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Israéliens et Palestiniens tirent les leçons du conflit en Irlande du Nord

Lors d'une visioconférence organisée par l'ONG Tech2Peace, les jeunes participants ont tenté de comprendre le point de vue de l'autre avec l'aide du pasteur Gary Mason

Un événement en ligne de Tech2Peace : L'ONG utilise la technologie pour créer le dialogue et la collaboration entre Israéliens et Palestiniens. (Autorisation)
Un événement en ligne de Tech2Peace : L'ONG utilise la technologie pour créer le dialogue et la collaboration entre Israéliens et Palestiniens. (Autorisation)

Le révérend Gary Mason sait très bien ce que signifie se battre pour la paix et la réconciliation. C’est ce qu’il a fait pendant des années en Irlande du Nord en s’impliquant dans le processus de paix entamé dans les années 1990 – en facilitant le dialogue et les échanges pour permettre de mettre un terme à des décennies de conflit opposant les unionistes et loyalistes protestants et les républicains et nationalistes catholiques.

Mais même après l’accord Good Friday, qui a été signé en 1998 et qui a presque mis un terme aux violences, les tensions religieuses ne se sont pas complètement apaisées.

Et en 2015, Mason a fondé Rethinking Conflict, une organisation utilisant l’expérience passée et actuelle de l’Irlande du Nord pour aider à bâtir « la réconciliation dans les recoins les plus fracturés et les plus sensibles de la société ».

Cet attachement à la paix et au dialogue a fait de Mason, un pasteur méthodiste de Budapest, le candidat idéal pour organiser un événement virtuel consacré à la nécessaire construction de la confiance entre les jeunes Palestiniens et Israéliens dans le cadre d’une initiative de Tech2Peace, une organisation israélo-palestinienne à but non lucratif qui utilise les technologies pour instaurer un dialogue et développer les collaborations entre les deux parties.

Les évènements organisés par Tech2Peace cherchent à rassembler les jeunes Palestiniens et Israéliens en utilisant les technologies pour construire des ponts entre les deux populations. (Autorisation)

Un événement, le 12 octobre, a ainsi réuni une petite cinquantaine de jeunes Palestiniens, Israéliens et Nord-Irlandais au cours d’une visioconférence de deux heures sur Zoom. Mason a évoqué la coexistence au cours de brèves interventions et les participants ont pu partager des histoires et leurs expériences sur le dialogue dans le contexte d’un conflit.

Mason a expliqué que la confiance réelle pouvait se construire dans le cadre de relations véritables, et qu’il était donc important que les personnes, des deux côtés, échangent les unes avec les autres.

La coopération sociétale a été déterminante dans l’avancée du processus de paix en Irlande du Nord, a-t-il rappelé, soulignant qu’il était crucial de s’écouter, de se livrer et de collaborer.

« Il faut que nous fassions attention au langage que nous utilisons parce qu’un mauvais vocable peut être absolument destructeur », a dit Mason. « Même lorsque nous sommes en désaccord, nous ne devons pas utiliser des mots qui peuvent s’avérer être mortels pour l’autre partie ».

Il a aussi souligné la nécessité de ne pas politiser la religion dans le conflit, de réclamer des comptes aux politiciens pour leurs agissements et d’encourager la collaboration avec les organisations à but non lucratif.

Cet événement a été organisé par Tech2Peace, qui combine formation technologique et entrepreneuriale, activités sociales et dialogue pour construire une communauté qui permette aux Israéliens et aux Palestiniens non seulement de pouvoir prendre part à des échanges qui pourront favoriser la paix, mais également de développer des partenariats dans le secteur technologique dans la région.

Uri Rosenberg, co-fondateur de Tech2Peace. (Autorisation)

Tech2Peace a été cofondé en 2017 par deux Israéliens – Uri Rosenberg, 43 ans, qui habite Haïfa et Tomer Cohen, originaire de Beer Sheva, lui-même âgé de 27 ans – et par Abeer Bandak, un Palestinien de 38 ans originaire de Jérusalem-Est.

Depuis le début de ses activités, Tech2Peace a organisé cinq séminaires de deux semaines au cours desquels 15 Palestiniens et 15 Israéliens ont pu plonger dans un mélange intensif de cours de technologie, de sessions de dialogue, de leçons d’entrepreneuriat et de conférences faites par des intervenants extérieurs.

« Dans certaines parties d’Israël et des territoires palestiniens, « nous vivons vraiment en voisins mais nous n’avons aucun lien les uns avec les autres », explique Bandak. « Avant toute chose, il n’est pas facile d’entrer en contact avec l’autre. Ce n’est pas facile d’accepter l’autre. Nous rêvons vraiment de changer notre société de manière à ce que les gens, dans nos sociétés, acceptent l’autre partie, qu’ils aient la conviction que les droits de l’autre partie sont légitimes et que finalement, nous puissions vivre ensemble et créer une coexistence. Et nous savons très bien que c’est un long, long processus qu’il faudra que nous entreprenions tous ».

Tech2Peace, indique Rosenberg, tente aussi d’amplifier les voix des Palestiniens et de faire comprendre aux Israéliens les souffrances de ces derniers tout en créant des opportunités commerciales.

En organisant cet événement le trio espérait que Mason puisse rendre plus facile les échanges sur la confiance à construire dans le contexte d’un conflit en s’appuyant sur les leçons tirées du processus de réconciliation en Irlande du Nord.

« C’est important, parfois, de faire entrer des expériences extérieures et de les soumettre à nos participants. Et il était déterminant, avant tout, de faire part d’une expérience différente – et peut-être même réussie », s’exclame Bandak.

Tomer Cohen, co-fondateur de Tech2Peace. (Autorisation)

Rosenberg espère qu’entendre les expériences vécues par l’Irlande du Nord donnera aux Israéliens et aux Palestiniens le sentiment qu’ils ne sont pas seuls et que les problèmes qu’ils rencontrent existent aussi dans d’autres parties du monde.

« Nous avons un problème relationnel – Israéliens et Palestiniens – alors la meilleure chose pour nous, c’est de constater que d’autres sont peut-être plus avancés dans la résolution d’un problème de ce type mais qu’eux aussi, ils n’en sont pas encore sortis », dit Rosenberg. « Je pense que c’est une bonne chose pour nous et que c’est une bonne chose également pour les Nord-Irlandais de voir que d’autres vivent la même difficulté – que nous pouvons nous comprendre les uns les autres ».

Les cofondateurs notent que l’un des aspects importants de la communauté Tech2Peace est l’organisation d’événements pour les anciens participants des séminaires technologiques de quinze jours. Lors de la visioconférence, Mason a indiqué qu’il espérait que lorsque les restrictions de voyage induites par l’épidémie de coronavirus seraient levées, des groupes de jeunes Palestiniens et Israéliens pourraient venir en Irlande du Nord – et vice versa – pour pouvoir en apprendre davantage sur la culture du pays.

Les cofondateurs de Tech2Peace se disent satisfaits du déroulement de la visioconférence tout en reconnaissant qu’il faudra encore beaucoup d’autres initiatives pour créer la confiance entre Israéliens et Palestiniens.

« Nous devons nous habituer à une réalité triste, et je pense que ce type d’événements, d’une certaine manière, nous indique la route à suivre – mais nous demande aussi d’être réalistes », dit Rosenberg. « On ne pourra pas tout résoudre en un seul jour ».

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