Jérusalem : des haredim affrontent encore la police devant un magasin de téléphonie
Les manifestants protestent contre la vente d'appareils permettant d'accéder à Internet ; Ben Gvir ordonne à la police d'enquêter sur le traitement des manifestants

Des centaines d’hommes ultra-orthodoxes ont affronté la police devant un magasin de téléphones portables de Jérusalem dimanche soir, alors qu’une manifestation contre la vente de téléphones dotés d’un accès à Internet a tourné à la bagarre.
Les manifestants qui s’étaient rassemblés dans la rue Malkhei Israel, dans le quartier de Guéoula, ont bousculé les agents qui gardaient le magasin pour tenter de le vandaliser, puis ils ont commencé à lancer du gaz poivré et des œufs et d’autres objets sur les policiers, a déclaré un porte-parole de la police.
Une personne a été arrêtée après avoir été surprise en train de lancer des œufs sur les agents. La police a finalement réussi à disperser la manifestation.
Cette manifestation était la dernière d’une série de manifestations devant des magasins de téléphones portables dans les quartiers ultra-orthodoxes de Jérusalem, où certains chefs religieux ont cherché à bloquer la vente de téléphones ou d’autres appareils qui pourraient donner aux membres de la communauté insulaire haredi un meilleur accès au monde extérieur.
Les protestations se sont multipliées ces dernières semaines, alors que les réformes menées par le gouvernement précédent – destinées à intégrer les consommateurs ultra-orthodoxes dans le marché plus large des téléphones portables – devaient entrer en vigueur. Les politiciens haredi, de retour au pouvoir dans le cadre de la nouvelle coalition de droite dure du Premier ministre Benjamin Netanyahu, ont promis d’annuler rapidement ces réformes et d’autres qui, selon eux, visaient la communauté.
À la suite de la manifestation, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, dont l’autorité s’étend à la police, a demandé au chef de la police Kobi Shabtai d’enquêter sur des vidéos qui semblaient montrer des manifestants malmenés.
Le bureau de Ben Gvir a indiqué dans un communiqué qu’il avait demandé à Shabtai de « vérifier l’affaire et d’obtenir des détails sur ce qui s’est passé ainsi qu’une évaluation complète de la situation » de la part des agents sur le terrain.
Ben Gvir, leader du parti religieux d’extrême droite Otzma Yehudit, a insisté auprès de la police sur ce qu’il considère comme un double standard dans le traitement des manifestants de gauche à Tel Aviv et des manifestants ultra-orthodoxes à Jérusalem.
Alors que les protestations contre les projets du gouvernement visant à limiter radicalement le pouvoir du système judiciaire prennent de l’ampleur, Ben Gvir s’est récemment plaint que la police devrait commencer à sévir contre les manifestants anti-gouvernement qui bloquent les routes et utilisent des canons à eau sur les manifestants indisciplinés.
« Si vous utilisez des canons à eau à Jérusalem [sur des manifestants haredi], je m’attends à ce que vous fassiez de même à Tel Aviv », a-t-il déclaré la semaine dernière.
Un haut responsable de la police a nié l’existence de deux poids, deux mesures, déclarant à la Douzième chaîne que la police de Jérusalem utilise parfois des tactiques plus lourdes en raison de la nature plus combative des manifestations qui s’y déroulent, contrairement à Tel Aviv, où les organisateurs parviennent généralement à un accord avec la police pour brièvement bloquer les routes avant de se disperser.