Israël en guerre - Jour 538

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Opinion

Malgré son gouvernement, Israël riposte et se demande combien de temps il reste à Tsahal

Un mois après le 7 octobre, c'est une nation changée, avec une population qui, en grande partie, ne dépend pas de ses dirigeants politiques, et veut retrouver foi en son armée

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Proches et amis assistent à une cérémonie en hommage aux Israéliens otages des terroristes du Hamas à Gaza, un mois après le massacre du 7 octobre, au mur Occidental, dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 7 novembre 2023. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)
Proches et amis assistent à une cérémonie en hommage aux Israéliens otages des terroristes du Hamas à Gaza, un mois après le massacre du 7 octobre, au mur Occidental, dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 7 novembre 2023. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)

Cela fait déjà un mois. La douleur du 7 octobre reste incroyablement vive. Comme l’a écrit (en anglais) mon collègue Amir Ben-David mardi, « des centaines de milliers d’Israéliens ont rejoint les rangs des endeuillés, veufs, orphelins, brisés, traumatisés, terrifiés ».

Cela ne disparaîtra pas de sitôt.

Les familles les plus touchées – celles qui sont en deuil et celles dont les proches restent insupportablement entre les mains des terroristes à Gaza – vivent dans une horreur permanente. Leur monde est brisé et beaucoup sont également devenus des réfugiés, sans aucune garantie de retour dans un avenir proche, si tant est qu’ils en aient envie.

C’est, depuis le 7 octobre, une nation changée, qui est de tout cœur avec eux et se bat pour se remettre du massacre. C’est aussi une nation changée, forte d’une population qui, pour l’essentiel, ne compte pas sur ses dirigeants politiques et veut désespérément croire qu’elle peut à nouveau faire confiance à ses chefs militaires.

D’une manière générale, les Israéliens estiment que le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu a sous-estimé de manière déraisonnable et absolument catastrophique le Hamas avant le 7 octobre, et échoue à gouverner depuis. Il est, pour l’essentiel, composé d’inconnus égoïstes, dont la plupart ont refusé de reconnaître honnêtement à quel point ils avaient mal évalué la menace terroriste, limité les contacts avec les proches des victimes, esquivant funérailles et appels à Shiva, et ont tardé à débloquer les fonds nécessaires à la prise en charge des réfugiés et de leurs communautés brisées, de leur agriculture et de leur industrie. Ces dizaines de ministres n’ont même pas aidé le pays à faire son deuil lors des événements commémoratifs organisés mardi, pour dire qu’un mois était s’était écoulé depuis la catastrophe, en renvoyant l’organisation à l’initiative spontanée de concitoyens abandonnés. C’est pour tout dire un gouvernement absent, dans un Israël qui se bat malgré ses élus.

Et, d’une manière générale, les Israéliens voient une armée israélienne qui a rappelé des centaines de milliers de réservistes, rappelé le peuple, pour aider l’armée permanente à tenter de se remettre du désastre du 7 octobre en veillant à ce qu’il ne se reproduise pas. Nous espérons et prions pour que, cette fois-ci, les échelons supérieurs de l’armée sachent ce qu’ils font. Pour que les autres vies qui seront perdues soient un terrible tribut qui vaudra la peine d’être payé.

Cela fait déjà un mois. On nous dit que Tsahal estime que la guerre contre le Hamas « se déroule mieux que prévu ». Des milliers de terroristes du Hamas ont été tués, des tunnels et d’autres infrastructures ont été mis hors d’état de fonctionnement. Les pertes de Tsahal sont moins importantes que ce qui était anticipé.

Très peu d’Israéliens sont en désaccord avec le double enjeu officiel de la guerre, à savoir la destruction du Hamas en tant que menace pour Israël, et la libération des otages. On a du mal à imaginer ce qu’implique vraiment la destruction du Hamas et même si c’est un objectif réaliste.

Du sang dans une maison envahie par des terroristes du Hamas, dans le kibboutz Beeri, le 7 octobre dernier, lors d’une attaque au cours de laquelle 1 400 personnes ont été massacrées dans le sud d’Israël. (Crédit : Edi Israël/Flash90)

Car d’une part, ce groupe terroriste du Hamas que nos politiciens et chefs des services de sécurité ont laissé prospérer de l’autre côté de cette barrière inutile s’avère être une armée.

Le général à la retraite Yisrael Ziv estime à 30 000 le nombre d’hommes armés entraînés par le Hamas : d’autres citent des chiffres plus élevés encore. Chaque jour, le porte-parole de Tsahal relaie des détails sur les entrepôts d’armes détruits, les infrastructures souterraines mises hors d’état de fonctionnement ou encore les commandants de « bataillon » éliminés. Le soulagement de savoir toutes ces importantes ressources détruites ou ces chefs terroristes éliminés est contrebalancé par la perplexité croissante qu’on leur ait permis de prospérer et s’enraciner.

Le Hamas, dont nous, Israéliens, avons été amenés à croire qu’il était relativement inoffensif et faible, surtout par rapport au Hezbollah à la frontière nord, a transformé la bande de Gaza en « la plus grande base terroriste que l’humanité ait jamais construite », a déclaré mardi soir le ministre de la Défense Yoav Gallant.

Vue aérienne de l’enceinte de l’hôpital Al-Shifa, dans la ville de Gaza, le 7 novembre 2023. (Crédit : Bachar TALEB / AFP)

Le général à la retraite Giora Eiland, a expliqué que les États-Unis « ont du mal à comprendre que Gaza n’est pas Mossoul et n’est pas comme ces zones où on a combattu l’État islamique … C’est l’endroit le plus fortifié de toute l’histoire de l’humanité, avec le meilleur de la technologie iranienne et des milliards qui y ont été investis…

Eh bien, peu importe que les Américains « aient du mal à comprendre ». De toute évidence, les dirigeants politiques et militaires d’Israël ne l’ont pas non plus compris.

Et où Israël, où Israël devrait-il tracer la ligne rouge entre lutte contre le Hamas et combats à Gaza ?

« Nous détruirons le Hamas ; nous n’avons aucun intérêt à faire du mal aux civils », a déclaré M. Gallant mardi, faisant une distinction maintes fois reprise par des ministres et des chefs des services de sécurité de tout premier plan.

Par ailleurs, Eiland a affirmé lundi que « Gaza est dans une très large mesure un État nazi, dans lequel ils sont parvenus à embrigader toute la société civile pour soutenir la lutte contre Israël. Toutes les maisons de Gaza ont une entrée qui donne vers les tunnels en contrebas. De maisons privées. Tous les administrateurs d’hôpitaux et d’écoles sont des employés du Hamas. Tous les Gazaouis participent aux actions contre Israël… Ils sont unis autour de ceux qui les dirigent, absolument pas opposés.»

Alors, encore une fois, comment se passe cette guerre ?

Il semble clair, malgré tout ce brouillard, que l’armée israélienne s’attaque progressivement à ce « lieu le plus fortifié de l’histoire de l’humanité ».

Mais aussi qu’il ne peut pas détruire en quelques semaines ce qui a pris plus de 15 ans à bâtir.

Les responsables de Tsahal, en effet, parlent en termes de mois. Auront-ils tout ce temps là ?

Des unités de Tsahal de la 36e division opèrent dans la bande de Gaza, dans une image distribuée le 5 novembre 2023. (Crédit : Armée israélienne)

L’intolérance mondiale à l’égard de la guerre – on ne peut plus élevée alors même que le monde marginalise grandement les atrocités commises le 7 octobre et l’obligation d’Israël d’empêcher de nouveaux massacres de son peuple – ne fera que s’élever dans la stratosphère à mesure que le bilan des morts à Gaza communiqué par le Hamas, bien que notoirement peu fiable, continuera de s’alourdir.

L’écœurante déferlante mondiale de l’antisémitisme n’est pas près de disparaître.

Le soutien indéfectible de l’administration Biden s’accompagne désormais de fréquentes demandes de « pauses humanitaires » dans les combats, quand bien même le secrétaire d’État américain Antony Blinken a reconnu qu’elles pourraient permettre au Hamas de se remettre sur pieds.

Il faudra sans doute très peu d’erreurs de Tsahal, réelles ou inventées, à l’origine de pertes civiles de grande ampleur, pour que ces demandes se transforment en revendications et, au fil de l’eau, que ces « pauses humanitaires » deviennent des « cessez-le-feu ».

Les forces terrestres se rapprocheraient de l’hôpital Shifa, qui se trouve au-dessus de ce que l’armée israélienne décrit comme une base opérationnelle majeure du Hamas et une plaque tournante de son système de tunnels. L’armée israélienne a-t-elle un plan ? Va-t-elle envoyer des convois d’ambulances en même temps que ses soldats, de façon à secourir les patients tout en s’attaquant aux terroristes ?

A-t-elle, pour commencer, les compétences et moyens de détruire les tunnels du Hamas et terroristes qui s’y trouvent, et de le faire sans envoyer de soldats, comme l’a affirmé la semaine dernière l’ex-chef d’état-major adjoint Yair Golan ? Et de le faire sans mettre en danger les otages qui s’y trouvent ?

Mardi soir, Netanyahu a déclaré, dans l’une des brèves déclarations télévisées dont il est coutumier, ces derniers temps, que l’armée israélienne avait atteint des endroits que le Hamas « pensait inviolables ».

Mais Netanyahu ne cache pas que la guerre est loin d’être terminée.

Les tirs de roquettes du Hamas sur Israël semblent parfois donner des signes d’essoufflement, mais nombre d’analystes estiment qu’il reste encore énormément de stocks. Mais ils ne donnent en rien de signe clair de pression – sous la forme d’une pression pour conclure un accord de libération des otages.

Gallant a affirmé mardi soir que le chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, se trouvait au fond d’un bunker, déconnecté de sa chaîne de commandement, ignorant à quel point son armée terroriste était malmenée. Est-ce que le fait que Gallant le dise le rend ainsi ? Tout Israël aimerait s’en persuader.

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