Jared Kushner : ce qu’il faut savoir sur le gendre du président, mis en difficulté
Le conseiller de la Maison Blanche est à présent au cœur de la plus grande controverse qui touche l’administration Trump : ses relations avec la Russie
JTA – Jared Kushner était autrefois salué comme la clef de l’étonnante victoire électorale de Donald Trump.
Maintenant, le gendre et conseiller du président américain est au cœur de la plus grande controverse touchant l’administration Trump : ses liens avec la Russie.
Kushner est sous le feu des projecteurs après des articles sur deux rencontres avec des personnages proches du président russe Vladimir Poutine. Les démocrates disent que son rôle à la Maison Blanche devrait être diminué. Les républicains, et surtout son beau-père, le soutiennent.
Faire face au scandale – et le surmonter – n’a rien de nouveau pour l’héritier d’un empire immobilier devenu conseiller présidentiel.
Kushner est un juif pratiquant et, comme JTA, il sera probablement déconnecté pendant la fête de Shavouot, mercredi et jeudi. Au moment de la fin de la fête juive, de nouvelles informations rendront peut-être cet article plus d’actualité.
Mais, du moins pour l’instant, voici ce qu’il faut savoir sur Jared Kushner.
Il fait l’objet d’une enquête pour ses rencontres avec des responsables russes
Kushner est à présent au centre d’une enquête cherchant à déterminer si des responsables de l’équipe Trump ont agi en connivence avec la Russie pour influencer le résultat de l’élection présidentielle américaine. En jeu, deux rencontres qu’il a eues en décembre, pendant la période de transition de l’administration Trump : l’une avec Sergueï Kislyak, l’ambassadeur russe aux Etats-Unis, et l’autre avec Sergueï Gorkov, qui dirige une banque publique russe et est proche de Poutine.
Les rencontres ont été signalées dans la presse en mars.
La semaine dernière, le Washington Post a annoncé que la rencontre avec Kislyak s’était concentrée sur la mise en place d’un canal discret de communications entre l’équipe de transition de Trump et Moscou.
Contrairement aux communications officielles avec d’autres pays, un canal discret permet d’éviter la surveillance du gouvernement américain. Kushner aurait proposé d’utiliser des installations de communication russes pour ce canal discret, qui n’a jamais été mis en place.
On ne sait pas réellement pourquoi Kushner a vu Gorkov. Le New York Times suggère que cette rencontre pourrait faire partie de la tentative de Kushner de créer une ligne directe entre l’équipe de transition et Poutine.
Un article de Reuters indique que la rencontre aurait pu porter sur la levée des sanctions américaines imposées à la Russie. La banque a déclaré en mars, dans un communiqué, que Gorkov avait rencontré Kushner en tant qu’homme d’affaires.
Questionné pour un commentaire, H. R. McMaster, le conseiller américain à la sécurité nationale, a dit aux journalistes que ces canaux discrets étaient normaux.
« Nous avons des communications par des canaux discrets avec un certain nombre de [pays] individuels, a-t-il dit. Généralement, un canal discret, c’est ce qui vous permet de communiquer de manière discrète. »
Cela pourrait être vrai, a dit l’ancien agent du FBI Frank Montoya Jr. à PBS, « mais c’est généralement quand vous êtes le gouvernement au pouvoir. »
S’il est vrai que Kushner a suggéré d’utiliser le système de communications sécurisé des Russes pour mener leurs discussions, « c’est quelque chose qui est tout simplement inadmissible pour les professionnels », a ajouté John Sipher, qui a travaillé pour la CIA en Russie et en Europe de l’Est.
Il n’a peut-être pas enfreint la loi, mais les rencontres de Kushner sont un problème pour la Maison Blanche
Comme pour de nombreuses parties de l’affaire Trump/Russie, il existe une corde raide entre « illégal » et « louche ». Personne, pour l’instant, n’affirme que Kushner ait enfreint la loi. Mais avec les suspicions qui vont bon train autour des relations de Trump avec la Russie, le fait que son gendre et plus proche conseiller soit au centre de l’enquête n’aide pas le président.
Kushner s’est vu remettre un grand nombre de responsabilités au sein de la Maison Blanche de Trump, de la restructuration du gouvernement fédéral à la conclusion d’un accord de paix au Moyen Orient. Il a été l’un des architectes du récent voyage de Trump à l’étranger, dont les visites, notamment en Arabie saoudite et en Israël, se sont déroulées sans accroc et presque sans gaffe.
Les détracteurs de Trump qui pourraient se réjouir des tribulations du gendre s’inquiètent également que cela ne le nuise car, avec son épouse, Ivanka Trump, il est décrit comme une influence modératrice sur le président.
A la Maison Blanche, Kushner aurait défendu la lutte contre le changement climatique et le soutien aux droits des personnes LGBT. Kushner a également été décrit comme une bonne influence pour réfréner les tweets et les déclarations incendiaires du président.
Kushner connaît le scandale
Si Kushner sort indemne de ce maelstrom, cela ne sera pas la première fois.
Quand il était un étudiant en droit de 24 ans, son père a été envoyé en prison pour de fausses déclarations fiscales, des dons illégaux à des campagnes électorales et des représailles contre un témoin. Kushner a repris l’affaire immobilière familiale, acheté l’Observer, un journal new-yorkais immobilier et culturel, et acheté le 666 de la Cinquième avenue pour 1,8 milliard de dollars, l’une des transactions immobilières les plus chères de l’histoire de New York. Et pendant tout ce temps, il allait toutes les semaines voir son père dans une prison de l’Alabama.
Et quand Kushner a eu des dettes après l’achat de la Cinquième avenue, il a pris une décision très Trumpienne, en renégociant agressivement ses obligations jusqu’à sauver l’investissement.
« C’est très utile pour lui qu’il soit constamment sous-estimé », a dit au magazine New York Ken Kurson, ancien rédacteur de l’Observer et ami de Kushner. Jonathan Mechanic, avocat en droit immobilier, a dit au New York que pendant les négociations de sa dette, les Kushner ont traversé des moments turbulents, et non seulement ils ont survécu, mais ils ont prospéré. »
Kushner a aussi acquis la réputation de chercher la vengeance. Il aurait poussé l’équipe de l’Observer à publier des articles négatifs sur ses concurrents, même si aucun n’a jamais été publié. Il aurait aussi banni Chris Christie, gouverneur du New Jersey, l’un des premiers soutiens de Trump, de l’administration. Dix ans plus tôt, Christie était le procureur qui a envoyé le père de Kushner en prison.
Kushner a toujours le soutien de Trump
Après les informations de la dernière semaine, le parti démocrate demande la révocation des autorisations de sécurité de Kushner jusqu’à la fin de l’enquête russe. Même si Adam Schiff, représentant de Californie et démocrate le plus important de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, n’appelle pas à cette suspension, il demande au moins un examen.
« Il faut se demander, eh bien, à qui ils cachent des conversations ? », a dit Schiff à ABC au sujet des informations sur le canal discret. « Si ces accusations sont vraies et qu’il a eu des discussions avec les Russes pour établir un canal discret et ne l’a pas signalé, c’est un vrai problème pour savoir s’il devrait garder ce genre d’autorisation de sécurité. »
Les républicains défendent cependant Kushner. Lindsey Graham, sénateur de Caroline du Sud, a dit sur CNN que les informations sur le canal discret « n’ont aucun sens » parce qu’un canal clandestin de cette sorte serait très probablement surveillé par les renseignements américains.
Bob Corker, sénateur du Tennessee et président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, a demandé que chacun réserve son jugement jusqu’au témoignage de Kushner devant le Congrès.
Quels que soient ceux qui l’attaquent et ceux qui le défendent, Kushner a toujours le soutien de son chef.
« Jared fait un super boulot pour le pays », a dit Trump dimanche soir au New York Times, dans un communiqué. « Je lui fais totalement confiance. Il est respecté par quasiment tout le monde et travaille sur des programmes qui vont faire économiser des milliards de dollars à notre pays. En plus de tout ça, et c’est peut-être encore plus important, c’est une personne très bien. »