelle à transférer ses enfants à l’école juive de Dublin.

« Il s’agit de savoir comment nous voulons que nos enfants s’instruisent, ce que nous voulons qu’ils apprennent et comment nous pouvons assurer leur sécurité et la nôtre », a-t-elle déclaré.

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