Jérusalem Est : un nouveau quartier juif va passer entre deux quartiers palestiniens
Le Comité de planification et de construction a autorisé un projet immobilier qui va séparer Sur Baher de Beit Safafa, compliquant les perspectives d’une solution à 2 États
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
Un service de la municipalité de Jérusalem a présenté lundi le projet – controversé – de construction d’un nouveau quartier juif, qui passerait au beau milieu d’une zone palestinienne, ce qui est incompatible avec une solution à deux États, alertent ses soutiens.
Le projet de construction de 1 400 logements dans une zone connue sous le nom d’aqueduc inférieur, au nord-ouest de Bethléem, présenté par le Comité de planification et de construction du district de Jérusalem, a été officiellement déposé.
Le nouveau quartier serait situé à cheval sur la Ligne verte, reliant les quartiers juifs de Givat Hamatos et Har Homa, à Jérusalem-Est, mais séparant les quartiers palestiniens de Beit Safafa et Sur Baher. La nouvelle construction aurait plus largement pour conséquence de séparer Jérusalem-Est de Bethléem.
Les groupes de gauche favorables à une solution à deux États soutiennent que la contiguïté entre les zones palestiniennes de Cisjordanie et de Jérusalem-Est est essentielle pour qu’un futur État soit viable.
Le gouvernement israélien considère, pour sa part, que les zones de Jérusalem situées de part et d’autre de la Ligne verte font partie de sa capitale, une et indivisible, les groupes nationalistes utilisant cet argument pour faire pression en faveur de la construction de quartiers juifs à Jérusalem-Est annexée par Israël afin d’empêcher la création d’un État palestinien.
Le maire de Jérusalem, Moshe Lion, a déclaré que le projet d’aqueduc inférieur était nécessaire pour accroitre l’offre de logements dans la capitale.
Les parties intéressées ont dorénavant 60 jours pour soumettre leurs objections au projet qui sera examiné par une sous-commission. Si cette commission approuve le plan, il sera renvoyé à la commission de district pour approbation finale.
Toujours lors de la réunion de lundi, le comité de planification et de construction du district de Jérusalem a reporté de deux semaines l’examen d’un autre projet de quartier juif à Jérusalem-Est, connu sous le nom de Givat Shaked, afin que les autorités s’assurent de l’absence d’implications négatives sur l’environnement.
Une source proche du conseil municipal a confié que le projet pourrait être officiellement déposé une fois l’examen terminé. Le quartier de 470 à 750 maisons sera situé à la limite nord-ouest de Beit Safafa, le long de la Ligne verte.
Les propriétaires des terres de Givat Shaked ont été expropriés par le gouvernement Rabin en 1995, suscitant un tollé international. Le projet a par la suite été gelé par Rabin et n’a été réactivé qu’en décembre dernier, lorsque le comité de district a donné son feu vert au projet.
Un membre de l’organisme de surveillance des implantations La Paix Maintenant a déclaré que Givat Shaked serait situé sur le dernier terrain sur lequel Beit Safafa est susceptible de se développer, étant donné que le quartier palestinien, déjà surpeuplé, est cerné de toutes parts, que ce soit par le quartier juif de Gilo au sud, un parc à l’ouest ou une zone supposés accueillir un autre quartier juif, Givat Hamatos, à l’est.
Les permis de construire pour les Palestiniens, à Jérusalem-Est, sont beaucoup plus difficiles à obtenir, ce qui a amené un nombre important de constructions illégales.
« Depuis 1967, pas un nouveau quartier n’a été prévu pour les Palestiniens [à Jérusalem-Est], alors que douze ont été établis au profit des Israéliens », a déclaré Hagit Ofran de La Paix Maintenant. « Depuis 1967, le gouvernement a autorisé la construction de quelque 57 000 logements pour les Israéliens à Jérusalem-Est. Pour les Palestiniens, 600. »
La réunion du comité de district de lundi, initialement programmée la semaine passée, avait été reportée à la demande du cabinet du Premier ministre, Yair Lapid. Les États-Unis sont en effet défavorables à ce projet et le Premier ministre souhaitait éviter que le projet controversé soit autorisé quelques jours seulement après la visite du président américain Joe Biden en Israël.
Mais la ministre de l’Intérieur, Ayelet Shaked, dont le cabinet chapeaute le comité de district, s’est opposée à un report trop important de l’audience, s’engageant à veiller à ce que le comité se réunisse une semaine après la date initiale.