« Je suis pro-Israël et pro-Palestiniens », dit Sanders qui veut « rassembler »
Après l'attaque de l'ambassadeur israélien à l'ONU, le Démocrate dit qu'il "fera tout" pour protéger l'Etat juif mais qu'il ne faut pas ignorer les souffrances palestiniennes
Le candidat démocrate à la présidentielle, le sénateur Bernie Sanders, a répondu dimanche aux critiques de l’envoyé israélien aux Nations unies concernant son attitude envers l’Etat juif. Il a clamé qu’il « fera tout » pour protéger Israël, tout en soulignant que cela ne signifiait pas abandonner pour autant les Palestiniens.
« Je suis pro-Israël et je suis pro-Palestiniens. Je veux rassembler les populations pour qu’enfin règne la paix dans cette région », a-t-il dit.
L’ambassadeur israélien Danny Danon avait déclaré, dimanche, que Sanders n’était pas le bienvenu au sein de l’Etat juif, le qualifiant de « menteur » et « d’idiot ignorant » après que le candidat démocrate eut qualifié le Premier ministre Benjamin Netanyahu de « raciste ».
Interrogé sur ces propos par CBS News, Sanders a déclaré que « je ne suis pas anti-Israël. Je ferai tout ce que je peux pour protéger l’indépendance, la sécurité et la liberté du peuple israélien ».
Mais, a-t-il ajouté, « ce dont nous avons besoin dans ce pays, c’est d’une politique étrangère qui non seulement protège Israël mais qui prend également en compte les souffrances des Palestiniens ».
« Il y a 70 % de chômage chez les jeunes à Gaza. Les gens ne peuvent même pas quitter le secteur, la zone, les crises majeures. Ce n’est pas tenable », a poursuivi le démocrate juif.
Sanders a cherché à se démarquer de l’administration Trump, qui a entraîné la fureur des autorités palestiniennes avec une série d’initiatives considérées comme partiales, en reconnaissant notamment Jérusalem comme capitale d’Israël, en coupant les aides apportées à l’Autorité palestinienne et en diffusant une proposition de paix considérée comme trop favorable à l’Etat juif.
Dimanche dernier, Sanders avait écrit sur Twitter qu’il n’assisterait pas à la conférence annuelle de l’AIPAC (American Israel Public Affairs Committee), puissant lobby pro-israélien, en disant qu’il était « préoccupé de la tribune offerte par l’AIPAC à des leaders exprimant leur fanatisme et s’opposant aux droits de base des Palestiniens. ».
Danon avait alors répondu que Sanders n’était pas le bienvenu à l’AIPAC.
Sanders a reconnu devant les caméras de CBS que s’opposer au lobby pro-israélien avait un coût.
« Ils ont beaucoup d’argent. Ils ont beaucoup de pouvoir », a-t-il expliqué.
Les propos de Danon condamnant un candidat leader à la présidence américaine sont exceptionnels, voire sans précédent de la part d’un responsable israélien.
Sur tous les candidats démocrates qui se présentent à la course à la présidentielle, c’est Sanders qui se montre le plus véhément sur le sujet du conflit israélo-palestinien – appelant à une approche américaine plus « juste » de la cause palestinienne.
Il a mentionné la possibilité de conditionner l’aide américaine à l’Etat juif pour exercer des pressions sur Jérusalem, afin d’amener le pays à réduire ses activités d’implantation, à lancer des pourparlers de paix avec les Palestiniens et à soulager la crise humanitaire dans la bande de Gaza.
Au cours d’un débat, la semaine dernière, il a déploré qu’Israël soit placé sous l’autorité d’un « raciste réactionnaire ».
Danon a déclaré dimanche que « quiconque se permet de traiter le Premier ministre d’Israël de « raciste » est soit un menteur, soit un idiot ignorant, soit les deux. Nous ne voulons pas de Sanders à l’AIPAC. Nous ne voulons pas de lui en Israël. »
Pour sa part, cherchant à se distinguer du gouvernement de Netanyahu, le chef du parti Kakhol lavan, Benny Gantz, a indiqué lors de la conférence de l’AIPAC, dimanche, qu’il ne permettrait pas à Israël de devenir une question bipartisane aux Etats-Unis s’il était élu Premier ministre.
L’ancien chef d’Etat-major s’est saisi de l’antipathie ostensible affichée par les candidats démocrates pour le Premier ministre israélien et pour sa politique de droite.
« Sous mon autorité, Israël ne deviendra jamais une question partisane », a-t-il dit. « Je travaillerai dans les faits avec les deux parties du spectre politique ».
Lors du débat de la semaine dernière, Sanders a noté que s’il était désigné président, il réfléchirait à relocaliser l’ambassade américaine de Jérusalem à Tel Aviv.
Netanyahu lui a apporté une réponse le lendemain, disant simplement au micro de la radio militaire que « ce que je pense de cette question, c’est qu’il a bien entendu tort ». Mais, a-t-il ajouté, « je n’interviens pas dans les élections américaines ».
Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères Israel Katz a fait preuve de moins de retenue, critiquant des propos « choquants » de la part du candidat à l’investiture démocrate.
Interrogé sur la manière dont il gérerait une présidence de Sanders, Netanyahu a indiqué qu’il s’est dressé dans le passé contre des leaders américains et qu’il pourrait le refaire à nouveau.
Netanyahu entretient une relation étroite avec le président Donald Trump, qu’il a qualifié de « plus grand ami » que Jérusalem n’ait jamais eu à la Maison Blanche. Mais sa relation avec le prédécesseur de Trump, Barack Obama, avait été plutôt tendue dans les dernières années – en particulier concernant les négociations des Etats-Unis avec l’Iran qui avaient entraîné l’accord sur le nucléaire de 2015.
Un sondage mené par le JEI (institut de l’électorat juif) non-partisan a établi que Sanders l’emporterait très largement sur Trump auprès des votants juifs si les deux candidats devaient être amenés à s’affronter.
Le démocrate socialiste auto-proclamé vaincrait Trump à 65 % contre
30 %, même si seulement 52 % des Juifs américains ont une opinion favorable de Sanders et que 45 % nourrissent une opinion défavorable à son encontre, a établi le sondage.
Trump est – de loin – bien plus impopulaire au sein de la communauté juive. 66 % des personnes interrogées ont désapprouvé ses actions à la Maison Blanche.
Sanders, qui est Juif, a passé quelques mois dans un kibboutz dans les années 1960 – une expérience qu’il a citée, dans le passé, pour affirmer son attachement à la sécurité d’Israël.
« Je suis très fier d’être juif et je suis impatient de pouvoir devenir un jour le premier président juif », avait-il dit lors d’une conférence de J-Street au mois d’octobre 2019.
« J’ai passé de nombreux mois dans un kibboutz en Israël. Je crois de manière absolue non seulement au droit à l’existence d’Israël, mais également au droit d’exister dans la paix et la sécurité. Cela ne fait strictement aucun doute », avait-il affirmé.
« Mais ce que je crois également », avait-il continué, « c’est que le peuple palestinien a le droit de vivre dans la paix et dans la sécurité, lui aussi ».
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