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Jit : Des Palestiniens témoignent de l’horreur des émeutes meurtrières de jeudi soir

Selon les locaux, des résidents d’implantations ont saccagé des maisons, coursé des gens et menacé de revenir ; l'oncle de la victime dit qu'il est mort d'une balle dans le dos

Un Palestinien inspectant les dégâts au lendemain d'une attaque  par des résidents d’implantations extrémistes, dans le village de Jit, en Cisjordanie, le 16 août 2024. (Crédit : Reuters/X ; utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d'auteur)
Un Palestinien inspectant les dégâts au lendemain d'une attaque par des résidents d’implantations extrémistes, dans le village de Jit, en Cisjordanie, le 16 août 2024. (Crédit : Reuters/X ; utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d'auteur)

Les résidents d’implantations israéliens qui ont attaqué le village où réside Hassan Arman, Jit, en Cisjordanie, avaient un objectif simple, selon lui : « brûler, tuer ou détruire », ce qui s’est produit cette nuit-là.

Des résidents de Jit ont raconté vendredi qu’ils s’étaient cachés pétrifiés de peur alors que des dizaines de résidents d’implantations avaient saccagé leur village la nuit précédente, brûlant des maisons et des voitures et tuant un jeune homme palestinien.

Selon les habitants, plus de 100 personnes ont participé à l’attaque, dont beaucoup étaient masqués, vêtues de noir, et semblaient bien coordonnées, se divisant en groupes armés de fusils et d’autres lançant des pierres et des cocktails Molotov.

Ces émeutes ont suscité une condamnation générale, y compris au sein d’Israël et de son gouvernement.

Arman, dont la voiture a été incendiée et détruite au cours de l’attaque, a déclaré, en ouvrant la porte carbonisée de son véhicule, qu’il n’avait « jamais rien vu de tel » à Jit.

À l’intérieur, tout avait fondu, ne laissant qu’un squelette de métal déformé.

Des personnes à l’intérieur de leur maison endommagée, au lendemain d’une attaque menée par des résidents d’implantations juifs dans le village de Jit, près de Naplouse, en Cisjordanie, le 16 août 2024.(Crédit : Jaafar Ashtiyeh/AFP)

Lorsque les assaillants ont atteint sa maison, ils étaient « en uniforme complet, armés de couteaux, d’une mitrailleuse et d’un silencieux », a-t-il expliqué.

Quelques maisons plus loin, Muawiya al-Sada, 38 ans et père de cinq enfants, peinait à trouver ses mots alors qu’il se tenait au milieu des restes calcinés de son salon. Il ne restait de son canapé que le cadre en bois brûlé après que les coussins et le tissu ont pris feu.

« Après avoir brûlé la maison là-bas, ils sont venus dans cette maison, ont brisé les fenêtres et ont jeté des bombes incendiaires – des cocktails Molotov – à l’intérieur », a-t-il raconté, tandis que les éclats de verre des vitres de ses fenêtres résonnaient sous le poids de ses bottes.

Al-Sada a déclaré à Reuters qu’il s’était échappé avec sa famille avec tout juste quelques minutes d’avance. Lorsqu’il est revenu, des résidents d’implantations se seraient moqués de lui en lui indiquant qu’ils reviendront, a-t-il raconté. « Et nous vous tuerons », lui auraient-ils dit, avant de lui conseiller de se rendre en Jordanie ou en Syrie.

Al-Sada et ses voisins ont alors entendu des coups de feu dont ils ont appris plus tard qu’ils avaient causé la mort de Rasheed Seda, 23 ans.

Le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne (AP) a déclaré qu’un autre civil palestinien avait également été grièvement blessé sous les « balles des résidents d’implantations ». Selon des sources de sécurité israéliennes, on ignore qui a tiré.

Al-Sada a déclaré qu’après la fusillade, « il y a eu une brève accalmie, puis l’armée est entrée [dans le village] ».

« J’ai eu de la chance, ce n’était qu’une question de minutes d’écart entre la vie et la mort », a-t-il souligné.

Des Palestiniens inspectant les dégâts au lendemain d’une attaque par des résidents d’implantations extrémistes, dans le village de Jit, en Cisjordanie, le 16 août 2024. (Crédit : Nasser Ishtayeh/Flash90)

Nasser Seda, chef du Conseil local de Jit – et membre de la famille du défunt -, a déclaré au site d’information Ynet que Rasheed avait rejoint d’autres jeunes qui avaient tenté de repousser les assaillants.

« Si nos jeunes n’étaient pas sortis pour essayer de repousser les résidents d’implantations, le désastre aurait pu être bien plus grand », a déclaré Seda.

Le deuil dans les rues

Des foules se sont rassemblées pour les funérailles de Rasheed, vendredi, portant son corps, enveloppé dans un drapeau palestinien, à travers les rues du village.

« Une balle est venue par derrière et est ressortie de l’autre côté, et il est mort en martyr », a déclaré son oncle Muhannad Sada à l’AFP lors des funérailles.

« Ce n’est pas l’armée qui a tiré les balles, mais des résidents d’implantations », a-t-il souligné.

Des images de vidéosurveillance diffusées par un habitant ont montré des hommes masqués portant des capuches noires émergeant d’un champ, mettant le feu à une voiture et pénétrant dans une maison, avant de s’en prendre à un villageois qui tentait de les chasser.

L’armée a déclaré avoir dispersé les résidents d’implantations et arrêté un civil israélien, qui a finalement été relâché lorsqu’il s’est avéré qu’il n’était pas impliqué dans les événements.

L’AP, qui exerce une souveraineté limitée sur une partie de la Cisjordanie, a qualifié cette attaque de « terrorisme d’État organisé ».

Il n’a, pour l’heure, pas été possible de déterminer clairement ce qui avait déclenché ces violences.

Seda a déclaré que les habitants de Jit n’ont pas de problèmes avec Kedumim, l’implantation voisine, mais il a pointé du doigt les avant-postes agricoles de Gilad et de Yizhar, dont les habitants essaient délibérément de perturber la vie des habitants de Jit, selon lui.

Yossi Dagan, chef du Conseil régional de Samarie, qui représente les implantations israéliennes du nord de la Cisjordanie, a déclaré que les extrémistes qui se sont déchaînés à Jit n’étaient pas, pour la plupart, des résidents d’implantations originaires de sa région.

« Nous savons qu’il s’agit d’un groupe WhatsApp de jeunes marginaux et violents, dont la plupart ne sont même pas originaires de Samarie. Je les méprise, comme la plupart des habitants du pays », a-t-il déclaré vendredi à la radio Kan.

Le président Isaac Herzog et le Premier ministre Benjamin Netanyahu ont tout deux condamné cette attaque, qui a suscité une large condamnation de la part de la communauté internationale, notamment des États-Unis, des Nations unies, de la France, de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne.

Ce « grave incident » a également été condamné par le ministre d’extrême droite des Finances, Bezalel Smotrich, qui vit à Kedumim. Les politiciens locaux de l’implantation ont également condamné l’attaque.

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a imputé ces émeutes aux politiques du ministre de la Défense Yoav Gallant et du chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, mais a tout de même déclaré que la lutte contre le terrorisme était du seul ressort de l’armée, indiquant qu’il considérait le lynchage comme une action civile de contre-terrorisme.

Une maison incendiée par des résidents d’implantations masqués dans la localité palestinienne de Jit, en Cisjordanie, le 15 août 2024. (Crédit : Capture d’écran X ; utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Ces violences sont survenues à un moment délicat pour la région, alors que les négociateurs ont passé deux jours au sommet de Doha à tenter de conclure un accord de cessez-le-feu à Gaza en échange de la libération d’otages enlevés le 7 octobre par le groupe terroriste palestinien du Hamas, et ce faisant, d’étouffer les menaces d’attaque d’Israël par l’Iran et ses mandataires.

Les tensions en Israël et en Cisjordanie sont montées en flèche depuis le 7 octobre, date à laquelle des terroristes ont fait irruption en Israël par la frontière de Gaza dans le cadre d’un pogrom perpétré par le Hamas, tuant près de 1 200 personnes et prenant 251 otages de tous âges, et commettant de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.

Depuis le 7 octobre, les troupes ont arrêté quelque 4 850 Palestiniens recherchés en Cisjordanie, dont plus de 1 960 affiliés au Hamas.

Selon le ministère de la Santé de l’AP, plus de 630 Palestiniens de Cisjordanie ont été tués au cours de cette période. Tsahal affirme que la grande majorité d’entre eux étaient des terroristes armés tués lors d’échanges de tirs, des émeutiers qui se sont heurtés aux troupes ou des terroristes qui menaient des attaques.

Les forces de sécurité et des militants pacifistes israéliens qui aident des Palestiniens à planter des oliviers dans le village de Burin, à proximité de l’avant-poste de Givat Ronen, en Cisjordanie, le 4 février 2022. (Crédit : Jaafar Ashtiyeh/AFP)

Au cours de la même période, vingt-six Israéliens, dont des membres des forces de sécurité, ont été tués dans des attaques terroristes palestiniennes en Israël et en Cisjordanie. Cinq autres membres des forces de sécurité ont été tués lors d’affrontements avec des terroristes en Cisjordanie.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), il y aurait eu environ 1 250 attaques de résidents d’implantations israéliens contre des Palestiniens depuis le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre, soit environ quatre par jour.

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