Jaljulia : Deux ados victimes d’une fusillade aux abords d’un commissariat
Un adolescent arabe israélien de 14 ans a été tué et un autre de 12 ans grièvement blessé ; la ville se met en grève mercredi et manifestera vendredi contre les violences
Deux jeunes qui ont essuyé des tirs dans la ville de Jaljulia, dans le centre d’Israël, dans la journée de mardi étaient assis à 100 mètres seulement d’un commissariat de police au moment de l’attaque, selon un reportage diffusé mercredi.
Muhammad Abdelrazek Ades, 14 ans, est mort pendant la fusillade et Mustafa Osama Hamed, 12 ans, a été grièvement blessé.
L’attaque a suscité une nouvelle vague d’indignation concernant les violences au sein de la communauté arabe israélienne. Ades est le 23e Arabe israélien, cette année, à mourir dans des circonstances violentes et le 3e âgé de moins de 20 ans. Les forces de l’ordre ont été accusées de négliger les crimes violents dans les communautés arabes – une accusation qui se trouve mise en exergue par ces tirs qui se sont produits aux abords même d’un commissariat.
Selon la chaîne Kan, les deux jeunes s’étaient assis à l’extérieur de leurs habitations respectives lorsque la fusillade a eu lieu. La famille d’au moins un des garçons serait impliquée dans une querelle entre gangs criminels, a noté la chaîne, mais il est difficile de dire si les deux adolescents ont été ciblés sciemment.
La police a ouvert une enquête.
Le site d’information Ynet a indiqué que la fusillade s’était produite à environ 100 mètres du commissariat de police de Jaljulia.
La Douzième chaîne a expliqué que les adolescents avaient été amenés au commissariat de police après la fusillade par des individus non identifiés qui avaient ensuite pris la fuite. Des passants ont vu les corps des deux jeunes à l’entrée et ils ont appelé les services d’urgence, a précisé la chaîne de télévision.
Après la fusillade, Ades a été pris en charge au centre médical Meir à Kfar Saba, sans montrer de signe de vie. Hamed, pour sa part, a été hospitalisé avec de multiples blessures. Il a été opéré et il est dans un état grave.
Un responsable local a déclaré à Ynet que « si on en est à assassiner à côté d’un commissariat, cela signifie que les criminels se fichent complètement de la police ou du gouvernement. Comme on dit, il semblerait qu’un commissariat serve uniquement à boire un café ».
Darwish Rabi, à la tête du conseil municipal de Jaljulia, a estimé après la fusillade que « ce qu’il se passe aujourd’hui dans les communautés arabes a franchi toutes les lignes rouges, il n’y en a plus. C’est une guerre civile. Nous sommes sûrs qu’il n’y a plus ici ni état de droit, ni loi, ni autorité ».
Rabi a annoncé qu’une manifestation serait organisée vendredi à Jaljulia. « Nous protestons contre la violence. Nos voix doivent être entendues », s’est-il exclamé.
Des manifestations dénonçant les violences au sein de la communauté arabe sont organisées chaque semaine à Umm al-Fahm et, la semaine dernière, le dernier rassemblement a attiré environ 10 000 personnes. Une participation plus importante que d’habitude, probablement en raison des accusations de violences policières qui avaient été lancées la semaine précédente. 35 manifestants avaient été blessés et une enquête avait été ouverte par le ministère de la Justice.
Le conseil local de Jaljulia a fait savoir qu’il y aurait une grève générale dans la ville mercredi suite à la fusillade.
Rabi a dit connaître les familles des victimes.
« Le jeune garçon assassiné était un élève doué, un adolescent tranquille. C’est une victime. Cela aurait pu être n’importe quel enfant, n’importe quel homme, n’importe quelle femme », a-t-estimé.
L’une des professeures d’Ades, Nasreen Shuahanna, a déclaré qu’elle devait retrouver l’adolescent pour un cours, mardi après-midi, que le jeune avait annulé.
« Je t’aimais pour ton sens moral et pour ton excellence en sciences », a-t-elle indiqué. « Tu as été mon élève pendant trois ans. Aujourd’hui, nous devions nous retrouver dans l’après-midi mais le destin a décidé que notre rencontre serait annulée pour une raison ou pour une autre et à mon grand chagrin, je ne pourrai plus te revoir ».
« Comment vais-je pouvoir revenir alors que tu ne seras plus là ? Comment vais-je pouvoir t’envoyer des rappels au sujet de nos cours alors que tu ne te trouves plus parmi nous ? », a-t-elle ajouté.
L’un des membres de la famille d’Ades a raconté que les deux jeunes garçons venaient tout juste de quitter leurs maisons quand la fusillade était survenue et qu’ils avaient essuyé environ 20 balles à bout portant.
Les membres arabes israéliens de la Knesset ont, eux aussi, condamné l’attaque.
Ayman Odeh, président de la Liste arabe unie à majorité arabe, a déclaré : « Il n’y a pas de mots pour décrire l’ampleur de l’horreur et de la lourdeur du deuil ».
Aida Touma-Sliman, elle aussi députée de la Ligue arabe unie, a fait part de sa colère, attribuant la responsabilité de la fusillade à la fois aux criminels et au gouvernement.
« Cela brise le cœur », a déclaré Touma-Sliman, « Ce sont les mains des criminels qui sont couvertes de sang, mais il faut aussi blâmer le gouvernement et la police qui n’ont cessé de négliger nos enfants ».
Le crime organisé est largement considéré comme le moteur de la propagation des violences dans les villes et villages arabes. Les Arabes israéliens dénoncent la police qui, disent-ils, ne parvient pas à réprimer les organisations criminelles puissantes.
Netanyahu a annoncé, la semaine dernière, que son gouvernement allouerait 150 millions de shekels à la lutte contre les violences dans les communautés arabes. Les politiciens arabes et les organisations de la société civile – qui avaient espéré des milliards de plus – ont critiqué ce plan avec amertume, estimant qu’il n’était pas assez ambitieux et qu’il arrivait trop tard.