Israël a expulsé Salah Hamouri vers la France
Il avait été emprisonné en Israël entre 2005 et 2011 pour participation à la tentative d'assassinat d'Ovadia Yossef, ancien grand rabbin d'Israël et libéré dans le cadre de l'accord Shalit

Israël a expulsé dimanche le terroriste franco-palestinien Salah Hamouri condamné depuis mars en détention administrative.
Hamouri avait été emprisonné en Israël entre 2005 et 2011 pour participation à la tentative d’assassinat d’Ovadia Yossef, ancien grand rabbin d’Israël et fondateur du parti ultra-orthodoxe Shas, avant d’être libéré en 2011 dans le cadre d’un échange de 1 027 prisonniers ayant permis la libération du soldat franco-israélien Gilad Shalit.
Devenu lui-même avocat, il travaillait pour l’ONG Addammeer qui défend les prisonniers palestiniens. Cette ONG a été placée ces derniers mois, comme une poignée d’autres, sur la liste israélienne des organisations terroristes, par le ministre de la Défense, Benny Gantz.
Hamouri est aussi soupçonné par Israël d’entretenir des liens – ce qu’il nie – avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation classée terroriste par l’Etat hébreu et l’Union européenne.
Hamouri, 37 ans, a été expulsé dimanche matin vers la France, a annoncé le ministère israélien de l’Intérieur dans un communiqué, tandis que sa famille avait, elle, été notifiée plus tôt ce weekend qu’il allait être placé sur un vol Tel-Aviv/Paris du transporteur national El AL.
« La première étape sera de se retrouver, il y a du temps à rattraper en famille. La voix de Salah ne va pas s’éteindre avec cet exil forcé (…) En France, il sera une voix pour le peuple palestinien », a déclaré son épouse Elsa Lefort à l’AFP.

Son expulsion a été reportée à la suite d’audiences devant la justice militaire, ses avocats remettant en cause son ordre d’expulsion et aussi la révocation de son statut de résident de Jérusalem-Est.
Né dans cette partie de la Ville sainte, Salah Hamouri ne dispose pas de la nationalité israélienne mais d’un permis de résidence, que les autorités israéliennes ont révoqué, ce qu’il conteste.
Début décembre, les autorités israéliennes ont confirmé la révocation de son statut ouvrant ainsi la voie à une expulsion imminente malgré une nouvelle audience prévue le 1er janvier.
Depuis vendredi soir, les indications d’une expulsion dimanche s’étaient multipliées, la députée radicale arabe israélienne Aïda Touma-Slimane ayant d’ailleurs écrit samedi soir à Gantz pour empêcher l’expulsion, toutefois décrétée par la ministre de l’Intérieur Ayelet Shaked.

« C’est un formidable accomplissement d’avoir pu provoquer, juste avant la fin de mon mandat, son expulsion », a commenté dimanche Mme Shaked.
L’expulsion de Salah Hamouri est un « test » pour les habitants de Jérusalem-Est, a estimé récemment son avocate Leah Tsemel, disant craindre que le futur gouvernement israélien ne multiplie les révocations de permis de résident de Palestiniens nés dans la capitale.
« Cette expulsion est une manœuvre visant à entraver le travail de Salah Hamouri en faveur des droits humains, mais aussi l’expression de l’objectif politique à long terme des autorités israéliennes, qui est de diminuer l’importance de la population palestinienne à Jérusalem-Est », ont estimé dimanche Amnesty international et des ONG françaises.
« Nous ne pensions pas que c’était possible d’expulser une personne de sa terre natale. C’est un citoyen français il est davantage palestinien. Il est né à Jérusalem, a vécu et grandi ici (…) Ces racines sont ici », déclarait récemment sa mère, Denise Hamouri.

Celle-ci avait exhorté le président français Emmanuel Macron à faire pression sur Israël pour surseoir son expulsion et permettre à Salah Hamouri de voyager librement entre Jérusalem et la France, pays où vivent actuellement son épouse, Elsa Lefort, et leurs deux enfants.
« Il n’y a pas eu de volonté politique de faire pression avec des moyens sur le gouvernement israélien (…) Ça a été le minimum syndical », a ajouté Mme Lefort.
« Nous condamnons aujourd’hui la décision des autorités israéliennes, contraire au droit, d’expulser M. Salah Hamouri vers la France », a indiqué dans la foulée le ministère français des Affaires étrangères, dans un communiqué.
Amnesty international avait conclu, après analyse du téléphone portable de Hamouri, que celui-ci avait été piraté par le logiciel espion Pegasus de la société israélienne NSO.