Israël-Gaza : campagne de UN Watch contre une enquêtrice de l’ONU
L'ONG accuse Navi Pillay d'avoir tenu des propos sur le conflit israélo-palestinien "compromettant son impartialité" sur l'enquête sur les atteintes aux droits humains
L’ONG UN Watch a demandé lundi que Navi Pillay, ancienne Haute-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, quitte la présidence de l’enquête onusienne sur les atteintes aux droits humains dans les Territoires palestiniens et en Israël.
Dans un communiqué, UN Watch demande à Mme Pillay de « démissionner », l’accusant d’avoir tenu des propos sur le conflit israélo-palestinien « compromettant son impartialité ».
« Nombre des déclarations en question ont été faites quelques semaines seulement avant sa nomination par l’ONU, ce qui laisse peu de place pour imaginer comment Pillay pourrait envisager ces questions différemment si peu de temps après », a déclaré le directeur exécutif de l’ONG, Hillel Neuer, dont le siège se trouve à Genève.
UN Watch a déposé lundi auprès de l’ONU une plainte à l’encontre de Mme Pillay, l’accusant « d’avoir violé les règles de l’ONU en omettant de divulguer nombre de ses déclarations antérieures ».
« Nous demandons aujourd’hui à Mme Pillay de se récuser. Dans le cas où elle refuserait de le faire, nous demandons à Federico Villegas, le président du Conseil des droits de l’homme, de la démettre de ses fonctions », a souligné M. Neuer.
Interrogée par l’AFP, une porte-parole de l’ONU a indiqué que le Haut-Commissariat avait pour l’instant pris connaissance des accusations de l’ONG.
La commission d’enquête internationale a été créée fin mai 2021 après un violent conflit entre Israël et les groupes terroristes palestiniens de la bande de Gaza.
Haute-Commissaire aux droits de l’homme de 2008 à 2014, Navi Pillay a également été juge et présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda.
En Afrique du Sud, elle avait été la première femme à ouvrir, en 1967, un cabinet d’avocats dans sa province du Natal où elle a notamment défendu des personnes militant contre l’apartheid, dénoncé la torture et réussi à conquérir des droits pour les prisonniers de Robben Island, où était détenu Nelson Mandela.
En mai 2021, des rassemblements de soutien à des familles palestiniennes menacées d’expulsion en profit d’Israéliens y avaient dégénéré en affrontements avec les forces israéliennes, prémices à une flambée de violences meurtrières en Israël et dans les Territoires palestiniens.
La portée de la résolution dépasse largement ces violences.
Le texte demande que la commission étudie « toutes les causes profondes des tensions récurrentes, de l’instabilité et de la prolongation du conflit, y compris les discriminations et la répression systématiques fondées sur l’appartenance nationale, ethnique, raciale ou religieuse ».
C’est aussi la première fois que le Conseil met sur pied une commission d’enquête avec un mandat dont la durée n’est pas fixée à l’avance. Son premier rapport est attendu en juin.