Israël songe à expulser Al Jazeera dans un contexte de boycott du Qatar
Après des initiatives similaires en Arabie saoudite et en Jordanie, Netanyahu serait prêt à faire cesser les activités du bureau israélien du réseau d'informations mais les obstacles légaux sont importants
Israël serait en train de réfléchir à faire fermer le bureau d’informations d’al-Jazeera situé à Jérusalem dans le cadre d’une campagne plus large menée par les pays arabes sunnites visant à mettre la pression sur la nation du Qatar, dans le Golfe, en raison de ses liens entretenus avec l’Iran et de son soutien à des groupes terroristes.
Le réseau d’informations satellitaire est basé à Doha et il est considéré par une grande partie de la région comme loyal à la monarchie. Lundi, le ministre de la Défense Avigdor Liberman a qualifié le réseau qatari d’organisme de propagande « du genre [qu’on trouvait dans] l’Allemagne nazie ».
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a réuni lundi la première rencontre en ce sens en compagnie des autorités concernées, dont le ministère des Affaires étrangères, les services de sécurité du Shin Bet, le service de presse du gouvernement et le ministère de la Défense pour étudier la possibilité de faire clore le bureau, a fait savoir le quotidien Yedioth Ahronoth mardi. Des études préliminaires sur cette initiative ont d’ores et déjà été réalisées par les quatre agences.
L’Arabie saoudite et la Jordanie ont déjà fait fermer les bureaux d’al-Jazeera sur leurs territoires respectifs mais cette démarche risque d’être plus difficile en Israël. La majorité des 34 employés d’al-Jazeera en Israël sont des ressortissants israéliens, selon l’article, et leur droit au travail – s’il n’est pas illégal – dans le pays et dans quelque entreprise que ce soit est donc protégé sous les termes de la loi fondamentale, par la liberté de vacance. De plus, al-Jazeera ferait très probablement appel à la Haute-cour de Justice contre toute initiative étatique de lui faire cesser ses activités en avançant la liberté de la presse.
Même si les tribunaux approuvent finalement la fermeture du réseau, le processus pourrait reporter les audiences à bien après la fin de la crise diplomatique actuelle entre le Qatar et les états arabes sunnites.
L’Arabie saoudite, le Bahreïn, l’Egypte et les Emirats arabes unis ont rompu les liens diplomatiques avec le Qatar, qui accueillera la Coupe du monde de la FIFA en 2022, et ont interrompu les liaisons aériennes, maritimes et terrestres avec cette petite nation péninsulaire qui dépend des importations de produits alimentaires. Son entreprise de transports de vols long-courrier, Qatar Airways, a elle aussi été impactée.
Au coeur de ce conflit, les allégations prononcées de longue date reliant le Qatar à des groupes militants islamistes de la région.
Doha a nié soutenir les organisations terroristes mais les responsables occidentaux ont régulièrement accusé son gouvernement de permettre ou même d’encourager le financement de certains extrémistes sunnites.
Le Qatar a également accueilli un leader du groupe terroriste palestinien du Hamas, qui gouverne la bande de Gaza, ainsi que des membres des Frères musulmans, un groupe islamiste sunnite que les nations du Golfe considèrent comme une menace à l’encontre de leur système héréditaire.