Israël en guerre - Jour 61

Rechercher

Israël-Hamas : ne pas laisser les jeunes seuls devant les images, alertent les psys

Les images peuvent créer une "attirance morbide" contre laquelle "il faut lutter", selon Bruno Boniface, psychiatre, qui a traité des victimes des attentats de Paris de 2015

Photo d'illustration : Des enfants sur leur téléphone mobile. (Crédit : Kerkez/iStock by Getty Images)
Photo d'illustration : Des enfants sur leur téléphone mobile. (Crédit : Kerkez/iStock by Getty Images)

Des psychologues interrogés par l’AFP recommandent de « ne pas laisser seuls » les enfants face aux images, diffusées sur les réseaux sociaux ou dans les médias, des massacres sanglants perpétrés par le Hamas ou celles de la guerre déclenchée en représailles par Israël à Gaza.

Quelles conséquences peuvent avoir les images violentes ?

« L’image est plus terrorisante qu’un texte, elle est perçue sans intermédiaire par le cerveau. Cela démultiplie la terreur. Les images prises par les auteurs d’attentat sont utilisées comme des armes », explique Bruno Boniface, psychiatre spécialiste en traitement des psychotraumatismes exerçant au CHU de Bicêtre (Val-de-Marne).

Elles peuvent créer un « traumatisme secondaire » ou dit « vicariant » : « le syndrome de stress post-traumatique est ressenti quand on a été témoin ou victime soi-même, le trauma vicariant peut survenir lorsqu’on est confronté à des images violentes », explique-t-il.

Ce trauma peut provoquer des réactions émotionnelles très variées : impression de revivre la scène, éveillé ou lors de cauchemars, « évitement, retrait, isolement des autres, troubles dépressifs et anxieux, addictions ou bien une dissociation qui s’exprime par la froideur », explique ce psychiatre.

Tout le monde peut s’identifier aux civils attaqués le 7 octobre dans le festival près de la bande de Gaza, comme sur les terrasses à Paris en 2015, ce qui n’est pas le cas avec une attaque sur une caserne militaire, observe-t-il.

Les images peuvent créer une « attirance morbide » contre laquelle « il faut lutter », selon le psychiatre, qui a traité des victimes des attentats de Paris de 2015.

« La presse doit se poser la question éthique de savoir dans quel but elle montre ces images, quelle information elles apportent », observe-t-il.

Le corps d’un terroriste gisant le 11 octobre 2023 au milieu des décombres d’une fusillade qui a éclaté entre des terroristes du Hamas et des soldats israéliens à Beeri, en Israël, le 7 octobre. (Crédit : Canaan Lidor/The Times of Israel)

Comment agir vis-a-vis des enfants ?

Les plus jeunes, élèves de primaire, ne devraient pas avoir accès aux écrans qui diffusent ces images, affirment les psychologues interrogés par l’AFP. Les réseaux sociaux sont d’ailleurs en principe réservés aux plus de 13 ans.

Mais selon un sondage commandé par l’association e-Enfance, deux tiers des 6-10 ans vont sur les réseaux sociaux, notamment TikTok, explique sa présidente, la psychologue Béatrice Copper-Royer.

« L’image a un caractère tenace. Même si le parent l’accompagne d’explications, ce qui va rester c’est l’image, quand l’enfant sera seul ou le soir dans son lit ou dans des cauchemars, plutôt que la parole du parent », explique la psychologue Marion Haza, présidente de l’Observatoire de la Parentalité numérique (Open).

Il est préférable de « s’informer avec la radio » et de ne mettre le journal télévisé que lorsque les enfants sont couchés, préconise Marion Haza.

La pédiatre Sylvie Dieu Osika, membre fondateur du CoSE (Collectif surexposition écrans), conseille « de ne pas laisser la télé pendant les repas, même si l’enfant est de dos et ne semble pas la regarder ».

Elle invite les parents à « être vigilants si leur enfant manifeste des troubles du sommeil, des cauchemars ou un endormissement difficile ».

Les gens observent une minute de silence le 16 novembre 2015 devant le café La Belle Equipe de rue de Charonne dans le XIe arrondissements de Paris, pour rendre hommage aux victimes des attentats revendiqués par l’Etat islamique, qui ont tué au moins 129 personnes et fait plus de 350 blessés le 13 novembre (Crédit photo: JACQUES DEMARTHON / AFP)

Et les adolescents ?

Comme les adolescents, eux, ont accès aux images plus facilement sur internet, les psychologues recommandent d’en parler avec eux : « en leur demandant : ‘Qu’est-ce que tu comprends ? qu’est-ce que tu as vu ?’ Et décortiquer cela. L’ado ne doit pas rester seul face aux images », selon Mme Haza.

Les psychologues recommandent de le faire réfléchir à la vérification des informations et des sources. « Sont-elles fiables ? L’information est-elle vérifiée ? Il faut sortir du côté sensationnel des images et revenir sur l’information ».

La présidente d’Open recommande de parler avec le jeune du contexte historique et politique du conflit israélo-palestinien.

« Ensuite parler avec lui de nos émotions : colère, peur. ‘Est-ce que cela te fait peur ?' », indique-t-elle.

Les mêmes conseils s’appliquent, dit-elle, pour parler avec eux de l’attaque islamiste dans un collège-lycée d’Arras, où un enseignant a été poignardé à mort vendredi.

« On peut leur dire que le fanatisme est parfois alimenté par les réseaux sociaux », souligne Mme Copper-Royer.

Selon les psychologues, des échanges devraient avoir lieu en famille, mais aussi en classe.

« Il ne faut pas rester dans l’émotion pure, sans réflexion », dit Mme Haza, recommandant d’orienter le jeune vers des contenus d’information adaptés, comme HugoDécrypte, le youtubeur aux deux millions d’abonnés.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.